Montpellier / Patrick Gilli : « L’Atrium est un changement de pied pour l’université Paul Valéry »


Mardi, la pose de la première pierre des différents chantiers qui préfigurent le changement de visage de l’université Paul-Valéry devait de manière symbolique et festive acter cette transformation importante. Si le personnel de la bibliothèque interuniversitaire s’est fait entendre durant toute la cérémonie, Patrick Gilli, président de l’université Paul-Valéry regrette cette intrusion et rappelle les enjeux de l’apport des humanités numériques pour l’université.

L’Atrium représente t-il un renouveau pour l’université Paul-Valéry ?

Plus qu’un renouveau, c’est un changement de pied. C’est une bibliothèque, qui dans la terminologie actuelle est un learning center, dans laquelle il y aura tous les fonds documentaires de l’actuelle bibliothèque mais en plus des services notamment autour de l’innovation numérique et de l’innovation pédagogique. On y a mis aussi des services d’accueil pour la formation continue, pour l’orientation des étudiants, pour les étudiants en situation de handicap… Ce sera une des portes d’entrée de l’université.

Est-ce une nécessité pour une université de Lettres d’avoir ce passage dans le XXIe siècle avec les humanités numériques ?

C’est plus qu’une nécessité, c’est un enjeu existentiel. Le pari que l’on fait en transformant le campus, pas exclusivement mais autour des humanités numériques, c’est de dire que les lettres, les sciences humaines et les sciences sociales vont dialoguer encore plus intensément avec la société. Et elles vont surtout offrir à nos étudiants, en complément du disciplinaire classique, des compétences qui seront un plus dans leur parcours professionnel : les bases de données, les ontologies, toute la gestion des outils numériques… Ce sera la marque de fabrique de l’université Paul-Valéry. Tout étudiant à l’avenir aura dans son bagage, à la fois une forte compétence disciplinaire qu’il vient chercher prioritairement mais aussi des compétences autour de tout ce que l’on appelle les humanités numériques.

Est-ce qu’il y a une volonté affirmée de changer l’image de l’université Paul-Valéry ?

Depuis le début du mandat, c’est ce que l’on veut faire : une université ouverte, qui dialogue avec son environnement, avec les entreprises. L’université continue la recherche fondamentale, parce que c’est son ADN, mais elle essaie de trouver des solutions aux défis sociétaux en dialoguant avec les partenaires.

Le personnel de la bibliothèque interuniversitaire a exprimé sa colère tout au long la cérémonie, qu’est-ce que vous leur répondez ?

Je trouve cela d’une très grande tristesse. On a voulu une inauguration symbolique de toutes ces opérations qui ne sont pas dans le même phasage. On parle là d’un investissement de l’État et de la Région de près de 100 M€. On n’a pas tous les jours de tels investissements. Venir essayer de saborder cette cérémonie joyeuse par des slogans en permanence à cause de quelques postes que nous avons suspendu. Ce sont des postes de bibliothécaires que nous n’avons pas remis au concours mais qui seront remis l’an prochain. Nous avons mis des contractuels à la place. Venir saborder une cérémonie pour quelques postes n’est pas à la hauteur des enjeux. Rien qu’Atrium c’est presque 60 M€. Que voulait-on ? Que sous prétexte que le budget de ressources humaines est contraint on renonce à ouvrir un bâtiment comme cela qui va engager l’avenir et que nous restions dans un bâtiment qui est en partie inadapté en particulier pour les personnes en situation de handicap ? Donc il faut prendre un peu de hauteur et là je trouve que c’est un peu triste.

Est-ce qu’une réflexion sera engagée sur le personnel de l’université ?

Cela a déjà commencé. Nous avons commandité des audits pour faire le point et identifier les problèmes. Si les postes ont été suspendus c’est parce que la bibliothèque interuniversitaire était en déficit et il a fallu que l’on prenne des décisions. On a commencé par suspendre la campagne d’emploi mais ensuite on remettra les postes bien évidemment. Mais il faut que l’on mesure toutes les actions à prendre en matière d’organisation interne pour nous remettre dans l’équilibre.

Le 17/04/2019 à 12:00, par Cédric Nithard.