Athlétisme / Euro : pourquoi le Montpelliérain Kevin Mayer a échoué au décathlon ?

16/08/2022 à 10:03

Le Français Kevin Mayer (D), juste avant son abandon lors de la première épreuve du décathlon, aux championnats d'Europe d'athlétisme de Munich, le 15 août 2022.
Le Français Kevin Mayer (D), juste avant son abandon lors de la première épreuve du décathlon, aux championnats d’Europe d’athlétisme de Munich, le 15 août 2022. (©AFP/ANDREJ ISAKOVIC)

Son décathlon a tourné court après moins de 100 mètres : trois semaines après l’or mondial, le Montpelliérain Kevin Mayer a échoué lundi dans sa « mission impossible » d’un doublé aux championnats d’Europe d’athlétisme, en abandonnant lundi dès la première épreuve après une alerte musculaire à une cuisse.

Kevin Mayer, 30 ans, avait annoncé la couleur avant son entrée en lice à Munich : le défi inédit d’enchaîner deux décathlons, et idéalement or mondial et européen, en trois semaines était alléchant. Mais il ne « prendrait pas de risque à la moindre alerte physique », avait ajouté le Montpelliérain, lui qui est habitué à se concentrer sur un seul décathlon par saison et dont le tendon d’Achille l’avait tracassé jusqu’un peu avant les Mondiaux à Eugene (Etats-Unis).

À lire aussi

« Si je fais le 100 m et que je ne fais pas de grimace, normalement c’est très bon signe. Vous êtes prévenus », avait lancé le double vice-champion olympique (2016 et 2021) et double champion du monde (2017 et 2022) samedi.

Lundi matin, le rictus redouté est apparu sur le visage de Mayer autour des 70 mètres, quand il a coupé son effort, main sur sa cuisse. Quelques instants plus tard, il saluait de la main le public du stade olympique de Munich et expliquait à même la piste s’être « arrêté avant de se blesser ». En cause, un muscle de sa cuisse gauche (le grand adducteur précisément) abîmé il y a quatre mois pendant un exercice de musculation. « J’arrivais à le gérer » mais, « malheureusement, quand tu fais un « déca » au niveau et avec l’intensité de celui de Eugene, ça se réveille », a-t-il constaté.

À lire aussi

« Je voulais me donner une chance »

« Je savais que c’était mission impossible, a-t-il commenté. Je me donnais toutes les chances de vivre encore un gros moment parce que, peu importe les peurs que ça peut générer, peu importe le stress que ça génère, sur la piste je m’éclate tellement ! Je voulais me donner une chance d’y arriver, je n’ai pas réussi, ce n’est pas grave : je suis champion du monde, j’ai réussi ma saison, ce qui était inespérée vu mes blessures ».

« J’avais un centième pour décider : je continue et ça peut péter ou j’arrête, a poursuivi le Montpelliérain. À ce centième-là, je me suis dit « Kev », t’es déjà champion du monde, tu vas galérer pendant toutes tes vacances au lieu de te reposer tranquille. Cela aurait foutu la merde pour les saisons d’après, ce n’est vraiment pas ce que je veux. Ce n’était qu’un bonus ».

« À un moment donné, on ne peut pas avoir les yeux plus gros que le ventre, il faut aussi être raisonnable, a encore argué Kevin Mayer. Là, mon tendon d’Achille, je ne le sens pas, j’ai arrêté avant que ça pète à l’adducteur, ce n’est vraiment pas des grosses blessures. Ça me met vraiment en confiance pour l’année d’après ».

À lire aussi

Mondiaux de 2023, JO 2024

En ligne de mire pour le détenteur du record du monde du décathlon, les Mondiaux-2023 à Budapest et, surtout, les JO 2024 à Paris. Avec son abandon, c’est en tout cas un des principaux espoirs d’or européen qui s’envole pour les athlètes bleus en Bavière, au premier jour de compétition dans le stade olympique de Munich. Et la plus haute marche du podium continental continue de se refuser à Mayer : médaillé d’argent en 2014 à Zurich, il avait perdu tout espoir de monter dessus après trois essais mordus au saut en longueur, la deuxième des dix épreuves, en 2018 à Berlin.


MÉTROPOLITAIN