Montpellier : une conférence pour sensibiliser les athlètes à la mort subite


Mercredi 17 avril se tiendra de 19h30 à 21h à l’amphithéâtre de la faculté de Pharmacie de Montpellier la conférence « Cardiopathies et mort subite chez l’athlète ». Parrainée par le joueur du MHSC Souleymane Camara, d’autres sportifs montpelliérains comme Caroline Boujard du MRC ou le champion du muay-thaï Jimmy Viennot apportent leur soutien à la soirée. Outre les témoignages d’athlètes et les conseils de spécialistes, une tombola est organisée avec des maillots à dédicacer (Camara, Hilton, Mbappé, Toletti…).

Si, comme le parrain de la soirée, Marine Collin, l’organisatrice de la conférence, n’a pas de problème cardiaque, elle y fut toutefois confrontée : « Une tumeur au cœur a été découverte sur un jeune que j’encadre lors des examens pour l’entrée au centre de formation du MHSC. Depuis il s’est fait opéré et à pu après quelques mois de convalescence reprendre son activité telle que le football et continuer de croire en ses rêves ».

En France, il y a environ, 1200 à 1300 morts subites recensées, chiffre probablement sous-estimé, avec une majorité d’hommes (9/10). Dans près de 90% des cas, l’origine est une maladie cardiovasculaire qui peut toucher un sujet jusqu’ici sain, se pensant invulnérable. « Le but de cette conférence est de sensibiliser le grand public (enseignants, chercheurs, joueurs, éducateurs, parents, médecins), prévenir les risques, tout sports confondus » explique Marine Collin. L’étudiante en Master Staps a organisé cette conférence dans le cadre de son diplôme d’entraîneur de football.

Stéphane Cade, cardiologue du sport à la Clinique du Millénaire de Montpellier et président du Club Languedoc Roussillon Cardiologie du Sport, animera la conférence. L’occasion de parcourir le sujet avant la soirée.

Les sportifs sont-ils bien informés des risques d’accident cardiaque ?

Oui mais je ne suis pas certain à 100 % qu’ils soient réceptifs. Ils sont au courant qu’il peut y avoir des problèmes mais un sportif ce sent souvent invulnérable, toujours sain et, finalement, ne se pose jamais la question. Quand on est jeune et que l’on fait du sport à un bon niveau, on ne peut pas s’imaginer avoir un problème cardiologique. Souvent quand on leur explique qu’il peut y avoir un problème, ils tombent des nues s’il n’y a pas eu de symptôme. Un sportif ne peut pas s’imaginer être malade. C’est pour cela qu’il y a un contraste entre ce que nous on dépiste et ce que lui ressent.

Selon vous, est-ce que les clubs professionnels ont bien conscience de ces risques et ont-ils tout mis en place ?

Ce ne sont peut-être pas les clubs qui l’ont mis mais les fédérations. Dans tout ce qui est sport professionnel c’est respecté car c’est obligatoire. C’est plus ou moins détecté car il y a un bilan cardiovasculaire complet avec électrocardiogramme, échographie, épreuves d’effort… qui est dans la loi. Pour les sports collectifs, il y a l’obligation d’avoir un bilan complet. Eux ne sont finalement pas trop mal encadrés. Ce qui est plus difficile, ce sont les sports non professionnels et de loisirs où il n’y a pas toute cette batterie d’examens qui permettent de dépister les petits problèmes qui sont difficiles à trouver.

Que doivent faire les sportifs amateurs pour se prémunir ?

Pour les jeunes sportifs, on préconise de faire un examen cardiaque, un bon interrogatoire et un électrocardiogramme. Ce dernier est recommandé mais pas obligatoire contrairement au sport professionnel. Après il faut être attentif aux symptômes d’alerte comme des douleurs à la poitrine, des palpitations, des malaises, l’essoufflement… que bien souvent on néglige et qui peuvent se révéler plus importants.

Tout cela peut arriver pour d’autres raisons (crise d’hypoglycémie, malaise vagal…) quand on fait du sport, comment déterminer s’il y a un vrai risque ?

C’est là toute la difficulté avec ces symptômes. Mais il ne faut surtout pas les masquer quand on va voir son médecin. Des fois on va négliger un symptôme et a posteriori on se rend compte que l’on n’aurait pas dû. Il n’y a pas de recette miracle et c’est souvent une affaire de chance si le sport en parle ou non.

D’autant qu’il y a ce paradoxe d’être malade de trop faire de sport.

C’est un paradoxe qui est actuellement à la mode. Mais ce n’est pas le message qu’il faut faire passer. C’est plutôt l’inverse. Généralement, on fait du sport et c’est plutôt une bonne chose. Après, avec une pratique trop intense, sur le plan traumatologique, on voit plus de tendinites, de lésions musculaires… Mais sur le plan cardiovasculaire et sur le long terme, c’est bénéfique pour la santé. Il y a des choses qui sortent en ce moment disant que trop de sport serait délétère même pour le coeur. C’est loin d’être démontré et pour l’instant c’est plutôt l’inverse.

Est-ce qu’il y a des sports plus touchés que d’autres ?

On constate le plus d’accidents cardiovasculaires en cyclisme et en natation mais ce sont deux sports où il y a le plus d’adhérents. Globalement, il n’y a pas de sports plus à risque que d’autres.

Calendriers chargés, entraînements, déplacements, pression… Existe t-il un problème dans la charge sportive imposée aux sportifs professionnels ?

Il y a peut-être un problème mais qui impacterait plus le plan traumatologique, la sollicitation musculaire, articulaire et tendineuse dans les efforts répétés. Sur le plan cardiologique, les sports collectifs, comme le handball par exemple, sont sollicitant mais pas tant que ça. Dans des épreuves répétées comme le triathlon, là cela peut poser des soucis car il s’agit d’efforts plus prolongés. Sur certains enchaînements de courses, le corps n’a pas eu le temps de récupérer. En ce moment, c’est plutôt dans ce genre de sports d’ultra endurance, avec des Iron Man et des courses folles qui se multiplient, que l’on commence à avoir des signes d’alerte.

Que est le message que vous souhaitez faire passer notamment à travers la conférence ?

Il faut sensibiliser à faire un bilan médical régulier surtout quand on reprend une activité physique. Il faut être alerté sur les symptômes. On insiste vraiment sur les douleurs thoraciques, les palpitations, les malaises… Il ne faut pas les négliger. Et quand il y a une modification dans son entraînement, comme une fatigue inhabituelle et inexpliquée par des événements extérieurs, cela doit alerter. Il ne faut pas hésiter à consulter. Après, il faut lutter contre les facteurs de risque comme le tabagisme. Un sportif doit avoir une hygiène de vie adaptée.

> Conférence Cardiopathies et mort subite chez l’athlète. Mercredi 17 avril de 19h30 à 21h. Amphithéâtre de la Faculté de Pharmacie de Montpellier, 15 Avenue Charles Flahault, Montpellier. Entrée libre. En savoir plus et s’inscrire. Page Facebook de la conférence.

Le 16/04/2019 à 21:00, par Cédric Nithard.