On le sait, ce n’est pas l’amour fou entre le socialiste Michaël Delafosse et la NUPES représentée au conseil de la Métropole de Montpellier par Alenka Doulain et Clothilde Ollier. Nouvel épisode ce jeudi 30 mars, où, suite à deux interruptions par le président, les deux élues ont choisi de quitter l’hémicycle. Un psychodrame présenté comme « un simulacre de démocratie ».
Après la présentation de l’affaire 1 (14’55) portant sur le rapport des objectifs de la Métropole en matière de développement durable avec parmi les actions phares la mise en place de la ZFE. Alenka Doulain voulant revenir dans les détails sur celle-ci est interrompue par Michaël Delafosse lui demandant de rester sur l’ordre du jour à savoir la présentation du rapport.
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Dans la foulée, avec l’affaire 2 (16’15) sur les Autorisations de Programme et Crédits de Paiements, soit la validation budgétaire des grands projets, l’élue d’opposition souhaitait évoquer « une ligne qui n’est pas mentionnée, qui pose un vrai problème et n’est pas assumée par votre majorité qui est le financement du nouveau stade par de l’argent public ». Même sanction par le président qui la coupa pour lui rappeler de se conformer à l’ordre du jour en citant Karl Marx : « La procédure est le meilleur allié de la démocratie ». Et de l’inviter à formuler ses questions durant d’autres affaires en lien avec ces deux sujets ou en fin de conseil.
Une heure plus tard, le temps de pouvoir intervenir après l’affaire 3 et la présentation dans le détail du budget primitif 2023 (1’26 »31), Clothilde Ollier cite à son tour Karl Marx : « C’est dans la pratique que l’homme prouve sa vérité » et d’enchaîner le ton grave : « Votre pratique du pouvoir nous rappelle celle d’Élisabeth Borne et son 49.3, sans débats, sans échange. Après avoir rompu le dialogue avec les associations et les habitants, aujourd’hui vous empêchez Madame Doulain de s’exprimer sur des dossiers qui visiblement vous posent problèmes comme la ZFE ou la subvention au stade. Nous prenons acte. Les Montpelliérains vous jugeront ».
Le temps pour Michaël Delafosse de lui adresser un insipide « Merci de la brièveté de votre intervention », que les deux femmes avaient ramassé leurs affaires et quitté l’hémicycle s’évitant les deux heures suivantes du conseil. Un acte de rébellion accompagné par quelques rires de leurs collègues.
Quelques minutes plus tard, répondant aux questions sur le budget que lui adressa l’élu d’opposition Abdi El Kandoussi, Renaud Calvat, délégué aux finances, fit une aparté sur l’épisode : « Même si je suis en désaccord avec ce que vous avez dit je vous remercie d’avoir parlé des sujets qui concernent la métropole dans votre intervention ». Le premier vice-président s’adresser sèchement aux deux absentes : « L’ensemble des maires et des élus représentants les villages et la ville centre de Montpellier, ici, personne n’est sensible aux effets de manche. Quand on rentre dans cette salle, nous nous occupons du destin de 500 000 habitants résidant dans 31 communes. Nous ne sommes pas ici pour faire un effet de manche pour un petit moment de gloriole. Ce que nous faisons ici est responsable, cela impacte la vie de nos concitoyens pour les vingt prochaines années et cela dépasse largement nos petites personnes et même nos mandats actuels ».
Une mise au point du maire de Jacou, socialiste qui s’était opposé à la NUPES lors des législatives, pour rappeler que la politique était rarement la bienvenue dans le fonctionnement de la métropole. D’ailleurs, le maire de Grabels René Revol, bien qu’Insoumis, reste loin de ces polémiques préférant le travail important mené sur la gestion de l’eau et de l’assainissement pour la collectivité.
Durant ce conseil, Alenka Doulain ne fut pas la seule à subir ces formes de rappels au règlement de Michaël Delafosse. Stéphanie Janin dont la question sur le PLUI n’entrant pas dans le cadre de l’affaire 25 sur une modification du PLU de Castelnau-le-Lez fut renvoyée aux questions diverses en fin de conseil durant lesquelles Coralie Mantion lui répondit.
Un peu plus tard, Laurent Jaoul, lors de la présentation de l’affaire 59 traitant de la subvention au Trophée Taurin, fut lui aussi interrompu lorsqu’il voulu revenir sur la manifestation de défense de la ruralité déroulée le 11 février dernier à Montpellier. Avec roublardise, le maire de Saint-Brès, remerciant au passage Michaël Delafosse d’avoir autorisé la battue de sanglier, eut tout de même le temps de faire passer son message en rappelant qu’il demandait « simplement à ce que l’on nous foute la paix ».
Le groupe MUPES n’a ensuite pas tardé à réagir dans un communiqué de presse en estimant que : « Censurer l’opposition à deux reprises, alors que celle-ci demande des comptes sur la sincérité du budget de la métropole est inquiétant. Au moment où la Chambre Régionale des Comptes alerte sur le montant des dépenses engagées, c’est d’autant plus inacceptable. Cette pratique autoritaire du pouvoir est le signe d’un homme qui s’enferme. L’absence de concertation traduisait déjà un manque d’écoute des habitants et des associations. Aujourd’hui une étape de plus est franchie : l’opposition est empêchée dans son travail ».
L’enseignant Michaël Delafosse, dans son rôle de président de la métropole, a certainement manqué de pédagogie, préférant le respect de la procédure, face à l’insoumission des deux élues rebelles. Une position ensuite exploitée sur les réseaux sociaux par le groupe NUPES de Montpellier et Nous Sommes qui dénoncent « un simulacre de démocratie ». Au final, un psychodrame, stratégie tapageuse d’une opposition qui s’expose elle aussi à l’affirmation de Clothilde Ollier : « Les Montpelliérains vous jugeront ». Du moins ceux que cela intéresse encore…