Le budget primitif 2023 de la Métropole de Montpellier a été présenté lors du conseil se déroulant ce jeudi 30 septembre. Un budget s’élevant à 1 569M€ que Renaud Calvat, délégué aux finances, qualifie malgré le contexte d’« ambitieux » et d’« optimiste ». Si le dynamisme économique a été mis en avant, la gestion des déchets est encore une source d’alerte. La collectivité reste malgré tout confiante quant à sa feuille de route dont le point d’orgue cette année sera l’application en décembre de la mesure de gratuité dans les transports en commun pour les habitants de la métropole.
Le budget primitif 2023 de la collectivité s’élève à 1 569M€ dont 986M€ de dépenses affectées aux politiques publiques comprenant 456M€ d’investissements. Des dépenses, définissant les priorités de la collectivité, réparties entre les mobilités douces et alternatives (305M€, 31%), les mobilités routières (169M€, 17%), le développement économique (58M€, 6%), la GEMAPI (35M€, 4%), la préservation de l’environnement comprenant la gestion des déchets (155M€, 16%), la culture et le sportif (127M€, 13%), les solidarités (64M€, 6%) et les fonctions supports (73M€, 7%). « Chaque euro est dépensé utilement pour le service public et nos priorités », a souligné Renaud Calvat.
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Un budget qui s’inscrit dans « un contexte difficile » que le délégué aux finances qualifie néanmoins d’ »ambitieux » mais également d’ »optimiste » en expliquant : « Nous commençons à voir les résultats de nos politiques en faveur du développement économique. La principale fiscalité de la Métropole de Montpellier provient de la fiscalité économique. Nous accompagnons le tissu économique depuis trois ans et nous en voyons les résultats ».
Hind Emad, déléguée au Développement économique et numérique, détaille : « Nous menons une véritable stratégie claire autour des filières clés de notre territoire : le numérique, la santé à travers MedVallée (ndlr : 7M€ d’investissement en 2023), les ICC, le vin et les énergies renouvelables. L’investissement fort est un signal qui permet de mettre en confiance et accompagner les acteurs économiques mais cela ne se fait pas sans axes prioritaires tels que la souveraineté, la relocalisation, la transition des modèles économiques ou le rayonnement ».
Illustration de ce dynamisme économique, les recettes du versement mobilité, taxe payée par les entreprises de plus de dix salariés, ont augmenté de 10M€ par rapport à 2022 pour dépasser les 115M€ cette année. « C’est une recette vertueuse puisque, obligatoirement, elle est affectée à de la mobilité collective. Ce qui veut dire qu’aujourd’hui, l’ensemble des dépenses de fonctionnement de la TaM, gratuité y comprise, est financé par cette juste redistribution des richesses produites sur le territoire par les entreprises » souligne Renaud Calvat.
Si le délégué aux finances se réjouit, il pointe toutefois « des difficultés à venir. La question des déchets est cruciale ». François Vasquez, délégué à la Collecte, tri, valorisation des déchets et Politique zéro déchet, a insisté sur le déploiement dans dix communes, dans le cadre de la stratégie zéro déchet, du volet consacré aux bio-déchets avec l’installation de points d’apport volontaire et des solutions individuelles pour composter. « Ils représentent presque la moitié des déchets de la poubelle grise. Il faut les extraire impérativement si nous ne voulons pas avoir des désagréments financiers colossaux » a-t-il alerté sans manquer comme toujours de volontarisme : « On va vraiment mettre tous les moyens pour la réussite. C’est essentiel. Cela concernera 35 000 habitants pour ces dix communes. Le relai se fera l’année prochaine pour l’intégralité de la métropole et la ville de Montpellier. C’est un défi capital. Il est unique en France. Nous planifions des moyens exceptionnels. Mais si nous n’arrivons pas à extraire de manière conséquente les 15 à 20 000 tonnes avant 2025, je crains que la facture ne soit trop salée pour les deniers de la métropole ». Et de ressasser une nouvelle fois la fermeture du troisième casier de Castries par la précédente mandature impliquant des coûts d’exportation de 25M€ sur un budget de fonctionnement de 88M€.
Renaud Calvat, qui évolue à 5M€ le coût supplémentaire dans trois ans de cette exportation, met par ailleurs en évidence la difficulté principale de l’exercice : « La Cour des Comptes ne nous autorise plus à financer les déchets par le budget général, elle demande à ce que les recettes sur les déchets financent la gestion des déchets. Nous avons une des Taxes d’Enlèvement des Ordures Ménagères (TEOM) les plus élevées de France et il faudra que sa recette finance la dépense. Chaque décision qui sera prise ici aura un impact sur la taxe foncière de nos concitoyens. C’est une alerte réelle, nous devons réussir cette politique de réduction de nos déchets ».
Le délégué aux finances appelle également à la vigilance : « Nous devons faire attention à l’augmentation de nos dépenses ». La collectivité enregistre en effet 75M€ d’augmentation de son budget de fonctionnement par rapport à 2022 dont plus de 20M€ de hausse des énergies et 3,5M€ dus à la gratuité des transports. Les recettes de fonctionnement également en hausse de 75M€, permettent toutefois un équilibre grâce à 53M€ de recettes fiscales supplémentaires. « Nous n’augmentons pas les taxes des ménages en revanche les taxes sur les Airbnb ou les logements vacants commencent à porter leurs fruits en terme budgétaire » a précisé Renaud Calvat.
Enfin, si les trois piliers de la stratégie financière de la Métropole, à savoir une capacité de désendettement à 10,6 ans, un taux d’épargne à 12,1% et une épargne stable par rapport au BP2022 de 80M€ restent stables, dans les rangs de l’opposition, Abdi El Kandoussi s’est notamment inquiété : « L’épargne nette baisse de 12,06%, la capacité d’endettement augmente de 6%, vous prévoyez 10,6 années d’endettement pour le BP 2023, nous étions à 4,5 années d’endettement en 2020. L’endettement de la métropole explose. Normalement dans cette situation on cherche à faire des économies. Aujourd’hui, on laisse filer l’endettement ». Michaël Delafosse lui exposera sa vision : « Nous n’avons jamais caché que nous emprunterions pour financer. Notre engagement est de ne pas dépasser les douze d’endettement. La Métropole de Nice est à 19 ans. Nous investissons car nous sommes aidés pour nos projets, 66M€ viennent d’ailleurs de notre budget pour les financer ».
Pour Renaud Calvat, la feuille de route de la collectivité suit son chemin. « Si on continue comme ça en 2024, on réalise la PPI. Mais l’exercice que nous avons mené avec chaque président, pour faire attention à chaque dépense, sera renouvelé l’année prochaine ». Un impératif quand on gère les finances publique, devenu une nécessité dans un contexte où l’international pèse autant.