Hérault : Édouard Philippe poursuit l’enracinement local d’Horizons


L'ancien Premier ministre Édouard Philippe était de passage à Montpellier ce mercredi 14 décembre.
L’ancien Premier ministre Édouard Philippe était de passage à Montpellier ce mercredi 14 décembre. (©CN / Métropolitain)

Invité la veille à intervenir lors de la cérémonie des Masters de La Lettre M, Édouard Philippe était à Montpellier ce mercredi matin. « Quitte à être ici autant en profiter pour voir des amis » précise l’ex-Premier ministre qui poursuit l’enracinement local de son parti Horizons en rencontrant une vingtaine de maires de l’Hérault. Après l’élection ce week-end d’Éric Ciotti à la tête des Républicains, l’ancien résident de Matignon, qui vise désormais l’Élysée, prévient : « Je ne suis pas là pour récupérer des gens déçus de LR ».

Échange républicain et cordial avec Michaël Delafosse

Après avoir lancé son parti, Horizons, en 2021, Édouard Philippe continue de le structurer localement. L’actuel maire du Havre profite donc de chaque déplacement pour essaimer et rencontrer les fidèles comme ce mercredi matin à Montpellier avec le maire de Saint-Georges-d’Orques Jean-François Audrin, nommé récemment référent héraultais d’Horizons qui avait réuni une vingtaine d’élus.

Une matinée débutée par un détour afin d’échanger avec Michaël Delafosse. « Il était poli et normal d’aller rendre visite au maire de Montpellier alors que j’étais sur ses terres » confie Édouard Philippe. Pas question de voir dans cet « échange républicain et cordial » une tentative d’hameçonnage. « Il n’y a aucune espèce d’ambigüité. Ce fut un échange presque amical. Nous ne sommes pas d’accord sur tout mais on s’entend bien. Cela n’empêche pas de se rencontrer et de s’estimer » loue-t-il.

Avec une vingtaine d’élus de l’Hérault

Plus tard, devant une vingtaine d’élus de l’Hérault réunis au Terminal, Édouard Philippe a expliqué avoir eu « des échanges sur nos fonctions de maire, l’environnement dans lequel nous exerçons ces responsabilités politiques et discuté de la situation et de la politique nationale car les maires sont très enracinés et à la manoeuvre sur le développement de leur commune mais sont aussi très intéressés par ce qu’il se passe en France. Et il n’y a pas meilleur moyen de sentir ce qu’il se dit un peu partout en France que de rencontrer à intervalle régulier des maires car ils sont au contact de la réalité ».

Le sénateur Jean-Pierre Grand, le maire de Saint-Georges-d'Orcques et référent héraultais d'Horizons, avec Édouard Philippe.
Le sénateur Jean-Pierre Grand, le maire de Saint-Georges-d’Orcques et référent héraultais d’Horizons, avec Édouard Philippe. (©CN / Métropolitain)

Parmi les élus à venir écouter l’ex-Premier ministre, les maire de Saint-Jean-de-Védas François Rio, de Vendargues Guy Lauret, de Montaud Joël Raymond, de Lamalou-les-Bains Guillaume Dalery ou encore le sénateur Jean-Pierre Grand. Également présent, le maire de La Grande-Motte Stephan Rossignol également référent héraultais des Républicains qui avec six autres élus régionaux a annoncé ce dimanche quitter le groupe Occitanie Courageuse pour créer ce jeudi lors de l’assemblée régional le groupe Nous Occitanie.

« Je ne suis pas là pour récupérer des gens déçus de LR »

L’élection d’Eric Ciotti à la tête des Républicains ne satisfait en effet pas tout le monde au sein de sa famille. Édouard Philippe commente : « Ce qui me frappe c’est que l’esprit qui avait présidé à la création de l’UMP en 2002 – et je m’en souviens bien car j’en étais le directeur général quand Alain Juppé en est devenu le président – était plutôt une logique de très vaste rassemblement avec les composantes traditionnelles de la droite et du centre qui se disaient qu’elles devaient trouver les façons de concevoir et de porter un projet commun si elles voulaient pouvoir peser sur le sort du pays ». Soit unir la droite face à une gauche divisée pour en faire une machine à gagner. Cette droitisation annoncé des Républicains ne le convainc donc pas :  » Ce que je constate encore aujourd’hui – car c’est un phénomène continu, de plus en plus rapide et regrettable – c’est que l’on est passé d’une logique de grand rassemblement à une logique de petit rétrécissement. Dès lors que l’on ne pense pas comme la ligne dominante on est perçu comme pas vraiment de droite. Ce rétrécissement à la fois partisan, idéologique et peut-être sociologique, ne me paraît pas être de nature à permettre de préparer dans de bonnes conditions la suite ».

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En ne manquant pas d’observer : « C’est une stratégie et un choix de la direction de LR que je constate et qui a l’air de poser problème à beaucoup de monde qui peuvent trouver ailleurs des ambiances plus détendues, plus accueillante, plus ouvertes et plus promptes à la réflexion politique et stratégique qu’au positionnement et aux postures ». Si certains élus LR ont déjà exprimé leur intention de rejoindre Horizons, Édouard Philippe prévient : « Je ne suis pas là pour récupérer des gens déçus de LR. Je suis là avec des amis pour construire quelque chose. Nous sommes dans une logique positive et pas de récupération de frustration. Je construis avec beaucoup d’autres une force politique qui a vocation à penser une stratégie pour le pays et créer des équipes. Certains nous ont rejoint dès le début, d’autres le font maintenant et d’autres le feront plus tard. C’est très bien ainsi car c’est la nature d’un mouvement politique qui s’épanouit et va de l’avant ».

Des candidats aux élections

Quant aux échéances à venir, Édouard Philippe est clair : « En 2021, j’ai décidé de créer un parti politique donc un parti politique présente des candidats. Ce n’est pas une surprise mais on n’est pas tout seul donc on discutera avec les forces politiques qui ont envie de discuter avec nous et avec lesquels on peut s’entendre. Au sein de la majorité et peut-être pas seulement, il y aura des espaces de discussion et on présentera des candidats ». En vue, les Sénatoriales en septembre 2023 et les Européennes en mai 2024. En précisant sur ces dernières : « Dans les idées très fortes d’Horizons, il y a un attachement puissant et incontestable à la construction européenne. C’est constitutif de ce que nous sommes et que l’on a en partage avec d’autres qui l’assument autant. Si l’on est capable de construire une ligne commune, je le verrai avec beaucoup davantage et d’intérêt. Cela me paraît dans la nature des choses et c’est ce que j’espère ».

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Entre Renaissance et Les Républicains, Édouard Philippe continue de construire sa voie. « Dès 2021, j’ai dit que le positionnement politique d’Horizons était d’être dans la majorité gouvernementale. Le groupe Horizons siège dans la majorité et soutient le gouvernement. Il a ses spécificités dont nous sommes fier, mais nous sommes un partenaire extrêmement loyal de la majorité. Il n’y a pas de questionnement sur le positionnement politique tel qu’il est » clarifie l’ancien locataire de Matignon en précisant : « Ensuite, il y a un attachement à un certain nombre de thèmes et un mode de fonctionnement qui fait que nous sommes très heureux d’exister. Même si certains ont été très agacés que je fonde une force politique. Cela leur passera. Ou pas. Ce n’est pas grave ».

« La popularité est la plus mauvaise boussole de la vie politique »

Avec la création de plus de 600 comités locaux et comptant à ce jour 20 000 adhérents « payants » souligne Édouard Philippe, Horizons veut sans doute éviter l’écueil d’En Marche puis aujourd’hui Renaissance. S’il fut le premier Premier ministre d’Emmanuel Macron de mai 2017 à juillet 2020, le maire du Havre a surtout l’expérience des partis dits classiques, de ceux qui ont des élus locaux, des militants…

« Un parti doit être enraciné. Il faut rencontrer des cadres, des élus… ce qui est agréable. Et dans l’action politique, il y a forcément une dimension d’enracinement. La politique ce n’est pas seulement des idées », plaide-t-il avant de se lancer : « C’est d’abord des idées mais c’est aussi un lien charnel avec le pays, c’est aussi quelque chose qui n’est pas simplement éthérée et philosophique. Donc se promener, rencontrer, mieux appréhender des métiers, des régions, des sujets, des problématiques… c’est absolument indispensable et réjouissant car de ce point de vue la France est quasi miraculeuse. Il y a une diversité, une richesse, une variété de nuances. On peut aujourd’hui voir le dynamisme de Montpellier et passer le mois prochain peut-être au Pas de Calais, c’est le même pays mais des enjeux très différents. Les comprendre et les sentir tous les deux fait partie du chemin politique dans lequel j’ai décidé de m’inscrire ».

Un chemin qui a comme destination l’Élysée à l’horizon 2027. Pour cela, Édouard Philippe sait la route encore longue, même à construire. Alors, quand le dernier baromètre de popularité Ifop-Fiducial-Paris Match-Sud Radio le place en tête des personnalités politiques, il commente entre détachement et méfiance : « La popularité est la plus mauvaise boussole de la vie politique, je le pense sincèrement ». Même si son aiguille semble indiquer le nord correctement quand on vise certains horizons ?

Le 14/12/2022 à 18:37, par Cédric Nithard.