Hérault / Nathalie Oziol : « C’est fini les cinq ans où l’Assemblée nationale servait de chambre d’enregistrement pour Emmanuel Macron »


Nathalie Oziol, députée NUPES de la 2e circonscription de l'Hérault.
Nathalie Oziol, députée NUPES de la 2e circonscription de l’Hérault. (©CN / Métropolitain)

À 32 ans, Nathalie Oziol a été élue, le 20 juin dernier, députée de la 2e circonscription de l’Hérault. Toulousaine d’origine, cette professeure agrégée d’anglais dans un lycée à Béziers, n’est pas une inconnue en politique à Montpellier où elle réside depuis une dizaine d’années. Après avoir rejoint en 2016 La France Insoumise dont elle devient rapidement avec Julien Colet une des nouvelles têtes de file, elle adhère à l’aventure municipaliste de Nous Sommes. En 17e position sur la liste du premier tour, elle se désolidarise au second de l’alliance avec Mohed Altrad.

Candidate en 2021 du Printemps Héraultais aux départementales en binôme avec Mohamed Mebrouk (4e au 1er tour avec 17,32%) et tête de liste dans l’Hérault aux Régionales pour L’Occitanie Populaire portée par Myriam Martin (5,14% au premier tour), c’est finalement aux Législatives sous l’étiquette de la NUPES, que Nathalie Oziol connait une large victoire (40,37% au 1er tour et 63,33% face à Annie Yague/Renaissance). Depuis trois semaines, cette militante de terrain découvre son nouveau mandat sans avoir de temps à perdre. Les premières batailles ont déjà commencé à l’Assemblée nationale et de nombreuses autres s’annoncent. 

Vous avez été élue il y a trois semaines, j’imagine que votre vie a complètement changé ?

On se rend compte qu’en étant élue, je me suis mise au service des gens, et en particulier des électrices et électeurs qui ont porté ma candidature, un programme, des mesures, et qui nous attendent notamment sur l’opposition à la politique d’Emmanuel Macron. J’étais enseignante et je faisais les trajets de Montpellier à Béziers. Aujourd’hui, c’est à Paris que je vais toutes les semaines. Il y a un équilibre à trouver entre la présence à l’Assemblée où il y a déjà des votes très importants et la présence dans la circonscription auprès des gens pour faire remonter les demandes et besoins. C’est un nouveau rythme mais je suis honorée de servir ce mandat et je tiens à remplir la mission que l’on m’a confiée.

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En rentrant dans l’Assemblée nationale pour la première fois en tant que députée, avez-vous senti le poids de l’Histoire ?

Oh oui ! Avec les députés La France Insoumise (LFI) de la NUPES, nous avons fait notre rentrée en groupe à l’Assemblée le mardi qui a suivi l’élection. Les anciens nous ont présenté l’hémicycle. Il y a quelque chose qui se passe, c’est difficile à décrire. C’est un lieu très beau et qui porte l’Histoire avec les plaques où par exemple Jean Jaurès était assis, de très grands tableaux surplombent la salle intimant le respect… Là, on se dit que l’on fait partie d’un mouvement qui nous dépasse et qu’il faudra être à la hauteur de ce que l’Histoire nous a demandé de faire.

Qu’est-ce qui vous a étonné en bien ou en mal ?

Ce qui m’a frappé, c’est la façon dont on a été très bien accueillis par le personnel de l’Assemblée. Il y a beaucoup d’huissiers et de hauts fonctionnaires qui sont très dévoués, d’une gentillesse et d’une bienveillance remarquables. Nous sommes dans une institution importante et tout est fait pour rappeler que nous sommes dans un lieu important où se votent les lois, où se décide l’orientation du pays.

Au sein du groupe LFI/NUPES, nous avons aussi été très bien accueillis et accompagnés dans la mission politique que nous allons devoir accomplir. D’autant que nous avons tout de suite été dans le bain. Un calendrier est décidé unilatéralement par Emmanuel Macron, il faut être présent. Et nous l’avons vu cette semaine, chaque vote compte. Donc, il faut s’émerveiller du lieu dans lequel on rentre et rapidement prendre à cœur la mission politique dont on est chargés.

Vous avez choisi la commission des affaires étrangères dont vous avez été élue secrétaire. Pourquoi cette commission et quels seront les dossiers portés ?

Nous sommes trois députés NUPES dans l’Hérault et nous voulions être dans trois commissions différentes pour suivre des dossiers différents et avoir des angles de vue qui se complètent ou explorer des champs complémentaires (ndlr : Sébastien Rome 4e, commission des finances, et Sylvain Carrière, 8e, commission du développement durable et de l’aménagement du territoire).

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La guerre en Ukraine a des répercussions et en aura encore. On a du mal à réaliser mais cela fait cinq mois déjà que la Russie a déclaré la guerre à l’Ukraine et on mesure les conséquences au fur et à mesure. Tout l’équilibre géopolitique est en train de se redessiner. Je fais partie d’une famille politique où Jean-Luc Mélenchon, notamment, avait dit, déjà il y a dix ans, que l’on aurait besoin de se poser à la table pour discuter des frontières. Cela se passe en Ukraine mais il y a des viviers de tension qui peuvent à tout moment éclater en guerre. Nous, notre devoir, et surtout une nation comme la France qui a une place qui irradie dans le monde, est de pacifier le plus possible et d’utiliser la voie diplomatique. Ce sont des questions que j’ai envie de creuser.

Surtout quand je vois que les corps diplomatiques se sont mis en grève il y a deux semaines (ndlr : les agents du ministère des affaires étrangères se sont mobilisés contre la suppression de deux corps au sein du réseau diplomatique). C’est inédit dans l’histoire de France ! Emmanuel Macron, par ses décisions, a réussi à mettre en grève un corps comme celui-ci alors que ne sont pas des gens qui vont traditionnellement chambouler l’espace public. C’est vraiment qu’il y a quelque chose qui dysfonctionne. Pourtant, la France a occupé un modèle dans la diplomatie dans le monde. Je fais partie d’un camp qui tient à continuer à dire que nous devons montrer la voie de la négociation, de la désescalade et de la paix dans le monde. Nous le pouvons et nous devons tenir ce rôle.

Par rapport au programme de Jean-Luc Mélenchon, cela passe par un renforcement de l’Europe ou une réaffirmation de la France ?

Les deux. Nous avons une place au sein de l’Europe qui permet à la France de peser de tout son poids. À LFI, nous avons toujours défendu une France indépendante et qui ne s’aligne pas sans réfléchir sur par exemple les États-Unis d’Amérique. On pense que l’on a d’autant plus de poids lorsque l’on est capable de peser la situation est ainsi dire que les États-Unis ont raison parce que leurs arguments font que cela permettra la désescalade et dans certains conflits d’être capable de dire que c’est l’autre pays face aux États-Unis qui possède le moyen d’aller vers la paix. La parole française aura plus de poids si on est capable d’évaluer équitablement et justement les différents arguments.

Par ailleurs, je suis aussi élue au bureau de la commission des affaires européennes, une commission non permanente. Nous avons auditionné mercredi l’ambassadeur d’Ukraine en France Vadym Omelchenko. Ce seront des choses que je suivrai de très près, qui demanderont du travail, de se nourrir car nous ne sommes vraiment pas dans du tout noir ou du tout blanc. Il faudra mesurer les nuances et je trouve que des fois c’est ce qu’il manque dans le débat public où on a tendance à hystériser beaucoup les débats. Quand on parle de guerre, il faut savoir être mesuré.

C’est peut-être au sein de ces commissions où les étiquettes politiques s’effacent ?

C’est ce que certains aimeraient. Je ne nie pas que nous avons une responsabilité d’union face à un adversaire qui déclare la guerre. Celui qui déclare la guerre a toujours tort. Il y a un devoir de cohésion à appeler Vladimir Poutine à retirer ses troupes afin de déclencher quelque chose de la voie de la diplomatie. Mais quand j’entends un élu du Rassemblement National (RN) faire des leçons d’accueil des réfugiés, c’est franchement ironique et là il faut remettre de la politique. C’est pour cela que je dis qu’il y a un devoir de cohésion mais qu’il faut maintenir la politique aussi. La façon dont on réagit même en temps de guerre est politique.

Cette semaine vous avez réussi à faire reculer le gouvernement sur le pass sanitaire avec plusieurs amendements. Cette victoire pour votre groupe ne montre-t’elle pas que comme le gouvernement vous avez besoin des votes des députés LR et RN, illustrant ainsi ce compromis demandé ?

Il n’y a pas de compromis avec l’extrême droite. Jamais ! Nous, nous n’avons jamais donné une seule voix à l’extrême droite en ayant toujours été clair. Lorsqu’il y a eu des seconds tours, nous avons su prendre nos responsabilités. Sur le pass sanitaire, le RN essaye de s’approprier ce vote mais il s’agissait d’amendements portés par Raquel Garrido avec des arguments. Au-delà du fait que LR et RN ont voté, tous les groupes ont voté contre la Macronie qui s’est retrouvée seule à porter une position soutenue par aucun autre groupe. Quand on pense avoir raison tout seul, c’est que ce n’est pas le cas. C’est cela que les députés d’Emmanuel Macron doivent comprendre maintenant car ils ne sont pas habitués à perdre. Nous sommes là pour rappeler que c’est fini les cinq ans où l’Assemblée nationale servait de chambre d’enregistrement pour Emmanuel Macron. Le Parlement reprend sa fonction complètement et totalement démocratique de débats. Lorsque l’Assemblée estime qu’une mesure n’est pas juste, elle ne la vote pas.

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C’est aussi le sens des votes des électeurs aux Législatives que d’avoir des représentants de la NUPES, du RN, du LR… pour avoir des débats plus vivants.

Tout à fait. C’est la première fois depuis que le calendrier des Législatives est aligné à celui de la Présidentielle qu’un président réélu n’obtient pas ensuite sa majorité. Cela veut dire très clairement, même si Emmanuel Macron veut faire croire que le vote du second tour était un vote d’adhésion à son programme, qu’il s’agissait d’un vote contre l’extrême droite. Donc attention au jeu dangereux avec l’extrême droite parce que un mois plus tard les électeurs ont bien exprimé le fait qu’ils ne voulaient de la politique d’Emmanuel Macron pour cinq ans de plus donc ils ont donné leur voix à l’opposition dont un groupe NUPES de 151 députés.

Selon vous, cette composition de l’Assemblée amènera-t’elle à de l’immobilisme ?

C’est difficile à dire. Nous allons jouer notre rôle. Nous avons été élus pour ne pas nous compromettre avec la politique Macron. C’est le cap que nous devons tenir et que nous tenons à garder devant nous. Lorsque Emmanuel Macron annonce dans son discours du 14 juillet qu’il va faire passer la réforme chômage dès cet été et que c’est une priorité, nous seront là jusqu’à 3h ou 4h du matin s’il le faut pour lui dire que c’est une injustice sociale. Nous feront en sorte de lui rappeler ce que les gens veulent plus de justice sociale, plus de justice fiscale, une hausse du SMIC, une amélioration des services publics, la bifurcation écologique… Il fait 40° en ce moment, quand allons nous changer nos modes de production ?

En lien avec le pass sanitaire, vous souhaitez la réintégration des personnels soignants non vaccinés.

L’absurdité est à tous les niveaux. Face à cet article qui voulait réinstaurer le pass sanitaire notamment dans les transports avec un flou sur les frontières, nous avons d’abord obtenu qu’il ne soit pas appliqué pour les mineurs ensuite, quand il a fallu revoter sur la totalité de l’article, c’est là où il y a eu une majorité de votes contre. Ce qui a été décidé par l’Assemblée nationale, c’est qu’il n’y aurait pas de pass sanitaire dans les transports. Un des arguments que nous avons mis sur la table, c’est qu’il était possible à un moment donné pour un personnel soignant testé positif au covid de retourner travailler alors qu’un autre qui était négatif mais pas vacciné était sommé de rester à la maison et a perdu son travail. Vous avez vu l’état des hôpitaux, des services en grève ou qui ferment… tous les hôpitaux sans exception tirent la sonnette d’alarme et ce n’est pas nouveau. Le covid est venu aggraver tout cela. Nous sommes dans une pénurie de soignants et de main d’œuvre et on empêche certains de venir exercer leur métier. Il faut retrouver de la raison et du bon sens.

Quelle est votre position sur « l’affaire » Éric Coquerel ?

Une plainte a été déposée, les choses suivent leurs cours et c’est logique qu’une enquête soit menée. Par contre, c’est étonnant que cela ait fuité dans la presse. Traditionnellement, c’est plutôt gardé dans le secret de la justice pour le bon déroulement de l’enquête. Ce qui interroge, c’est que la plaignante Sophie Tissier, parle de quelque chose qui date d’il y a huit ans, qui, de sa propre bouche, n’est pas répréhensible par la justice. La justice va suivre son cours mais je pense qu’il ne faut pas instrumentaliser des causes qui sont suffisamment graves et importantes à des fins politiques.

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Vos premières présences dans votre circonscription ont été une distribution alimentaire aux plus démunis avec l’Association Humanitaire de Montpellier et pour soutenir le personnel du CHU de Montpellier en grève. Cette présence sur le terrain auprès des luttes sera le marqueur de votre mandat ?

Je vais essayer lorsque l’agenda à Paris le permettra. Nous sommes avant tout des députés militants et donc il faut se maintenir ce lien. C’est essentiel pour ne pas se couper de ce qu’il se passe. Lorsque les soignants sont en grève, il faut aller les voir pour connaître leurs problèmes, ce qui dysfonctionne pour avoir des arguments à faire remonter à Paris. Et ce sont des arguments très entendables et très forts : plus de lits, plus de moyens, plus de personnels… Une phrase m’a marquée : « Cet été des gens vont mourir et ce ne sera pas d’un virus ». Ce n’est pas possible d’entendre cela en France. Nous avons les moyens d’embaucher des soignants. J’ai parlé à des gens qui ont posé leur démission pour quitter l’hôpital parce qu’ils ne peuvent plus travailler dans de telles conditions. Il va falloir, de grès ou de force, que ce gouvernement se pose à la table avec les partenaires et dise les conditions pour revenir travailler dans les hôpitaux. Sinon, tout s’effondrera. Emmanuel Macron doit les entendre. Les soignants demandent une revalorisation salariale, du matériel et de la considération. Quand Élisabeth Borne a demandé à ce que l’on applaudisse les soignants à l’Assemblée nationale, il y a eu une bronca car cela révolte. C’est un métier de vocation. Les soignants font cela parce qu’ils aiment se mettre au service des gens et ils veulent sauver des vies. Lorsque on les empêche de faire cela, je pense que, dans son profond intérieur, on se retrouve dans une contradiction impossible à supporter.

D’autant que c’est un constat que l’on peut tirer dans beaucoup de services publics.

Je suis enseignante et c’est la même chose qui se passe. Il y a une perte de sens global de nos métiers. Il faut d’abord remettre du sens dans nos missions et après  c’est toujours la même chose. Chez les enseignants par exemple, le point d’indice est gelé depuis dix ans. Il ne faut pas être magicien pour comprendre où est le problème. Je me suis retrouvée à enseigner dans des classes de 38 élèves. On ne peut pas bien faire son métier quand on est face à 38 élèves. Ce n’est pas possible, surtout pour l’anglais. Dans une séance, je ne peux pas faire parler tout le monde. Rien que ça c’est un problème.

Pour revenir à la question précédente, je voulais que ma toute première action soit une action forte et symbolique. J’avais déjà fait des maraudes avec l’Association Humanitaire de Montpellier. Je trouve qu’ils ont extrêmement de mérite d’exister. Ils m’ont dit, les larmes aux yeux, de faire en sorte qu’ils n’existent plus. Ces gens viennent compléter ce que l’État n’est plus en mesure de savoir faire en n’ouvrant pas de centres d’accueil, en permettant des inégalités de richesse notamment sous le gouvernement Macron… J’ai entendu ce que l’on m’a dit. Nous avons dans notre programme un chapitre intitulé « Éradiquer la pauvreté » parce que c’est possible. Cela relève d’une volonté politique. Mettre la main à la pâte en tant que députée en servant des repas avec les bénévoles, je pense que c’est une action forte et symbolique qui rappelle l’état dans lequel est le pays. Ce soir là, nous avons servi 150 repas. Je trouvais que c’était beaucoup mais en fait il s’agit d’une moyenne, ils peuvent monter jusqu’à 280 repas.

Le texte sur la loi pouvoir d’achat est examiné cette semaine à l’Assemblée, c’est un combat important pour la NUPES qui porte des propositions dans ce sens.

Ce sera très important d’y être toute la semaine. C’est une bataille, on l’a déjà vu avec le pass sanitaire où nous y sommes restés jusqu’à 2h du matin. Ce qu’envisage le gouvernement ce sont des miettes à jeter avec une petite prime par là, un chèque par ci. Clairement ce sont des mesures insuffisantes. Quelles sont les familles qui ont réussi à sortir du pétrin grâce aux 100€ du chèque énergie ? Qui s’est mis à pouvoir aller au travail sans aucun problème financier avec 15 centimes de remise sur l’essence qui, soit-dit en passant, sont payés par le contribuable ? Nous allons répéter que ce n’est pas cela que demandent les gens mais de vraies mesures structurelles d’ensemble. Cela fait longtemps que nous portons la mesure de blocage des prix de produits de premières nécessités. C’est possible et c’est déjà fait à La Réunion par exemple. Un panier de produits du quotidien est élaboré en concertation avec les autorités et des partenaires représentatifs estimant que sur tels produits il faut bloquer les prix sinon la population ne peut pas vivre. Faisons le ailleurs et avec l’essence, l’énergie… Nous continuons à porter le SMIC à 1 500€, des revalorisations salariales… Ce sont des mesures globales contrairement à des mesures de rabais qui sont comme de mettre de l’argile sur une plaie béante. Nous allons défendre cela, argument par argument, ce sera une vraie bataille.

Avec Sylvain Carrière, vous avez rencontré assez rapidement Michaël Delafosse qui a évoqué une discussion constructive et la volonté de travailler ensemble. Sur quels dossiers allez-vous travailler ?

En tant que députés, il y a beaucoup de choses sur lesquels nous pouvons peser comme les transports, l’hôpital… Ce que j’ai entendu dans cette discussion, qui était une première discussion durant laquelle le maire de Montpellier recevait les deux députés NUPES qui ont une partie de leur circonscription ou la totalité comme moi à Montpellier, c’est l’inquiétude de Michaël Delafosse face au score du Rassemblement National dans le département et plus largement en Occitanie. Et donc l’urgence et la nécessité de faire front commun pour aller batailler pied à pied et faire reculer ces idées grandissantes. Ce n’est pas une fatalité mais il faudra être là pour répondre à toutes les questions du quotidien que se posent les gens comme le pouvoir d’achat. J’ai entendu et j’apprécie cela. Maintenant, il va falloir que l’on discute et que l’on se voit encore.

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Par contre sur le LIEN et le COM, vous êtes opposée aux élus locaux.

On porte un modèle de mobilité collective. J’entends l’argument qu’il faut dépolluer, décarboner l’air en centre-ville car cela crée des maladies mais encore une fois il faut avoir une vision globale. Que les compétences ait été déléguée, un coup au Département, à la municipalité ou à l’État fait que l’on a des choses complètement déconnectées. Si on vise à décarboner l’air en centre-ville mais que par contre on construit ailleurs un grand projet routier qui va faire rouler des voitures à 90 ou 110 km/h, on ne fait que déplacer le problème et globalement il reste le même. Il faut donc repenser les mobilités qu’elles soient collectives, publiques, gratuites, globales… Je prends mon exemple. J’habite à Montpellier et je travaillais à Béziers, il me faut un modèle qui me permette de me rendre de chez moi à la gare, de la gare à Béziers, puis à mon lieu de travail. Ce n’est pas en mettant des morceaux de route que cela me permettra de me rendre plus facilement à mon travail. Pour que les gens ne prennent plus leur voiture, il leur faut une alternative mais ces alternatives n’existent pas à l’heure actuelle ou trop peu ou son inefficaces. Pour les villages reliés par le LIEN, il y a trop peu de bus qui font actuellement la liaison par jour. Même moi si j’habitais ces villages, je ne prendrais pas le bus. Donc les gens ont tendance à dire que c’est très bien le LIEN car ils iront plus vite. Déjà c’est faux car il y aura des engorgements dans le temps qui créeront une pollution plus forte et si les gens disent cela c’est parce qu’ils estiment qu’il n’y a pas d’alternative à la voiture. Il faut donc créer l’alternative pour que les gens disent avec nous que c’est plus responsable et mieux de prendre le bus, le train… des moyens de transports collectifs efficaces.

Pensez-vous que maintenant en tant que députée vous allez pouvoir peser plus que comme militante ?

J’ai clairement un relai dans l’Assemblée mais ce n’est pas moi toute seule. Je fais partie d’un groupe. Et cela se passera à chaque fois de la même manière que cela s’est passé cette semaine. Le pass sanitaire a donné un aperçu. Nous sommes un groupe de 151 députés et lorsque nous votons ensemble cela a du poids. Déjà, à 17, ce que les anciens députés LFI ont fait… alors maintenant avec 151 députés, l’écho et la résonance que cela va avoir. Et le chemin que cela va faire dans les têtes aussi car nous avons des arguments construits, nous débattons sur le fond et pas sur la forme. Ces arguments nous allons faire en sorte qu’ils soient relayés le plus largement possible y compris lorsque nous revenons dans nos circonscriptions. D’expliquer ce que l’on a dit, ce qu’il s’est passé à l’Assemblée sera notre plus grande mission. Ainsi, lors de la prochaine élection législative, nous serons majoritaires.

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Après ces deux séquences électorales, pensez-vous qu’il y a un besoin de construire la gauche à Montpellier ?

Les deux dernières élections ont permis d’établir que les Montpelliérains ont voté à 41% pour Jean-Luc Mélenchon à la Présidentielle et 41% pour la NUPES au premier tour des Législatives et 60% au second tour face à la représentante d’Emmanuel Macron comme ça au moins le message est clair à Montpellier. Nous sommes également passé de un à trois députés dans l’Hérault. Il y a un cheminement qui se fait. Ce que l’on peut remarquer, c’est qu’ici l’alliance de la gauche, en tout cas d’EELV, du PCF, du PS, de LFI, de GénérationS sans oublier citoyens et associations dans le collectif de la NUPES, fait que les gens se sentent en confiance et représentés par quelque chose qui est connoté à gauche et qui porte un projet de société dont ils estiment que cela correspond à leurs attentes. Donc il y a une vraie attente des électeurs et électrices là dessus. C’est cela qu’il va falloir faire perdurer dans le temps. C’est ce lien que nous allons devoir faire perdurer avec Sylvain Carrière et Sébastien Rome.  En tout cas, à Montpellier, il y a une expression fortement marquée pour la NUPES et son programme. Mes expériences électorales passées m’ont permis d’identifier les demandes et les attentes des gens localement. Je tiens et je vais veiller particulièrement à être cette courroie de transmission entre ce qu’il se passe localement et nationalement et sans cesse relier ces deux niveaux efficacement.

Le 16/07/2022 à 12:03, par Cédric Nithard.