Montpellier : la majorité municipale défend les deux premières années de son mandat


Des vices-présidents PC, PRG, EELV et PS autour de Michaël Delafosse.
Les présidents des groupes PC, PRG, EELV et PS, et des adjoints, de la majorité municipale autour de Michaël Delafosse. (©CN / Métropolitain)

Le 28 juin 2020, les Montpelliérains choisissaient Michaël Delafosse comme nouveau maire de Montpellier, avant d’être investi le 4 juillet par le conseil municipal. Deux ans plus tard, entouré des principaux adjoints et des présidents des groupes politiques issus des différentes formations ayant permis sa victoire, Michaël Delafosse est revenu sur les deux premières années du mandat. Un exercice de synthèse – et de communication – visant à montrer une équipe dans l’action. Après avoir annoncé « Montpellier is back » en 2021, le maire de Montpellier se félicite aujourd’hui : « Montpellier redevient une ville profondément inspirante ».

« 80% du programme »

Sur la terrasse de l’Hôtel de Ville, la presse était réunie pour ce bilan des deux premières années du mandat de Michaël Delafosse. Avant de prendre la parole, le maire socialiste de Montpellier a laissé les présidents des groupes politiques (PS-EELV-PC-PRG) et des adjoints résumer les actions conduites.

L’introduction était ainsi confiée à la première adjointe, Fanny Dombre-Coste : « 80% des projets du programme pour lequel nous avons été élu sont mis en route, lancés ou déjà actés. Un des points qui guide notre volonté est de respecter nos engagements. La défiance que nous observons à chaque scrutin, alimentée trop souvent par des promesses non tenues et des discours trop simplistes, nous oblige à cette rigueur et cette éthique ».

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Le ton est posé. Pour le cadre, elle souligne le mélange des partis composant la majorité : « Nous travaillons ensemble en nous appuyant sur nos sensibilités différentes et sur la richesse de notre diversité pour stimuler notre ambition et notre volonté de faire vivre un nouveau souffle à Montpellier ». Illustration en est donnée ensuite en quatre points avec les différents présidents de groupe de la majorité.

Finances et laïcité

Pour la partie financière, Michel Aslanian met en avant les ambitions des PPI (Plan Pluriannuel d’Investissement) de la Ville à 1Md€  et de la Métropole à 2,5MD€. « C’est un engagement. Nous affirmons notre volonté d’aller jusqu’au bout de notre programme et de maitriser nos dépenses de fonctionnement. Pour les Montpelliérains, c’est un moyen de vérifier que nous sommes dans l’action ».

Le délégué aux finances rappelle les engagements de « 0% d’augmentation de la fiscalité des ménages durant le mandat, un recours maitrisé à la dette et une optimisation des recettes de fonctionnement », et met en avant  : « Pour 100M€ d’investissements, on crée 1 000 emplois. Sur la mandature à Montpellier, nous allons ainsi créer 10 000 emplois et 25 000 emplois à l’échelle de la métropole ». Et de résumer : « Nous ne sommes pas dans la prospectives, nous sommes dans l’efficacité ».

C’est ensuite en tant qu’élu du PRG, que Michel Aslanian évoque la question de la laïcité. « À Montpellier, nous sommes inflexibles et inlassablement déterminés à mener ce combat » appuie-t-il en citant, outre la charte de la laïcité qui fit débat auprès des associations et le refus de la vente de la mosquée au Maroc, le programme de soutien scolaire : « Ce sont 2 500 enfants accueillis tous les soirs dans les 53 écoles. C’est une victoire car cela permet aux parents de sortir des seules offres parfois présentes dans certains quartiers, celle des officines privées ».

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Le bouclier social

À Hervé Martin, président du groupe Communiste et Républicain de revenir sur les mesures constituant le bouclier social avec en premier lieu la gratuité des transports en commun pour les habitants de la métropole déjà en application le week-end, pour les moins de 18 ans et plus de 65 ans. « Avec l’objectif à mi-mandat, que l’on tient, de la gratuité totale pour les transports en commun de la ville, ce sera l’équivalent d’un treizième mois rendu dans le panier d’une famille montpelliéraine » souligne-t-il.

Sur la question du logement, Clara Gimenez explique : Nous avons choisi d’avoir une politique globale pour lutter contre la spéculation immobilière (encadrement des loyers, office de solidarité, restriction airbnb) et de permettre à tous les montpelliérains d’avoir un logement digne ». La déléguée métropolitaine à la Politique de la Ville et Cohésion sociale évoque « la lutte contre les marchands de sommeil avec le permis de louer à Celleneuve qui a vocation à s’étendre, le rachat de la copropriété Font del Rey » ou encore « la stratégie de résorption des bidonvilles et des squats qui permet cette politique globale ».

Pour compléter le bouclier social, Hervé Martin met en avant « toute une série de questions qui, à défaut de mesures nationales sur le pouvoir d’achat permettent à notre échelle, avec nos compétences, d’agir pour favoriser le pouvoir d’achat des Montpelliéraines et Montpelliérains ».

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Un fil vert

La partie écologique de l’exposé revenait bien sûr aux Écologistes de la majorité. « C’est important d’avoir un fil vert dans un mandat et c’est le cas. Il ne faut plus parler de transition écologique, mais de transformation écologique. Cela doit être aujourd’hui une obsession dans toutes les politiques publiques », affirme Manu Reynaud.

Pour le président du groupe Choisir l’Écologie à Montpellier, « la ligne 5 de tramway résume beaucoup de choses de notre politique. Elle relie et dessert des poumons verts. C’est la ligne des parcs, mais c’est aussi toute la végétalisation qu’il y a autour du tram, les nouvelles règles d’urbanisme, ainsi qu’une grande politique des mobilités décarbonées. Il faut avoir cette obsession de la décarbonation pour la lutte contre le dérèglement climatique et la pollution ».

Coralie Mantion résume les ambitions de « diminuer l’ampleur du dérèglement climatique et adapter la ville face aux futurs épisodes de grande chaleur ». Pour y parvenir, la déléguée métropolitaine à l’Aménagement durable du territoire, à l’Urbanisme et à la Maîtrise foncière détaille trois échelles. Sur le temps court : « 12 000 arbres plantés, végétalisation des espaces publics, quatre cours d’écoles végétalisées et quatre à venir, l’ouverture de nouveaux parcs… Des projets rapides et très concrets qui permettent de diminuer les îlots de chaleur ». Pour le temps long : « le plan de rénovation urbaine de la Paillade ou de mutation comme Ode à la Mer ». Pour le temps très long : « La planification territoriale et le Plan Local d’Urbanisme, ce ne sont pas des projets palpables mais des objectifs appliqués dans le temps ».

Coralie Mantion annonce : « Notre objectif est d’arrêter les extensions urbaines en 2030 » et dévoile un point du PLUI concernant la Ville de Montpellier : « Nous avons sauvé 103 hectares qui étaient voués à l’urbanisation. Ce n’est que le début, car nous avons encore Cambacérès à finaliser ».

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L’éducation, une priorité

Toujours aussi volontariste, Julie Frêche pose d’emblée : « Nous avons mis fin à l’inertie de ce territoire en changeant concrètement la vie des Montpelliérains. Ce qui caractérise notre action depuis deux ans, c’est bien finalement notre action au quotidien ». La présidente du goupe socialiste, écologiste et républicain résume : « Nous avons agi en faveur de l’intérêt général pour notre ville, notre métropole et ses 31 communes avec pour seule ambition pour réussir notre mandat et mettre en oeuvre notre programme. Nous avons pris tous les sujets à bras le corps ».

Elle ajoute au bouclier social les mesures prises dans les écoles et cantines avec par exemple « la dotation scolaire qui est passée de 40 à 50€ par élève. L’éducation est la priorité de cette équipe ». Et d’égrainer « l’installation d’un vidéoprojecteur dans les 994 classes des écoles maternelles et élémentaires, 1 070 ordinateurs portables installés pour chaque classe et chaque équipe pédagogique… » ou encore « les rues des écoliers, les radars pédagogiques, les agents de protection des écoles pour sécuriser les déplacements des enfants et les abords des écoles ».

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Détermination sur la sécurité

Avec détermination, Julie Frêche aborde les questions de sécurité par l’interdiction à la consommation et la vente pour les mineurs du protoxyde d’azote : « Ce premier geste fort augure d’un futur d’un vaste plan de lutte contre les trafics de drogues en cours de réalisation ». Et d’appuyer : « La fermeté, c’est nous, avec la fermeture administrative de tous les commerces condamnés pour trafic de drogue ». Sur les moyens matériels et humains assurant la sécurité sur le terrain, elle évoque l’achat des quatre camions PC de sécurité porté à sept à la fin de la mandature, ou encore à venir la police métropolitaine des transports et la brigade du logement social.

Évoquant l’augmentation des effectifs de la police nationale ou l’installation de la Direction centrale du recrutement et de la formation de la Police nationale, Julie Frêche souligne également : « Sans rien céder sur nos convictions et valeurs, nous avons obtenu des moyens de la part de l’État. Nous sommes sortis de cette inertie qui a paralysé notre ville lors du dernier mandat. Nous avons mis un terme à l’immobilisme qui donnait l’image d’une belle endormie ».

Et de résumer : « C’est nous qui mettons la ville en chantier pour la transformer. En deux ans, nous avons commencé à déployer le bouclier social, mis en place un véritable choc des mobilités, resserré nos relations avec les forces de police et de gendarmerie, dans une action conjointe et conjuguée pour donner du sens à cet engagement d’un maire et d’une équipe municipale qui protègent ».

Gouvernance apaisée

Renaud Calvat, intervenant en tant que premier vice-président à la métropole, délégué aux Finances et à la Coopération avec les communes, ne tarit pas d’éloges : « L’élection de cette équipe et l’installation d’un nouveau maire il y a deux ans à Montpellier a eu un impact fort sur la vie de l’intercommunalité, les choses ont profondément évolué, la façon de la gérer a profondément évolué. Nous avons conscience que le destin des 31 communes de la métropole est intimement lié ».

Le maire de Jacou souligne : « Nous sommes 31 communes avec nos diversités, nos différences, notre histoire, mais nous avons un point commun qui est l’envie d’être utile pour le territoire et les habitants. Nous ne sommes pas tous d’accord, mais nous avons retrouvé une grande dignité dans la tenue des conseils. Chacun peut s’exprimer sereinement, le président est à l’écoute. Nous discutons, nous construisons des compromis, nous sommes utiles ».

Et d’illustrer par les premières assises du territoire ayant réuni plus de 400 conseillers municipaux des 31 communes. « Les prochaines sont en décembre. Il y en aura chaque année, car, c’est comme ça aussi que l’on avance dans une gouvernance apaisée. Et cela se voit aussi à l’extérieur ». Avec en tête les coopérations menées avec des intercommunalités voisines autour de la candidature Montpellier Capitale Européenne de la Culture 2028, Renaud Calvat conclut : « Cette nouvelle façon de gouverner, apaisée et respectueuse, permet de rassembler et d’être efficace ».

Le nouveau souffle

En maître d’orchestre de sa majorité, Michaël Delafosse pointe  : « Nous avions promis Montpellier Unie du nom de notre liste du second tour des municipales. Être uni, ce n’est pas être aligné aux ordres. Ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise et de faire que les apports des uns et des autres fassent la force d’un beau collectif. Aujourd’hui, je suis très fer d’être aux côtés des écologistes, des communistes, des socialistes et des radicaux. Nous voulions montrer, deux ans après, cette équipe est pleinement au travail, chacun apportant sa contribution à l’édifice ».

Évoquant les relations avec l’État, et notamment les apports financiers pour le CHU de Montpellier ou l’ANRU à la Mosson-la Paillade, l’édile souligne : « Quelque soit sa sensibilité, le président de la République doit plus que jamais travailler avec ses territoires ». Sur la gouvernance apaisée : « Elle nous permet de travailler ensemble pour relever les défis. Tout n’est pas réglé du jour au lendemain. Nous connaissons les impatiences et elles sont légitimes tant les difficultés peuvent être là ».

Quant au « Nouveau souffle », martelé tout au long de sa longue campagne et détaillé au préalable, pour Michaël Delafosse il fait déjà ses preuves : « Montpellier est devenue l’une des villes vers lesquels les regards se tournent. Montpellier redevient une ville profondément inspirante« . Avec comme objectifs : « Améliorer le quotidien des Montpelliérains et projeter notre ville vers l’avenir à l’aune des défis du siècle avec de grandes transformations écologiques face au défi climatique ». Et de prévenir : « Ces chantiers qui s’ouvrent sont naturellement perturbants pour l’ensemble des uns et des autres. Mais quand il n’y a pas de chantier, il n’y a pas de projets, pas de transformation ».

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Montpellier Unie

Annonçant que « Montpellier sera plus unie encore », Michaël Delafosse a reçu les deux nouveaux députés de la NUPES, Nathalie Oziol et Syvain Carrière : « Nous avons partagé ensemble les dossiers. Ils se sont engagés à être de puissants relais pour les porter ». Quant à la nomination de Patricia Mirallès en tant que secrétaire d’État des Anciens combattants, il adresse ses « salutations et réussite dans sa tache pour notre pays. Il y a ici un devoir de mémoire ».

Si ce ne sont pas des représentants de sa majorité et qu’il a déjà reçu à plusieurs reprises, le président de la République et des ministres, c’est l’occasion pour l’édile de clarifier : « Je suis maire et en tant que maire, je ne suis pas chef de parti, je suis animateur d’une majorité mais ma responsabilité est d’être respectueux avec l’ensemble des institutions et des élus. Je ne transformerai pas Montpellier comme un parti politique qui doit guerroyer en permanence ».

Enfin, le maire de Montpellier annonce « la tenue en septembre-octobre de grandes rencontres dans les quartiers pour travailler ensemble, établir ensemble une feuille de route d’intelligence collective pour pouvoir continuer à transformer Montpellier. Ce sera un temps fort de notre rentrée ». Michaël Delafosse en appelle également à l’intelligence collective pour unir Med Vallée, les Industries Culturelles et créatives, le secteur du numérique, les énergies renouvelables.

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La pluralité, une richesse

« Il nous reste beaucoup de travail. Avec ce point d’étape, nous disons être fidèles à nos convictions et à nos valeurs. La majorité de gauche que je conduis porte des chemins pour l’avenir qui sont inspirants, peut-être aussi pour les réflexions nationales, et qui se tiennent loin des stériles polémiques. Nous n’avons pas de temps à perdre, tant le travail est immense », souligne Michaël Delafosse.

Sur l’opposition, sans nommer personne, le maire commente : « Il y a l’héritage des élections municipales, les élus qui ne sont pas de la majorité nous les jugeons à l’aune de leurs prises de paroles, de leurs votes… Comparé à ce que nous avons vécu avec Hervé Martin et Julie Frêche lorsque nous étions dans l’opposition, nous sommes très respectueux. Mais nous sommes très cohérents. Dans le conseil municipal, pas plus pas moins, chacun à sa cohérence ». Et des résumer sa ligne : « Respect des engagements et des convictions, pas d’alliance contre nature et pas d’opportunisme électorale ». 

Quant aux années qui s’annoncent, pas de surprise, mais un constat : « Nous ferons preuve de responsabilité, de sérieux et d’engagement. Le mandat qui est le notre est de mettre en oeuvre notre programme mais aussi de répondre présent sur les défis qui ne sont pas inscrits à l’agenda et qui se posent. Notre pluralité est incontestablement une formidable richesse ». Une force maintenue par un programme commun partagé par les différentes formations politiques, qui ont jusqu’à présent réussi à échapper aux échéances nationales.

Le 05/07/2022 à 08:10, par Cédric Nithard.