Montpellier : la NUPES à la sauce Nous Sommes ne fait pas recette au conseil municipal


Alenka Doulain s'oppose régulièrement à Michaël Delafosse au conseil municipal de Montpellier.
Alenka Doulain s’oppose régulièrement à Michaël Delafosse au conseil municipal de Montpellier. (©CN / Métropolitain (archive))

Ce mardi 28 juin, lors du conseil municipal, Alenka Doulain, leader du mouvement municipaliste Nous Sommes, a annoncé la création du groupe Montpellier Union Populaire Écologiste et Social, variation du regroupement opéré par les forces de gauche lors des Législatives. Pour l’heure, après le rejet local des partis qui ont accepté l’accord national, c’est un échec.

La suite des Législatives

On était curieux de constater l’impact de la politique nationale au local et particulièrement à Montpellier. La création de la NUPES avait déjà provoqué une première déflagration avec les candidatures dissidentes socialistes dans plusieurs circonscriptions dont celles de l’Hérault. Le président de la métropole Michaël Delafosse était alors vent debout contre cette alliance en raison de divergences idéologiques importantes avec La France Insoumise.

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Si malgré les discours victorieux, les résultats n’ont pas été à la hauteur des ambitions de la NUPES – à moins d’avoir voulu faire de Jean-Luc Mélenchon un guide touristique de l’Assemblée, plus qu’un Premier ministre – Alenka Doulain a livré son analyse et attaque le maire de Montpellier : « Vous êtes aujourd’hui minoritaire dans cette ville malgré les efforts conséquents déployés par la majorité municipale ». Une majorité comptant également dans ses rangs EELV et le PCF qui prennent la charge tandis qu’il ont pourtant soutenu la NUPES à Montpellier contrairement au PS.

L’ancienne candidate aux municipales poursuit son offensive : « S’il n’était question que de votre échec, l’opposante que je suis pourrait s’en réjouir mais c’est triste et c’est cela qui nous habite pour les Montpelliérains. Alors qu’ils attendaient le SMIC à 1 500€, vous avez fait le choix de vous mobiliser contre cet accord historique des forces de gauche ; alors qu’il avaient besoin d’un plan de relance économique, vous avez fait le choix de diaboliser la NUPES et de participer à l’hystérisation du débat politique ; alors que notre ville a besoin de mesures pour répondre à l’urgence climatique, vous n’avez soutenu que du bout des lèvres les candidatures NUPES. Vos errements personnels et ce manque de clarté ont offert trois députés de Macron à notre ville. Si certains ont été déçus, j’y vois pour ma part une clarification ».

Un groupe de trois

C’est pourquoi, avec Clothilde Ollier (ancienne candidate aux municipales sous trois étiquettes différentes : EELV, puis indépendante au premier tour et désolidarisée de ces anciens soutiens avec Mohed Altrad au second) et Flora Labourier (jadis porte-parole du PS, 2e sur la liste de Mohed Altrad), Alenka Doulain constitue le groupe Montpellier Union Populaire Écologiste et Social.

En précisant toutefois que, si elles ont été élues sur sa liste, les trois conseillères municipales d’opposition ne faisaient pas partie du groupe « Le coeur et l’action » composé de Mohed Altrad – pour qui un passage au conseil ressemblerait à un épisode de Rendez-vous en terre inconnue – Serge Guiseppin et Salim Jawhari. Nous Sommes avait même appelé Mohed Altrad a démissionner. Quant à Floria Labourier, elle avait par ailleurs un temps caressé l’intention de rejoindre la majorité municipale.

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« Nous appelons les élus déçus par l’irresponsabilité du Maire-dissident à se rassembler pour porter le message des électeurs montpelliérains et montpelliéraines au sein du Conseil municipal, autour de trois axes principaux : l’écologie populaire, la justice sociale, et la démocratie réelle » a lancé Alenka Doulain…  comme une bouteille à la mer.

Surprise chez les Communistes

Un appel qui n’a pour l’heure trouvé aucun écho favorable parmi les formations engagées au sein de la NUPES. Nicolas Cossange, secrétaire départemental du PCF, a été le premier à exprimer sa surprise. « Nous avons appris avec étonnement la création d’un groupe NUPES au conseil municipal de Montpellier par Alenka Doulain, Clotilde Ollier et Flora Labourier. Cette démarche individuelle de trois conseillères municipales, élues sur la liste du milliardaire Mohed Altrad ne saurait s’inscrire dans le cadre de l’accord électoral NUPES dans lequel s’est engagé le PCF pour les élections législatives » souligne-t-il.

Nicolas Cossange, secrétaire départemental du PCF, lors de la présentation des candidats NUPES de l'Hérault.
Nicolas Cossange, secrétaire départemental du PCF, lors de la présentation des candidats NUPES de l’Hérault. (©CN / Métropolitain)

Enthousiaste à la présentation des candidats héraultais de la NUPES, dont Gabriel Blasco fut le seul communiste par ailleurs battu dans la 7e circonscription de l’Hérault, Nicolas Cossange contextualise : « Cet accord a permis de rassembler la gauche sans malheureusement lui permettre de remplir son objectif de faire élire une majorité à l’Assemblée Nationale. La création de ce groupe, s’inscrivant dans l’opposition à la majorité PS/PCF/EELV de la mairie de Montpellier, est en revanche un bien mauvais signal envoyé à celles et ceux qui travaillent à l’unité de la gauche. En particulier au moment où l’Extrême-Droite réalise des scores historiques y compris sur le territoire de la Métropole ».

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En leur demandant de changer de nom, le secrétaire départemental du PCF juge avec sévérité que « leur démarche n’étant ni plus ni moins qu’une opération politicienne pour gommer l’alliance électorale contre nature qui leur a permis d’être élues ».

« Politiquement et éthiquement très grave »

Les comités de Montpellier d’Ensemble ! 34, de EELV et du PCF ont ensuite réagi dans une déclaration commune en livrant leur analyse : « Cet accord a permis de mener une campagne dynamique, large, plurielle et combative. Il a permis d’élire un grand nombre de député dont Nathalie Oziol, Sylvain Carrière et Sébastien Rome dans l’Hérault. Cette alliance politique a pu empêcher Macron d’obtenir la majorité absolue à l’Assemblée Nationale. Cette alliance a donc permis de bloquer pour l’instant la politique anti-sociale et climaticide de Macron ce qui n’est pas rien ». Soit le verre à moitié vide pour Alenka Doulain et le verre à moitié plein pour EELV et le PCF qui n’ont pourtant vu aucun de leurs deux candidats l’emporter (Julia Mignacca sur la 34-3 et Gabriel Blasco sur la 34-7).

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Des anciens alliés qui ne sont ensuite pas tendres en dénonçant l’absence de dialogue quant à la constitution de ce groupe : « Bien sûr cela peut faire envie dans un département où les 9 candidatures NUPES sur 9 ont étaient au second tour, dans une ville où la NUPES est la largement la première force politique, de tenter de s’approprier ce nom. Mais personne, aucun groupe, ne peut s’approprier le nom de cette alliance, ou tenter de le détourner, sans l’accord des principales forces qui la constitue. Et là il n’y a évidemment pas accord ».

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Pour ces trois formations politiques, le conclusion ne fait aucun doute : « Il est donc impossible que ce trio municipal s’arroge le droit de se nommer NUPES ou MUPES en manipulant ainsi le nom de cette alliance dont nous, signataires de ce communiqué, faisons parti ». Là aussi, il leur est légalement demandé de changer de nom : « Ne pas le faire serait politiquement et éthiquement très grave » et de conclure : « En conséquence, il n’y a malheureusement pas de groupe NUPES, ou dérivé, au conseil municipal de Montpellier ». Seulement une majorité composée du PS, d’EELV, du PC et du PRG…

Pavé dans la mare ou bouteille à la mer ?

Après cette annonce, Michaël Delafosse a administrativement commenté : « Évidemment, conformément au règlement intérieur du conseil municipal, à partir du moment où vous êtes trois, vous êtes reconnues comme groupe. Je prend acte de votre volonté d’être constructives ». Le pavé dans la mare espéré par Alenka Doulain prend la forme d’une bouteille jetée à la mer dans l’espoir de déstabiliser la majorité municipale en espérant accrocher dans ses filets quelques élus… et se positionner d’ores et déjà pour les prochaines élections municipales.

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La conseillère municipale d’opposition tentera-t-elle le coup maintenant à la Métropole où elle pourrait espérer trouver davantage de soutien de la part de certains élus comme René Revol, fidèle lieutenant de Jean-Luc Mélenchon et suppléant de Nathalie Oziol nouvelle députée NUPES de la 2e circonscription ? En 2017, Philippe Saurel avait joué au jeu des groupes politiques au conseil de Métropole et avait ainsi fait exploser la coopération territoriale. Victime d’alors, le maire de Grabels a aujourd’hui toutes les clés de la Régie Publique des Eaux. Accepterait-il de la perdre à nouveau en étant désormais parmi les coupables de cette dissension ? Rien n’est moins sûr.

2026 est encore loin

Si la date semble être déjà dans de nombreuses têtes, 2026 est encore loin avec la condition supplémentaire pour ce nouveau groupe montpelliérain que la NUPES maintiennent sa cohésion à l’Assemblée nationale et survive jusque-là. Si c’est le cas, peut-être faudra-t-il alors juger réellement de ce coup politique. Sinon, il leur suffira de changer de nom et d’adapter le discours aux circonstances… Citizenwashing, greenwashing… les électeurs restant, loin d’être dupes, sont désormais habitués au ripolinage des partis politiques. Un commentaire sur Twitter résume l’impression laissée : « La NUPES sans EELV, sans le Parti socialiste, sans le Parti communiste ? Mais vous ne voulez pas simplement vous appeler Nous Sommes ? ». Ou tout simplement La France Insoumise…

Le 29/06/2022 à 19:34, par Cédric Nithard.