Montpellier. Législatives : Muriel Ressiguier, plus que jamais Insoumise


Muriel Ressiguier (LFI), députée sortante de Montpellier, repart en campagne sans l'investiture de NUPES
Muriel Ressiguier (LFI), députée sortante de Montpellier, défend son bilan et repart en campagne sans l’investiture de NUPES (©Métropolitain)

NUPES a décidé de ne pas reconduire la députée sortante de la 2ème circonscription de l’Hérault. Mais l’élue LFI ne se soumet pas et se présente, seule, pour un second mandat. La politique a ses raisons que la raison ignore, mais « l’Insoumise » est bien décidée à le rester : Muriel Ressiguier part en campagne sans le soutien d’aucun parti « mais avec celui de très nombreux militants ».

Ressiguier : une Insoumise en dissidence

La députée sortante et son suppléant, Dominique Lofé, ancien instituteur de 62 ans, affronteront notamment la candidate officielle de NUPES, Nathalie Oziol. Dans cette guerre fratricide, le scénario emprunte tous les ressorts de la dramaturgie puisque le suppléant de Nathalie Oziol n’est autre que René Revol, maire de Grabels, qui fut en 2017 le suppléant de… Muriel Ressiguier. On mesurera au lendemain du 1er tour l’impact de ce choix, mais pour l’heure, la « dissidente » Ressiguier revendique sa légitimité.

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La campagne lancée au Petit-Bard 

C’est au Petit-Bard, sur le parvis de l’école Louis-Amstrong que la députée sortante a lancé sa candidature mercredi matin : « Tout d’abord, je précise que j’ai choisi ce lieu symbolique car l’école républicaine, comme tous les services publics, a été attaquée par Emmanuel Macron contre lequel je me suis battu pendant 5 ans à l’Assemblée Nationale ».

« Dans ce pays, les gens subissent la violence d’État. On assassine des gens avec des stylos en les plongeant dans la pauvreté »

Muriel RessiguierDéputée LFI de la 2ème circonscription

« Défendre mes valeurs » 

À l’heure du bilan, s’il en fallait un, l’insoumise montpelliéraine rappelle « avoir défendu les valeurs que j’ai en moi depuis longtemps et qui m’ont conduit à m’engager en politique : la soif de justice sociale, de tolérance, l’acceptation de la diversité, l’accueil des étrangers. J’ai d’ailleurs beaucoup lutté contre la loi asile immigration : ce texte est d’une inhumanité absolument incroyable ».

Une priorité, la lutte des classes

Dans l’hémicycle, l’élue Insoumise s’est aussi mobilisée pour faciliter l’accès aux soins et à l’éducation des populations. « Dans l’Hérault, il ne faut pas l’oublier, un tiers des habitants n’ont plus accès aux soins », rappelle-t-elle : « Cette situation est une des conséquences des politiques libérales menées en France, notamment par Emmanuel Macron… Voilà ce qu’il faut combattre. Dans ce pays, les gens subissent la violence d’État. On assassine des gens avec des stylos en les plongeant dans la pauvreté ».

Muriel Ressiguier estime qu'il faut donner une autre gouvernance à la France pour contrer Emmanuel Macron
Muriel Ressiguier estime qu’il faut donner une autre gouvernance à la France pour contrer Emmanuel Macron (©Mario Sinistaj)

« J’ai un vrai bilan, et je n’ai pas peur de l’affrontement politique. Je suis prête à débattre »

Muriel Ressiguier

Muriel Ressiguier n’hésite pas à utiliser des éléments de langage qu’une partie de la gauche, aujourd’hui, n’ose plus prononcer… Mais la députée sortante assume : « Si je suis réélue, je continuerai à défendre la lutte des classes. Ce combat n’a jamais cessé : il est même incontournable, surtout dans une période où le populisme se développe ».

Oziol, « imposée par Paris »

Muriel Ressiguier s’est aussi illustrée en présidant la Commission d’enquête sur la lutte contre les groupuscules d’extrême-droite. « J’ai un vrai bilan, et je n’ai pas peur de l’affrontement politique. Je suis prête à débattre ». Un petit message pour Nathalie Oziol ? « Elle n’a pas eu le cran de se déclarer lors de l’AG de LFI. Elle a prudemment attendue d’être imposée par le haut  ».

NUPES, « une manoeuvre opportuniste »

Pour la candidate, la seule solution pour sortir de l’impasse consiste à donner à l’Assemblée Nationale une majorité de gauche. « Je suis pour une recomposition réelle de la gauche, mais je ne suis pas non plus aux ordres ». Elle dénonce la création de NUPES, considérée comme une « manœuvre opportuniste qui repose sur un rapprochement artificiel des partis de gauche ».

« J’avance… Je suis candidate et je suis soutenue par de nombreux militants »

« Pas dans le culte du chef »

Se décrivant également comme « peu encline aux petites jeux politiques », Muriel Ressiguier incarne (involontairement ?) l’image de l’Insoumise : « Au final, peut-être que mon attitude me vaut aujourd’hui cette mise à l’écart car je n’ai pas accepté de vivre dans le culte du chef… Quand vous ne dansez pas comme on veut vous faire danser, il y a forcément des conséquences ».

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Insoumise un jour, Insoumise toujours

Mise au ban, Muriel Ressiguier assume mais sans grande amertume : « J’avance », assure-t-elle : « Je suis candidate et je suis soutenue par de nombreux militants. Je continue à défendre mes valeurs ». Sur son affiche, on peut lire le message suivant : « Votre candidate, députée sortante LFI ». La toujours députée revendique sa légitimité : Insoumise un jour, Insoumise toujours.  

Prud’hommes et mise à l’écart : « Il s’agit d’une instrumentalisation »

Un autre élément, selon LFI, explique la mise à l’écart de Muriel Ressiguier : l’élue est en effet visée, depuis fin 2019, par une plainte de deux collaboratrices aux Prud’hommes pour harcèlement moral. Voilà qui fait tâche et qui justifierai la décision de LFI… Mais pour Muriel Ressiguier, il s’agit plutôt d’une instrumentalisation. À Paris, LFI et Jean-Luc Mélenchon auraient peu goûté l’indépendance de la députée montpelliéraine, pas toujours ravie de suivre certaines consignes : « Dans cette affaire, il faut se demander quel rôle joue René Revol. Il n’est pas tout à fait étranger à ce qu’il m’arrive… Si je suis réélue, il y a des pièges dans lesquels je ne tomberai plus »

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Le 19/05/2022 à 11:49, par Gil Martin.