En 2020, Flavio Dalmau, âgé de 16 ans, avait tenté de forcer la porte des Municipales à Montpellier. Trop jeune. L’année dernière, le lycéen en terminale à Joffre annonçait son intention de se présenter à la Présidentielle. Encore trop jeune. Un coup de bluff pas si innocent toutefois. Car depuis janvier, Flavio Dalmau qui a 18 ans peut donc être candidat à une élection.
Suffisamment lucide pour renoncer à l’échéance majeure et séduit par le mandat d’Emmanuel Macron, il espère faire son galop d’essai, avec comme première étape d’obtenir l’investiture LREM, aux Législatives en juin. En même temps que le Bac… Mais, pas de quoi l’intimider. Avec une équipe autour de lui, des propositions et des soutiens comme celui récent d’Agnès Constant, ancienne maire de Saint-Pargoire et sénatrice de l’Hérault, Flavio Dalmau construit son destin politique en balayant tout cliché quant à son âge. Interview.
Cela fait deux ans que vous attendez d’être officiellement candidat. Vous pouvez enfin y aller. Qu’est-ce que cela représente ?
De pouvoir enfin se présenter à des élections et de porter un projet, c’est vraiment l’aboutissement du travail que nous avons mené avec l’équipe qui m’accompagne depuis deux ans. Et c’est un plaisir.
D’où vient cet engagement politique ?
Si les citoyens ne s’engagent pas en politique, personne d’autre ne le fera. Il faut des gens qui s’engagent et j’ai cette vision de la politique qui ne doit pas appartenir à telle ou telle personne. C’est justement à nous citoyens de nous engager en politique, quelque soit la couleur politique ou le parti que l’on veut représenter, car nous sommes les plus en capacité de représenter les gens.
Pourquoi ne pas avoir suivi une voie classique en allant chez les jeunes socialistes ou les jeunes républicains par exemple ?
Déjà, je n’aime pas la vision que l’on a des jeunes socialistes ou des jeunes républicains. Les partis ont fait ça pour attirer un électorat jeune. C’est comme de mettre les jeunes en bas d’une liste pour faire bien sur la photo, mais finalement, on ne leur donne pas de réel poste. Après, je ne suis ni attiré par le Parti socialiste, ni par les Républicains. J’ai toujours voulu garder cet aspect citoyen, un peu indépendant de la politique, pour faire campagne.
Il y a justement des mouvements citoyens qui émergent. Eux aussi ne vous ont pas tenté ?
Mais parce que ces mouvements citoyens sont assez proches de certaines radicalités et ils sont souvent contre le gouvernement que je veux défendre. Après, je suis très content qu’il y ait ces mouvements citoyens qui se forment, car cela fait naître plus de paroles et plus de représentativités.
Vous souhaitez obtenir l’investiture LREM aux législatives. Pourquoi ce choix ?
Je pense qu’il y a de très bonnes idées à gauche et de très bonnes idées à droite. LREM, c’est le rassemblement de ces bonnes idées et la volonté de dépasser le clivage gauche-droite. Je pense que c’est une vision assez novatrice de la politique. Et il me semble que c’est le parti le plus jeune de France.
Vous ne pouviez pas voter aux dernières élections présidentielles. Emmanuel Macron vous a-t-il convaincu durant son mandat ?
Je m’intéressai déjà aux propositions des candidats. Si en 2016, j’avais pu voter, je pense que cela aurait été pour Emmanuel Macron et cinq ans après, c’est sûr que vu son bilan plus qu’honorable, je voterai pour lui.
En tant que jeune, ce bilan vous satisfait ?
On dit souvent qu’Emmanuel Macron n’est pas le président des jeunes, mais il a fait beaucoup de choses pour la jeunesse et notamment durant la crise de la Covido qu’il a très bien gérée. En plus, c’est le président le plus jeune de l’histoire de France.
Vous souhaitez vous présenter sur la 2e circonscription de l’Hérault. Que représente pour vous Montpellier et particulièrement cette circonscription ?
Je suis originaire de Paris et quand je suis arrivé à Montpellier, c’était dans cette circonscription. J’y ai grandi, j’ai connu mes premières galères, mon père y travaille… cette circonscription, c’est un peu ma vie et j’y tiens beaucoup. Montpellier est une ville que j’ai appris à aimer. Aujourd’hui, je ne veux pas la quitter, j’y suis accroché.
C’est aussi une circonscription très couru politiquement.
C’est effectivement une circonscription très courue et très à gauche. C’est pour ça qu’il faut un candidat LREM assez novateur, qui casse un peu les codes et qui détonnent un peu plus du panel de candidats proposé aux électeurs. L’investiture que je propose à LREM, il me semble que c’est l’investiture de la raison. J’ai une équipe autour de moi, des propositions, on commence à faire campagne, à réunir des gens. Aujourd’hui, aucun candidat, officiel ou officieux, ne fait ça.
Vous avez des propositions autour de quatre thématiques. Comment les avez-vous construites ?
Déjà le programme des candidats aux Législatives découlent beaucoup de leur candidat à la présidentielle. Je ne voulais pas rentrer dans cette mécanique, car je pense que le député est à la fois un élu national mais surtout le représentant de sa circonscription et beaucoup de députés oublient cette notion. J’ai pris les priorités qui apparaissaient pour Montpellier et avec mon équipe nous avons formulé des propositions autour de la sécurité, de l’économie, de l’écologie et de la santé. Sur l’écologie par exemple, je pense qu’il faut aller bien plus que ce que fait le maire actuel qui est de l’écologie d’image. La pulsion faite par la majorité présidentielle d’un point de vue écologique est très intéressante.
Malgré les annonces d’Emmanuel Macron sur le nucléaire ?
Emmanuel Macron, c’est le mixage des énergies. Il y a une partie nucléaire et une partie énergies renouvelables. Nous avons aujourd’hui un taux de nucléaire assez élevé qu’il veut descendre à 50% pour atteindre 50% d’énergie renouvelable. Nous ne pouvons pas dire que nous sortons du nucléaire en sachant que nous allons être dépendant de certains pays, comme la Russie pour avoir notre énergie.
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Vous faites partie du conseil montpelliérain de la jeunesse (il coupe)…
Je n’y suis plus, car c’est quelque chose qui est trop sous la main du maire et de l’équipe municipale. Ce n’est pas à nous de soumettre des projets, mais ce sont eux qui nous soumettent des projets pour travailler dessus. Je comprends, mais je n’ai pas envie de défendre ces projets, donc j’ai préféré partir.
D’ailleurs parmi mes propositions pour renforcer la démocratie participative et renforcer l’aspect proximité du député, je souhaite créer un conseil des ambassadeurs avec des représentants d’associations et des citoyens qui sera en lien avec moi et je m’engage à tenir une réunion publique par trimestre. On ne peut pas représenter les gens si on ne les écoute pas.
Quand on voit de plus en plus d’agressions d’élu, que le débat public peut être assez intense, est-ce que le climat politique ne vous inquiète pas ?
Ce n’est pas vraiment ça qui m’inquiète aujourd’hui dans la politique. C’est plutôt des candidatures comme celle d’Éric Zemmour, de voir une extrême droite qui augmente et une extrême gauche, comme à Montpellier, qui est très forte. Tout cela m’inquiète plus que les potentielles agressions. C’est dramatique d’en arriver là mais, malheureusement, c’est un peu le jeu. Quand on veut représenter les gens, il y en a toujours à qui ont déplaira. Le problème, c’est qu’aujourd’hui cela devient trop fréquent mais quand on est élu, il faut s’y attendre. Récemment, j’ai eu une affiche dégradée avec des insultes, je suis allé porter plainte.
J’imagine que vous devez entendre tous les jours des critiques sur votre âge ?
Il y en tout le temps. Ce n’est pas quelque chose qui m’atteint. Honnêtement, je ne vais pas arrêter la politique à cause de ça. Au contraire, il faut des jeunes en politique et surtout à l’Assemblée nationale. Même si depuis cinq ans, on a réduit l’âge moyen, cela reste une chambre assez âgée. La jeunesse représente quand même 25% de la population, ce serait logique qu’elle soit représentée au niveau des instances nationales.
Diriez-vous que la jeunesse est engagée politiquement ?
Oui, elle s’engage politiquement. On le voit dans les manifestations. Après, est-ce qu’elle va voter ? Clairement non. Il y a plusieurs phénomènes qui l’expliquent. D’abord, les politiques font semblant de s’intéresser à la jeunesse. Comme je disais, on les met en bas d’une liste et on fait une jolie photo avec eux. Le problème ce n’est pas que la jeunesse ne veut pas s’engager en politique, le problème ce sont les candidats. Quand on ne prête pas vraiment attention à la jeunesse, il ne faut pas demander à la jeunesse de s’intéresser à eux.
Ce serait par ailleurs réducteur de dire que vous êtes le candidat de la jeunesse ?
Bien sûr. Je ne suis pas que le candidat de la jeunesse comme on peut le voir dans mes priorité. Bien sûr j’ai des propositions pour la jeunesse, car j’en fait partie mais je souhaite porter dans ce quinquennat des priorités, comme je l’ai dit, sur la sécurité, l’économie, l’écologie et la santé. Il y a des choses à changer, mais Emmanuel Macron a déjà fait beaucoup de choses pour la jeunesse. J’ai peut-être une visibilité médiatique que certains candidats n’ont pas, parce que je suis jeune, et c’est une force, mais je ne suis pas uniquement le candidat des jeunes.