En ville comme dans les zones les plus rurales, il n’est pas rare de voir des poubelles qui débordent et des déchets qui viennent s’étaler au sol. Bien au contraire.
Ainsi, à l’occasion de la Semaine étudiante de l’écologie et de la solidarité organisée du 11 au 15 avril par la Mission Développement Durable et Responsabilité Sociétale de l’université Paul Valéry Montpellier 3, l’association Montpellier Zéro Déchet a souhaité éveiller. Éveiller les consciences par rapport à cette problématique liée à la production et à la gestion des déchets.
Objectif zéro déchet à Montpellier !
Créée en 2017, l’association Montpellier Zéro Déchet rassemble des citoyens engagés et volontaires désireux d’agir pour la réduction des déchets.
Groupe local de l’association nationale Zero Waste France, elle dispose tout de même d’une certaine indépendance et mène des actions diverses et variées sur tout le territoire.
Entre sensibilisation auprès des commerces, interventions dans les écoles, ateliers pour apprendre à réaliser ses produits soi-même ou encore cartographie du Zéro Déchet qui répertorie les lieux les plus vertueux de la ville, l’association milite activement dans ce sens.
Ophélie, bénévole de l’association, n’hésite pas à tenir des propos difficiles pour faire réagir : « On produit tous énormément de déchets. C’est 590 kilos de déchets ménagers par an et par personne en France. Pour une famille de quatre personnes, c’est deux tonnes et on dit aux enfants que ça représente le poids d’un éléphant pour leur montrer combien c’est énorme. ».
« On produit tous énormément de déchets. C’est 590 kilos de déchets ménagers par an et par personne en France. Pour une famille de quatre personnes, c’est deux tonnes et on dit aux enfants que ça représente le poids d’un éléphant pour leur montrer combien c’est énorme. »
Elle va même encore plus loin et montre bien que cet enjeu dépasse largement le cadre national : « Si on inclut les déchets délocalisés, certaines estimations montent à 50 tonnes de ressources par an et par Européen. ».
Dans cette lignée, Ophélie présente la démarche des 5R : refuser, réduire, réutiliser, rendre à la terre et recycler. Applicable au quotidien, cette règle s’inscrit dans une logique visant à limiter l’impact des déchets sur l’environnement.
Non, c’est non !
Compliqué de refuser un prospectus à un démarcheur dans la rue ou encore son ticket de caisse au supermarché. Pourtant, refuser est un geste essentiel de la démarche « Zéro déchet zéro gaspillage ». Lors d’une sortie, il est également conseillé d’avoir sur soi un mug et même des couverts pour éviter d’en utiliser des jetables.
Autre geste qui tend à se répandre de plus en plus : apposer un autocollant Stop Pub sur sa boîte aux lettres. D’ailleurs, l’association Montpellier Zéro Déchet tient une page Facebook intitulée Balance ta pub qui permet de signaler la présence de publicités dans la boîte aux lettres malgré la présence de l’autocollant. Les internautes n’ont qu’à prendre en photo leur boîte pleine de prospectus et l’association contacte si possible les coupables de ce dépôt intempestif pour leur rappeler quelques règles de bonnes conduites écologiques.
Ophélie considère en effet qu’il s’agit de « gestes très simples qui permettent de réduire le contenu des poubelles et qui font faire une vraie économie au niveau des ressources. »
Ce dont on a besoin (mais pas plus)
Au quotidien, il existe de nombreux moyens pour réduire sa consommation et ainsi limiter le gaspillage. Par exemple, lors d’un buffet à volonté ou d’un déjeuner au self, il est conseillé de se servir uniquement ce qui va être mangé à coup sûr.
Mauvais point donc à ceux qui ont tendance à prendre un énorme morceau de pain pour finalement en laisser la moitié dans le plateau. Pour les plus courageux qui aiment s’aventurer à goûter de nouveaux aliments, il est alors préférable de n’en demander qu’une petite cuillère.
Au-delà de l’alimentaire, il faut évidemment prendre au maximum soin de ses affaires pour les faire durer dans le temps et essayer dans la mesure du possible de réaliser ses produits soi-même pour limiter son exposition aux substances chimiques. Bien que très attirant de par leurs emballages colorés et leurs odeurs toutes plus originales les unes que les autres, les gels douches et les shampoings vendus en grande surface sont souvent infestés de produits chimiques.
Rendre à la terre ce qui est à la terre
Rendre à la terre rime souvent avec compostage. Un procédé pas toujours évident pour les occupants d’appartements. Néanmoins, des solutions existent pour ceux qui ne possèdent pas de jardin. Il existe en effet des composteurs de cuisine avec des étages permettant aux vers de terre de circuler. De plus, la dégradation des déchets permet de produire une certaine quantité d’eau. Eau qui peut par exemple être utilisée pour arroser les quelques plantes qui ornent le balcon.
Une autre technique existe également : celle du bokashi, technique traditionnelle japonaise utilisée à l’origine par les fermiers et jardiniers qui faisaient fermenter du son de riz avec un mélange de bactéries. Ainsi, le bokashi permet de prédégrader les déchets. Une bonne méthode pour les plus réticents qui ne souhaitent pas partager leur quotidien avec des vers de terre.
Ophélie, bénévole de l’association Montpellier Zéro Déchet, insiste sur l’importance du compostage : « Ça permet de réduire 30% de la poubelle et c’est le premier pas à faire pour réduire ses déchets ».
Les objets aussi peuvent vivre plusieurs vies
Peu importe leur état, il est presque toujours possible de donner une seconde vie aux objets afin de les réutiliser. S’ils sont en bon état, alors il est conseillé de les vendre ou même de les donner. Dans le cas contraire, il faut essayer de les réparer. C’est ce qui est plus couramment appelé l’upcycling. Autrement dit : transformer du vieux pour en faire du neuf.
Ophélie rappelle d’ailleurs que l’association Montpellier Zéro Déchet est particulièrement engagée dans cette pratique : « On a fabriqué des éponges avec de vieilles chaussettes ou encore des sacs avec des tee-shirts complètement usés ».
« On a fabriqué des éponges avec de vieilles chaussettes ou encore des sacs avec des tee-shirts complètement usés ».
En effet, les tissus usés peuvent avoir de très nombreuses utilités, dont certaines relativement insolites. Pour faire un joli paquet cadeau à l’occasion d’un anniversaire ou des fêtes de fin d’année, plus besoin de papier. Pensez plutôt au furoshiki, cette technique traditionnelle japonaise de pliage et de nouage de tissus servant à emballer les cadeaux. Un vieux débardeur troué peut à présent servir pour empaqueter le dernier téléphone à la mode.
Enfin, de plus en plus répandus via des plateformes comme Vinted ou Geev, les achats d’occasion constituent également un des piliers de la stratégie « Zéro déchet, zéro gaspillage ».
En dernier recours
Lorsqu’il est question de limiter la production de déchets, difficile de ne pas mentionner le recyclage. Pourtant, contrairement aux idées reçues, il n’est pas le premier geste à envisager. Bien loin de là. Ophélie témoigne : « C’est le tout dernier geste auquel il faut penser parce que ce n’est pas non plus une solution miracle. ».
Quelques petits conseils pour apprendre à recycler de façon plus efficace. Tout d’abord, pour les textiles, tous n’ont pas leur place dans les bennes dédiées. En effet, seuls les plus abîmés sont recyclés. Les vêtements jugés en trop bon état repartent quant à eux dans le circuit de vente. Dans ce cas, il vaut mieux ne pas les jeter mais plutôt les garder afin de les donner à des associations.
Enfin, ce qui concerne les médicaments périmés, il est impératif de les ramener en pharmacie plutôt que de les jeter à la poubelle, ou pire, dans l’eau des toilettes.
Au-delà des 5 R
Bien que très vertueuse, la démarche des 5 R ne suffit pas à réduire drastiquement l’utilisation des ressources. Pour participer à la transition écologique de manière encore plus forte et complète, d’autres piliers sont à mobiliser, comme par exemple le retour à une alimentation plus respectueuse de l’environnement ou le choix d’un mode de déplacement adapté aux différentes situations quotidiennes.
D’ailleurs, Ophélie insiste bien sur ce point : « Les déchets, c’est un petit problème, mais quand on parle de réchauffement climatique, c’est encore plus large. ». Elle précise en souriant : « Le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas. ».