Violents vol et séquestration à Béziers : deux braqueurs « philatélistes » arrêtés


Deux repris de justice biterrois ont été mis en examen jeudi soir pour arrestation, séquestration de moins de sept jours, vol avec arme et violences volontaires en bande organisée par un juge d’instruction du tribunal de grande instance de Béziers et incarcérés, cinq mois après un violent braquage, indique ce vendredi Yvon Calvet, le procureur de la République de Béziers. Des chefs au criminel jugés devant une cour d’assises.

L’affaire remonte au matin du 2 novembre dernier, quand deux malfrats encagoulés, gantés et armés d’un pistolet automatique de calibre 45 avec le chargeur approvisionné font irruption dans une boutique spécialisée dans l’achat et la vente de pièces de philatélie, dont des timbres et des planches de collection, situé sur la route de Pézenas, à Béziers. Le gérant et un ami, un client sont malmenés, puis ligotés.

45 jours d’arrêt de travail

Les braqueurs exigent l’ouverture du coffre-fort. Comme le commerçant tarde, il est frappé de nombreux et forts coups de pied aux flancs, ce qui lui occasionne des blessures ayant entraîné 45 jours d’arrêt de travail. Les agresseurs qui obtiennent satisfaction repartent avec des timbres de collection, divers autres accessoires et du numéraire.

Un butin supérieur à 100.000€, selon le commissaire divisionnaire Jean-Philippe Fougereau, directeur du Service régional de police judiciaire -SRPJ- de Montpellier.

Deux quadragénaires locaux

L’enquête s’annonce difficile, car, les policiers pensent que les braqueurs ont agi sur commande, tant le butin semble très difficile à écouler sur le marché très fermé de la philatélie. Les enquêteurs ont relevé le profil professionnel du duo, visiblement des auteurs chevronnés, qui n’ont pas paniqués, calmes et déterminés, comme l’ont relevé les deux victimes. « Ce n’était pas de jeunes loups, mais des braqueurs chevronnés », confirme le directeur du SRPJ.

C’est ce qui se vérifie après cinq mois mois d’investigations payantes, dont des surveillances discrètes techniques, téléphoniques et physiques depuis que deux suspects avaient été identifiés, deux Biterrois âgés de 46 et de 49 ans qui ont été arrêtés mardi, l’un à 4h au moment où il partait à Paris en voiture pour écouler une partie des timbres de valeur volés auprès d’un éventuel acheteur, l’autre à 6h30, à son domicile.

Hold up, assassinat et séquestration

Les policiers ont saisi une grande partie du butin, des cagoules, le pistolet automatique de calibre 45, les munitions, des téléphones. Les deux quadragénaires sont des « vieux chevaux de retour », comme on dit, à savoir qu’ils possèdent un casier judiciaire chargés, notamment de condamnations criminelles : l’un d’eux a été emprisonné pour un vol à main armée dans le Gers -12 ans de réclusion criminelle- et pour un assassinat dans l’Aude -15 ans de réclusion- dans les années 2000. Il avait été libéré quelques mois avant de braquer le commerçant de philatélie biterrois.

Réseaux alertés

Son complice a été condamné à dix-sept reprises dans le passé, pour des vols avec violence, dont un avec séquestration, ce qui lui avait valu neuf années de prison. Leur arrestation semble conforter l’hypothèque que les deux mis en examen n’avaient pas agi pour un commanditaire, puisqu’en possession depuis novembre dernier des timbres de collection, ils rencontraient des difficultés pour les écouler

Le SRPJ avait alerté les réseaux spécialisés dans la philatélie pour signaler toute transaction portant sur les lots de timbrés dérobés à Béziers. C’est un précieux renseignement de la gendarmerie de l’Hérault récemment obtenu par la cellule de renseignement opérationnelle des stupéfiants -CROS- basée au SRPJ, qui a permis de mettre les enquêteurs de la police judiciaire sur la piste des deux braqueurs.

Des timbres de collection de valeur difficiles à écouler. Photo D.R.
Le procureur de la République de Béziers, Yvon Calvet -à droite-, avec le commissaire divisionnaire Jean-Philippe Fougereau directeur du SRPJ de Montpellier. Photo JMA. Métropolitain.
Le 12/04/2019 à 17:32, par Jean-Marc Aubert.