Béziers. Hydrogène vert et Gigafactory : Genvia sacré lauréat de « Site clé en main 2030 »


Le préfet de l'Hérault (avec notamment Florence Lambert) récemment sur le site de Genvia
Le préfet de l’Hérault (avec Florence Lambert) récemment sur le site de Genvia (©Préfecture Hérault)

Dans la course mondiale à la production d’hydrogène décarboné, l’industriel Genvia, implanté sur le site de la ZAC Mazeran, aux portes sud-est de Béziers, vient d’être sacré lauréat de « clés en main » 2024, parmi les 54 autres groupes et/ou entreprises honorés en France par l’État. C’est d’ailleurs le seul primé dans l’Hérault et l’un des rares en Occitanie.

Un honneur pour Florence Lambert, à la tête de CEO Genvia qui porte un énorme projet, la création d’une Gigafactory sur une parcelle de 111 hectares et pour un budget prévisionnel de 200M€. Soutenue donc par l’État dans le cadre du programme France 2030, la future Gigafactory produira plusieurs milliers d’électrolyseurs par an, pour décarbonater l’industrie. Début juin 2023, deux ans après l’arrivée de Envia à Béziers, Robert Ménard, le maire, président de l’Agglomération de Béziers et Florence Lambert ont signé un protocole financier en vue d’implanter cette usine futuriste sur le site de Mazeran, qui sera donc opérationnelle dans six ans.

En visite sur le site biterrois récemment, François-Xavier Lauch, le préfet de l’Hérault a confirmé que la cérémonie officielle de la pose de la première pierre de la Gigafactory aura lieu en 2026.

En révélant la liste des 55 lauréats, Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires s’est longuement félicité : « le lancement du dispositif sites clés en main France 2030 est une excellente nouvelle pour la transition écologique et énergétique de notre pays. Il s’agit d’une traduction concrète de l’écologie à la Française, pensée par le président de la République et mise en œuvre par le gouvernement. Une écologie qui concilie souveraineté et protection de nos intérêts nationaux, gains économiques et plein-emploi, et enfin décarbonation de notre pays. Avec les sites clés en main, le gouvernement propose aux porteurs de projets industriels d’accéder à des sites fonciers à court terme. Il permet également aux aménageurs et aux collectivités de valoriser des sites labélisés, le tout dans une logique de sobriété foncière exemplaire. Le dispositif s’inscrit ainsi en parfaite complémentarité avec la politique de zéro artificialisation nette que je porte. Je me félicite que plus de 60% des sites retenus s’inscrivent dans une dynamique de recyclage du foncier ».

Béziers seule ville de l'Hérault et rare d'Occitanie sur la carte
Béziers seule ville de l’Hérault et rare d’Occitanie sur la carte (©Ministère Transition écologique)

Qu’est ce qu’un site clés en main France 2030 ?

Un site France 2030 est préparé pour l’accueil de nouvelles usines. Sa labellisation implique de remplir des conditions de maturité, avec une feuille de route évaluée par les services de l’État : le site doit être prêt à l’emploi, avec un état des lieux le plus complet possible, et présenter le minimum de risques et un maximum de visibilité pour les porteurs de projets.

Les sites clés en main France 2030 présentent plusieurs avantages : d’abord, pour les investisseurs avec des sites « premium » intégrés dans un écosystème industriel, un état des lieux complet avec la mise à disposition des études techniques du site, une maîtrise des risques optimisée, avec des sites pré-qualifiés par les services de l’État, une réduction des délais d’implantations en anticipant les études nécessaires et garantir un suivi par les services de l’État. 

Ensuite, pour les maîtres d’ouvrage, un processus permettant de rendre le site prêt à l’emploi, la possibilité de bénéficier d’un accompagnement en ingénierie et/ou en investissement avec un accompagnement sur- mesure pour réaliser les démarches et études nécessaires à la mise en conformité du site, une promotion prioritaire auprès des investisseurs étrangers, une visibilité renforcée grâce à la labellisation.

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Les sites sélectionnés dans le cadre du dispositif font état de maturités différentes : l’accompagnement proposé permettra d’accélérer les démarches administratives et réglementaires, afin de disposer de sites véritablement clés en main, sur lesquels les investisseurs pourront s’installer rapidement.

Le site de Genvia dans la ZAC de Mazeran aux portes de Béziers.
Le site de Genvia dans la ZAC de Mazeran à Béziers va s’agrandir avec la Gigafactory (©Genvia)

C’est quoi un électrolyseur et à quoi ça sert ?

Un électrolyseur est un appareil qui utilise l’électricité pour diviser l’eau ou d’autres composants en leurs éléments constitutifs par électrolyse, qui est une réaction chimique dans laquelle un courant électrique traverse une substance, l’amenant à se décomposer en ses composants de base. Dans le cas de l’électrolyse de l’eau, un électrolyseur utilise un courant électrique pour diviser les molécules d’eau en gaz hydrogène et oxygène. L’hydrogène gazeux peut être stocké sous forme de gaz comprimé ou liquéfié. L’oxygène créé est relâché dans l’air ou capturé et stocké pour alimenter d’autres procédés industriels. 

La forme de base d’une unité d’électrolyseur contient une cellule électrolytique avec deux électrodes – une cathode (charge négative) et une anode (charge positive) – et une membrane. Un système d’électrolyseur contient les empilements de cellules d’électrolyseur, les pompes, les évents, les réservoirs de stockage, une alimentation électrique, un séparateur et d’autres composants de fonctionnement.

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Les électrolyseurs sont principalement utilisés pour produire de l’hydrogène gazeux. L’hydrogène est essentiel pour les processus industriels, y compris ammoniacproduction d’engrais et de carburant pour les applications de piles à combustible telles que bus, camions et les trains. Ils peuvent être utilisés pour le stockage de l’énergie en convertissant l’électricité excédentaire provenant de sources d’énergie renouvelables, telles que l’éolien, le solaire et l’hydroélectricité, en hydrogène gazeux. Le gaz peut ensuite être comprimé, stocké et utilisé selon les besoins.

De taille et de fonction variables, les électrolyseurs sont évolutifs pour répondre à divers besoins d’entrée et de sortie. Leur empreinte peut aller de petites usines d’électrolyseurs industriels installées dans des conteneurs d’expédition pour la production sur site à des installations centralisées de production d’hydrogène à grande échelle capables de livrer de l’hydrogène par camions ou d’être connectées à des pipelines pour le mélange de gaz naturel.

Carole Delga : « La Région Occitanie visionnaire »

« La Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée a été visionnaire en identifiant très tôt le potentiel de l’hydrogène vert dans la décarbonation de l’énergie, des transports et le développement des énergies renouvelables », se félicite la présidente, Carole Delga.

Pionnière, en effet, la Région a, dès 2019, adopté un Plan Hydrogène vert de 150 M€, le premier à l’échelle d’une région. « Cette avance nous a permis de bâtir un écosystème complet et d’être aujourd’hui présent sur l’ensemble de la chaîne hydrogène, de la R&D à la production et la distribution, mais aussi sur le développement des usages. Qu’elle soit à l’initiative de certains projets, financeur ou actionnaire grâce à son Agence Régionale Energie Climat -AREC-, la Région agit et fait de l’hydrogène vert une réalité concrète en Occitanie. Et les résultats sont déjà là : dans quelques jours, nous mettrons en circulation les premiers bus à hydrogène rétrofités pour le transport de voyageurs sur une ligne régulière, une première en France, réalisée par l’entreprise tarnaise  Safra -à Albi- et ses salariés. Treize autres suivront d’ici la fin de l’année », révèle Carole Delga.

Un bus roulant à l'hydrogène grâce à la Région Occitanie
H2 : un des bus qui va rouler à l’hydrogène rétrofité grâce à la Région Occitanie (©Région Occitanie)

En décembre dernier, deux sites de production massive d’hydrogène ont été inaugurés, dont la station de production et de distribution Hyport, unique en Europe. Dans quelques mois, le premier train à hydrogène fabriqué en Occitanie sera mis en service sur la ligne Montréjeau-Luchon., puis d’autres seront sur les rails.

Dans l’Hérault, Genvia Beziers, la société d’électrolyseurs nouvelle génération, dont la Région est actionnaire, a inauguré sa ligne de production pilote, première étape vers un déploiement industriel de cette technologie de rupture. La région construit dans le même temps le Technocampus hydrogène à Francazal, aux portes de Toulouse, plus grand centre européen de recherche, d’essai et d’innovation dédié à l’hydrogène vert.

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Energies d’avenir

« L’hydrogène vert ne pourra pas, à lui seul, nous permettre de remporter le combat que nous menons contre le réchauffement climatique. Mais grâce à nos efforts et à notre statut de région pilote, il deviendra un des piliers du mix énergétique que nous construisons depuis presque dix ans en Occitanie, aux côtés d’autres énergies d’avenir, telle que l’éolien flottant. Pour ce faire, la filière de l’hydrogène a besoin d’un soutien plein et entier de l’État », insiste la présidente de la Région Occitanie. En fait, la clé du succès de l’hydrogène vert ne se trouve pas qu’à Béziers. 

25/04/2024 à 09:42 par Jean-Marc Aubert