Lancé en 2021 par le maire Les Républicains de Cannes et président de l’association des maires de France David Lisnard, le parti Nouvelle Énergie poursuit son implantation locale. Dans l’Hérault, Philippe Thinès, ancien président du Parti Radical de Gauche 34 et adjoint d’Hélène Mandroux, oeuvre ainsi à sa structuration autour des neuf circonscriptions du département comme à Montpellier avec Sandra Houée qui, depuis les Gilets jaunes, poursuit son chemin politique. L’objectif est clairement défini : porter la candidature de Davis Lisnard à la Présidentielle 2027.

Le déploiement dans les régions

« 2027, c’est à la fois loin et proche ». Comme Anthony Belin, quelques-uns pensent la même chose en se rasant le matin. Toutefois, l’ancien directeur de cabinet de Pierre Soujol à Lunel ne songe pas à se présenter à la Présidentielle mais y travaille pour David Lisnard. Le maire de Cannes et président de l’association des maires de France ne cache pas ses ambitions. Tout en restant fidèle aux Républicains, l’ancien porte-parole de François Fillon en 2017 construit sa voi(x)e depuis 2021 avec le parti Nouvelle Énergie. Une ambition d’autant plus affirmer en octobre dernier avec l’inauguration de son QG parisien et la volonté de faire bouger son camp et les lignes. Mais Cannes, Paris et une bonne côte médiatique ne suffisent pas pour accéder à l’Élysée. D’où un déploiement dans les régions.

Anthony Belin a donc en charge l’implantation de Nouvelle Énergie en Occitanie qui compte pour l’heure onze référents sur treize départements chacun ayant « une liberté d’organisation ». En charge de l’Hérault, Philippe Thinès s’est à son tour entouré d’un relais jeune et d’un relais sur les neuf circonscriptions faisant ainsi du département « un laboratoire national pour le parti. Cela permet de faire émerger de nouveaux profils en politique, des personnes issues de la société civile, et on arrive surtout à mélanger une diversité politique qui fait la richesse de Nouvelle Énergie » souligne le référent régional.

Sandra Houée des Gilets jaunes à Nouvelle Énergie

Sur la base du socle de valeurs défendu par David Lisnard, Philippe Thinès a donc recruté large pour couvrir les neufs circonscriptions « Il n’y a pas meilleur spécialiste que le citoyen qui vit au quotidien les problématiques pour apporter des réponses. Aux politiques d’écouter et de prendre des décisions » défend-il en annonçant un responsable syndicale de la police, un ancien responsable de Chasse, Pêche, Nature et Tradition, un porte-parole de Debout la France, un chef d’entreprise dont c’est le premier engagement politique… et donc, à Montpellier, Sandra Houée.

« Je suis habitée par mes convictions. Je suis très fâchée mais pas facho » se présente cette « grande gueule » découverte lors des Gilets Jaunes pour ses prises de position parfois à l’encontre même du mouvement puis engagée dans une association citoyenne locale avant d’apparaître en 2021 comme candidate aux Départementales pour Les Républicains et donc aujourd’hui au service de Nouvelle Énergie. « Je suis fière d’être là car je continue mon combat de citoyenne commencé en 2018. David Lisnard regroupe tous les partis politiques et tous ensemble on peut faire quelque chose » explique-t-elle séduite par le caractère « éclectique de l’approche de David Lisnard. Avec lui, il y a une issue de dialogue possible en pouvant parler avec tout le monde et en étant constructif ».

Avec son expérience, Philippe Thinès est sur la même tonalité. « Il faut sortir de 50 ans de gestion politique. Que ce soit la gauche ou la droite, c’était à peu près la même politique avec pour chacun des marqueurs comme le social pour les uns ou la sécurité pour les autres. Macron a pris quelques personnes à gauche et à droite mais applique le même genre de politique. Les citoyens ne veulent plus de cette politique donc ils recherchent une offre complètement différente. David Lisnard a des propositions différentes et complètements transversales ».

Quelles échéances électorales ?

S’ils ne s’impliquent pas dans les Européennes tout en y portant un regard attentif, avant la Présidentielle et les Législatives, se présentera l’échéance des Municipales. « Ce n’est pas l’objectif. Nous voulons d’abord remettre le citoyen au coeur de la politique, ce qui s’est perdu depuis trop longtemps » clarifie Sandra Houée. « Nous ne sommes pas là pour être des commentateurs de la vie municipale. Ce n’est nullement une déclaration de guerre à Michaël Delafosse qui par ailleurs s’entend très bien avec David Lisnard » précise Anthony Belin. Depuis la déroute d’Alex Larue en 2020, les élections suivantes n’étant pas plus glorieuses, Les Républicains semblent absents de Montpellier et dans une situation où la gauche serait morcelée, Nouvelle Énergie pourrait tout de même avoir un rôle à jouer. « On participera aux élections municipales. Dans quel cadre ? On ne sait pas car ce n’est pas notre projet mais nous ne serons ni spectateur, ni commentateur » prévient Philippe Thinès.

Ce dernier fait preuve de prudence car il ne veut pas brûler les étapes. « L’objectif est la structuration pour donner un socle à David Lisnard afin de préparer les Présidentielles. C’est loin mais nous avons besoin d’être structuré. Les partis qui n’ont pas d’assise populaire et d’élus ne sont pas fiables. Et si on veut faire passer de grandes réformes, nous avons besoin d’un soutien populaire et d’élus à l’Assemblée nationale ». D’où les référents par circonscription et un début de projection sur les Législatives qui viendront en leur temps.

Structurer le parti

Outre des rencontres avec des élus de tout bord afin de présenter « une démarche et une façon de travailler et pas un homme providentiel que les gens ne veulent plus », cafés politiques et autres réunions se multiplieront pour permettre d’échanger avec les citoyens sur différentes thématiques afin de confronter les idées et les propositions. « L’idée est de nourrir le débat national depuis le terrain » explique Anthony Belin enthousiaste quant à la progression du parti en Occitanie. À une trentaine il y a deux ans, le nombre d’adhérents en Occitanie aurait dépassé le millier dont 150 dans l’Hérault et une cinquantaine à Montpellier. Le maire de Castelnau-le-Lez Frédéric Lafforgue s’inscrit également pleinement dans cette démarche.

« Le scrutin est plus qu’incertain. Les Français veulent du renouveau mais en même temps de l’expérience, c’est en ça qu’un maire peut être intéressant et d’autant plus David Lisnard par son expérience de terrain et le pragmatisme dont il fait preuve dans la gestion des affaires quotidiennes à Cannes » plaide Philippe Thinès. De 2024 à 2027, le temps est encore long mais le travail ne manque pas pour les référents de Nouvelle Énergie.

Philippe Thinès, de la CGT à Nouvelle Énergie

« La démarche de David Lisnard est présidentielle. On doit avoir un socle idéologique mais si on ne l’élargit pas, on ne sera jamais élu. C’est toute la difficulté des extrêmes qui sont trop clivants. David Lisnard a une proposition politique qui peut satisfaire tout le monde » met en avant Philippe Thinès. Militant syndicaliste CGT avant de participer à la création du syndicat SUD Énergie, adhérent en 1993 au Parti Radical de Gauche, conseiller municipal et adjoint d’Hélène Mandroux, également présent sur des listes d’union conduite par les socialistes Georges Frêche et Jean-Pierre Moure, mais également sur celle du premier tour de Mohed Altrad aux dernières Municipales, le retrouver aujourd’hui au côté du maire de Cannes a tout de même de quoi surprendre.

« J’avais arrêté la politique car je ne me retrouvais pas dans les partis de gauche et l’offre faite. J’ai été malade et cela m’a donné le temps de réfléchir. J’ai découvert alors David Lisnard à travers son livre qui m’a fortement intéressé. C’est la première fois que je suis 100% d’accord avec quelqu’un. Les gens n’aiment pas que l’on parle de libéralisme économique mais je pense que c’est l’avenir de la France. Et il a le respect de la République et retrouver les valeurs républicaines. Cela me fait penser aux Radicaux de la IVe République » explique-t-il. Conscient que cela puisse tout de même étonner, Philippe Thinès ne pense pas se renier pour autant. « Idéologiquement je n’ai pas changé. Est-ce que je me suis trompé quand j’étais jeune ? Je ne penses pas. Toujours est-il qu’aujourd’hui, je me sens bien idéologiquement à Nouvelle Énergie » défend-il avant de préciser : « David Lisnard est connoté à droite mais idéologiquement, il n’est pas si à droite que ça. Dans sa philosophie, il est surtout le garant des normes républicaines. C’est quelque chose qui réunit les gens de gauche et de droite qui ne sont pas dans les extrêmes ».

Et d’appuyer son propos : « Côté économique faisons confiance aux entreprises et côté sociétal aux citoyens, l’élu doit être là pour trancher et appliquer les lois. Cela a toujours été mon fil conducteur. C’est pour ça que je ne pense pas avoir changé. La société, les idées, les curseurs… ont changé mais je me sens toujours bien et même de mieux en mieux. Nouvelle Énergie répond complètement à mes attentes d’aujourd’hui ». Presque une seconde jeunesse même si Philippe Thinès assure que ce sera là son dernier combat politique avec en ligne mire « empêcher l’extrême gauche d’arriver au pouvoir ».

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