Près de Montpellier. Combaillaux : deux chiens en chasse tuent des chats, un comité s’alarme


Une belle preuve d'amour entre un chien et un chat comme des propriétaires en rêvent à Combaillaux
Une belle preuve d’amour entre un chien et un chat comme des propriétaires en rêvent à Combaillaux (©Pixabay)

Bonjour l’ambiance ! À Combaillaux, petit village champêtre de 2 000 âmes situé à quelques kilomètres au nord-ouest de Montpellier, l’expression « s’entendre comme chien et chat » prend tout sa dimension. Des chats sont tués ou mutilés par deux chiens de chasse en liberté, au point d’exaspérer la population.

Ce conflit entre des habitants propriétaires de matous, le chasseur montré du doigt, avec le maire au milieu, perdure depuis 2021, avec des périodes calmes et d’autres agitées, comme depuis ces derniers mois. L’affaire est tellement grave que le maire de Combaillaux, Daniel Floutard -Le Nouveau Centre- a pondu un arrêté alertant le préfet de l’Hérault, que des résidents ont constitué un comité actif et que des plaintes ont été déposées à la gendarmerie. En vain visiblement.

« Des dizaines de chats attaqués par deux chiens errants sont massacrés ou retrouvés vivants, mais portant des plaies sanglantes. Nous avons clairement identifié formellement le propriétaire des chiens qui habite dans la commune », révèle Isabelle Lefebvre-Tournier à Métropolitain.

« Pour faire bouger les choses, alors qu’un arrêté a été pris par le maire, nous nous sommes constitués en comité regroupant les habitants, dont leurs animaux ont été victimes de ces dangereux chiens errants qui n’hésitent pas à franchir clôtures et grillages pour chasser nos chats, bien souvent en présence de leur maître impuissant face au déchaînement agressifs de ses canidés », explique celle qui est la porte-parole du comité.

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Elle sonne l’alerte avant un terrible drame : « ces faits se produisant au sein des domiciles de familles, il est à craindre qu’un enfant, inconscient du danger veuille s’interposer pour délivrer son animal domestique. L’acharnement bestial de ces chiens et les blessures souvent mortelles infligées aux animaux familiers ne laissent pas la place au doute quant au danger encouru par les personnes ».

Isabelle Lefebvre-Tournier confirme que, « nous avons, dans le cadre du comité, saisi le premier magistrat de la commune qui dans un premier temps nous a affirmé être impuissant. Nous nous sommes alors rapprochés d’associations locales et nationales œuvrant pour la protection des animaux, et avons prévenu le maire, qui dans un second temps à finalement promulgué un arrêté qui contraint le propriétaire des chiens à tenir en laisse ses deux chiens de chasse ». Et de dénoncer que, « cet arrêté a bien été publié et affiché dans la commune, mais il n’est toujours pas exécuté ».

Un arrêté public

Le 20 décembre 2023, en effet, Daniel Floutard a pris un arrêté « portant placement d’animal dans un lieu de dépôt » en citant nommément l’identité du citoyen de Combaillaux qui laisse ses deux chiens en errance et le prévenant : « en cas de danger grave et immédiat pour les personnes et/ou les animaux domestiques, les animaux pourront être euthanasiés sans délai après avis d’un vétérinaire désigné par la direction départementale de la protection des populations de la préfecture de l’Hérault. Un arrêté placardé publiquement et envoyé dans la foulée au chef de la police municipale, aux gendarmes et au préfet. 

Le coeur du village de Combaillaux où est placardé l'arrêté du maire à propos des chiens errants
Le village de Combaillaux où est placardé l’arrêté du maire à propos des chiens errants (©Wikipédia)

Sollicitée par Métropolitain à propos de cette affaire qui secoue Combaillaux, la mairie n’a pas donné suite. Par ailleurs, nous avons décidé de ne pas rendre publique l’identité du propriétaire des chiens.

Chiens de race épagneul

Outre des signalements lors de chaque attaque de chats à la police municipale de Combaillaux, plusieurs plaintes ont été déposées à la brigade territoriale autonome -BTA- de Saint-Gély-du-Fesc, rattachée à la compagnie de gendarmerie de Castelnau-le-Lez ont été enregistrées, « mais on se demande si une enquête est diligentée, nous n’en avons pas l’impression et pourtant le propriétaire de ces chiens de race épagneul est identifié », tempêtent les membres du comité.

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Le comité et les particuliers plaignants ont constitué un dossier transmis au maire et aux gendarmes avec des témoignages accablants qui décrivent un même mode opératoire attribué à deux mêmes canidés, des photos, les rapports des vétérinaires. Métropolitain a appris toutefois que les premiers signalements inquiétants ont bien été pris en compte et qu’un des deux chiens de chasse a été capturé et brièvement enfermé dans une fourrière. 

« C’est exact, mais cet épagneul n’y pas resté longtemps et depuis, les attaques ont repris et le danger de nous faire mordre persiste » s’alarme Isabelle Lefebvre-Tournier, évoquant « l’impasse dans laquelle nous nous trouvons à savoir, le stress des habitants, le laxisme du propriétaire des deux animaux, l’attentisme de la municipalité et de la gendarmerie ».

Ils témoignent

Les propriétaires de Combaillaux qui ont vu leurs matous pourchassés, blessés ou tués par ces deux chiens en divagation récurrente ont pris des dispositions pour éviter d’être encore des proies faciles. Sandy raconte que le 19 octobre 2023, vers 17h « deux épagneuls bretons déambulaient seuls autour des maisons se trouvant au même numéro que notre domicile. Etant dehors avec mon fils de 3 ans qui faisait du vélo à ce moment là, j’ai surveillé les allés-venus de ces deux chiens. Deux ans plus tôt, le chat de notre voisine Saskia avait succombé aux profondes blessures infligées par ces mêmes chiens. Ma femelle chatte se trouvait dans notre jardin privé et notre chat mâle sur notre terrasse et nous étions apeurés de voir ces deux chiens tourner autour de notre maison, j’ai appelé des voisines. Puis, nous avons entendu un grand fracas et nous avons vu les deux chiens courser mes deux chats dans la propriété, nous les avons mis en fuite pour sauver notre chatte et notre chat d’un funeste destin. J’ai retrouvé les deux chats prostrés et ils ne se sont pas alimentés pendant 24h. Une de mes voisines a pu attraper un des deux chiens pour vérifier s’ils appartenaient à quelqu’un. Un numéro de téléphone était inscrit. J’ai joint par téléphone le propriétaire des chiens qui m’a expliqué que quelqu’un de sa famille n’avait pas bien refermé le portail et qu’ils s’étaient échappés de son domicile. Celui-ci est arrivée en trombe devant nos domicile, ne montrant aucune empathie devant les faits que je venais de lui relater, avant de repartir ».

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Sandy a vécu une seconde virée des deux épagneuls bretons, le 10 décembre dernier vers 16h30, alors qu’elle se trouvait dehors de nouveau avec son jeune enfant : elle et ses voisines ont pu récupérer les chats et les confiner, tandis qu’un des matous réfugié en haut d’un arbre a refusé d’en descendre pendant des heures.

« J’ai de nouveau contacté la police municipale du village le lundi matin, tandis que mon compagnon a fait le nécessaire pour réparer à plusieurs reprises nos clôtures permettant ainsi de sécuriser notre jardin. Ces chiens sont non seulement en liberté sur la voie publique, mais de plus, s’introduisent dans les propriétés privées » peste Sandy dans un courrier adressé au maire de Combaillaux. Elle apprendra plus tard que ce 10 décembre, d’autres chats ont été tués.

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Léa a régalement écrit à Daniel Floutard : « deux chiens de chasse, type épagneul breton, passent leur temps à errer dans le village, du quartier des Sajolles jusqu’aux hauts de la fontaine, rentrent dans les jardins, même clôturés, et attaquent les chats. Plusieurs d’entre -eux ont été blessés ou déchiquetés par ces chiens. Le 10 décembre 2023, deux chats sont morts, un autre blessé gravement. La situation dure visiblement depuis des années, la police municipale a été prévenue à de nombreuses reprises, mais rien ne change. Pourtant tout le monde sait à qui ces chiens appartiennent (…) En laissant ses chiens agir ainsi, et en étant pleinement conscient de la situation, ce propriétaire irresponsable qui vit ici depuis des dizaines d’années est totalement responsable de tous les drames qui ont eu lieu ».

De son côté, Carmen raconte que, « dimanche 10 décembre 2023 vers 15h, « deux chiens de chasse de race épagneul sont arrivés dans ma propriété, ils étaient complètement désorientés par une errance, ils étaient méchants, ils ont  tué mon chat sous mes yeux, avant de se montrer agressif envers moi ».

Des plaintes ont été déposées à la brigade de gendarmerie de Saint-Gély-du-Fesc
Des plaintes ont été déposées à la brigade de gendarmerie de Saint-Gély-du-Fesc (©Gendarmerie nationale)

Le propriétaire à la gendarmerie

Après trois mois d’accalmie et alors que l’arrêté municipal est toujours en vigueur, les attaques ont repris récemment, comme l’atteste une autre plainte déposée le 29 mars dernier par Mélanie, dont une de ses chattes « a été retrouvée morte, disloquée le 6 mars 2024, dans l’allée de ma propriété. J’ai reconnu les deux chiens en question qui divaguaient encore près de chez moi, dans le quartier des Sajolles. Le vétérinaire qui a réalisé l’autopsie a conclu que la femelle avait été tuée par les crocs de chien ».

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Selon nos informations, le propriétaire des chiens de chasse a été convoqué à la brigade de gendarmerie et entendu, en présence du maire de Combaillaux le 23 mars dernier, pour trouver une solution rapide. Entre-temps, les plaintes ont été classées sans suite par le parquet de Montpellier : selon les gendarmes, les attaques entre animaux sont considérées comme de l’instinct animal.

À Combaillaux, il semble que, même si les détenteurs de chats, méfiants et le propriétaire des épagneuls bretons se regardent toujours « en chien de faïence », le calme soit revenu depuis fin mars. Isabelle Lefebvre-Tournier en prend acte : « C’est sans doute parce que le ferme rappel à l’ordre des gendarmes a porté. Mais jusqu’à quand ? »…

19/04/2024 à 10:24 par Jean-Marc Aubert