Aedes albopictus ou moustique-tigre… L’insecte désormais célèbre s’est largement disséminé dans le monde ces trente dernières années. Initialement présent dans les forêts du sud-est asiatique, il est progressivement sorti de son habitat naturel pour s’installer dans des milieux peuplés comportant des petits gîtes larvaires similaires à ceux qu’il occupait en zone forestière (creux d’arbres, bambous coupés, …). Il a été détecté pour la première fois en France, à Menton, en 2004, et depuis il s’est étendu à une soixantaine de départements métropolitains et devrait à terme concerner la quasi-totalité de l’Hexagone.
Arrivé dans l’Hérault en 2010, le moustique-tigre est désormais présent dans toute la région. Selon l’EID Méditerranée (Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen), « ses gîtes de reproduction sont fabriqués par l’Homme, principalement au cœur de l’habitat résidentiel ». Du 1er mai au 30 novembre, une surveillance renforcée des maladies transmises est mise en place sur tout le territoire. Il faut donc connaître quelques conseils, prodigués par Grégory L’Ambert, chargé de surveillance moustique tigre à l’EID Méditerranée.
Pas de moustique-tigre sans eau !
Premier geste simple : évacuer des eaux stagnantes qui constituent des gîtes larvaires. C’est le cas des coupelles de pots de fleurs, des seaux et des arrosoirs. « Une fois par semaine, il est recommandé de faire le tour de chez soi et de vider tous les récipients pouvant contenir de l’eau. Pour plus d’efficacité, s’organiser avec ses voisins en faisant un grand tri des objets à garder. Tout ce qui n’est pas nécessaire doit être jeté ou mis à l’abri », précise Grégory L’Ambert. Une petite astuce consiste à remplir les coupelles de sable : l’eau sera présente pour la plante mais le moustique ne pourra pas y pondre. Pensez aussi à vérifier le bon écoulement des eaux de pluie et des eaux usées et nettoyer régulièrement gouttières, regards, caniveaux et drainages. Enfin, tous les endroits présentant des trous doivent être étanchéifiés avec une moustiquaire ou un drap inutilisé afin de les préserver de l’eau.
Bien que pouvant être mises en place rapidement et démontrant une efficacité sur toute la période, ces solutions présentent quelques limites. « Elles aident à réduire le nombre de moustiques, mais pas drastiquement », reconnaît le chargé de surveillance de l’EID Méditerranée. C’est pourquoi elles se doivent d’être combinées à d’autres gestes du quotidien.
Sortez couverts (et tard de préférence)
Porter des vêtements amples, couvrants et clairs. En plus de vous garantir une bonne résistance face à la chaleur, ils créeront une barrière protectrice contre le nuisible. « Le moustique-tigre a tendance à piquer les jambes. Il est conseillé de privilégier un long pantalon aux shorts. Les couleurs claires les attirent moins, et pour les vêtements trop serrés, il est capable de piquer à travers », détaille l’entomologiste. Par ailleurs, l’insecte enregistre des pics de présence en journée, entre 7h et 10h et 17h et 21h. Ils ne sont, à l’inverse, pas actifs la nuit. Ces derniers sont aussi friands de températures plutôt chaudes, comprises entre 15 et 28 degrés, et d’humidité. Compte tenu de ces éléments, Grégory L’Ambert avise de différer ses sorties dans la mesure du possible : « Plutôt que de jardiner ou d’aller se promener en fin de journée, faîtes le en début d’après-midi ou tard le soir ».
Réduire les sources d’humidité passe également par le biais corporel. « Si vous sortez d’une activité physique, la transpiration va l’attirer, tout comme votre rythme cardiaque élevé, celui-ci entraînant davantage de bruit », souligne le spécialiste. Directement après le sport, une bonne douche, et ça repart ! Au contraire, cet insecte invasif n’est pas friand d’air. Un ventilateur avec de grosses pâles peut faire l’affaire : « Le moustique aura du mal à venir piquer si un flux d’air permanent le repousse. Le mieux est de prendre deux ventilateurs et de les positionner sous une table pour rafraîchir tout en faisant fuir l’insecte.
Des fausses bonnes idées ?
La lavande, le géranium, le marc de café, les poissons, la citronnelle sont des bons répulsifs. Il ne s’agit pas ici d’un conseil, mais bien d’une idée reçue qui s’avère, hélas, parfaitement fausse. Pour le marc de café, cela ne change rien si ce n’est qu’il n’y a pas de moustique dans le cône de fumée. Quant à la citronnelle, par exemple sous forme de bougie, elle sent bon et c’est tout. Si on l’utilise sous forme d’huile essentielle, cela a un effet modéré de seulement 20 minutes. De leur côté, les répulsifs cutanées ne marchent que localement, aux endroits où c’est appliqué, et sont vivement déconseillés pour des enfants de moins de trois ans. En cas de doute, il faut se tourner vers son pharmacien.
La traditionnelle bouteille coupée en deux avec du sucre et de la levure de bière n’est pas plus efficace. « Le dispositif attire tous les insectes qui recherchent du sucre, essentiellement les pollinisateurs. C’est le même problème avec la lampe UV en extérieur, qui vise les insectes nocturnes, très utiles et en voie de disparition », déplore Grégory L’Ambert. Quant aux pièges, ils peuvent fonctionner, mais ne doivent pas être dissociés des autres solutions vues précédemment ou utilisés près de l’Homme, les moustiques étant toujours plus attirés par les humains que par les pièges.
« Le dispositif attire tous les insectes qui recherchent du sucre, essentiellement les pollinisateurs. C’est le même problème avec la lampe UV en extérieur, qui vise les insectes nocturnes, très utiles et en voie de disparition »
Signaler sa présence
Si vous soupçonnez la présence d’un moustique-tigre, vous pouvez faire confirmer ou infirmer cette hypothèse en le capturant si vous le pouvez. Sachez déjà que le moustique-tigre est noir et blanc (pas de jaune) et qu’il mesure moins d’un centimètre. S’il est en bon état, vous pouvez le photographier et transmettre la photo par courriel auprès de l’EID Méditerranée à l’adresse mail suivante : alboeid@eid-med.org
Autrement, mettez dans une petite boite et envoyer le cadavre du moustique sous enveloppe timbrée à EID Méditerranée, Direction technique, Cellule albopictus, 165 avenue Paul Rimbaud, 34184 Montpellier, cedex 4. N’oubliez pas de communiquer vos coordonnées !