Hommage : l’Occitanie commémore la Retirada


La commémoration du 80ème anniversaire de la Retirada a commencé en Occitanie. Exposition à Toulouse, projet « Terre de Mémoire » et exposition au mémorial du camps de Rivesaltes, concert à l’Opéra Comédie de Montpellier… Un hommage nécessaire à la mémoire des Républicains espagnols qui furent, aussi, des compagnons de la Libération.

De 1936 à 1939, la guerre d’Espagne va provoquer plusieurs vagues d’exils, poussant des dizaines de milliers de civils vers la France. Mais c’est la chute de Barcelone, le 26 janvier 1939, qui va provoquer, selon les historiens, un exode massif : plus de 500 000 personnes vont tenter de trouver refuge sur le sol français. C’est la Retirada, symbole de l’exil républicain espagnol.

Le rôle obscur de l’État français

C’est aussi un page d’histoire peu reluisante pour l’État français. En effet, en 1939, le gouvernement français, dirigé alors par l’insipide Albert Lebrun (président de la République du 10 mai 1932 au 11 juillet 1940) n’ouvre ses frontières aux réfugiés civils espagnols que le 28 janvier, et attendra le 5 février pour laisser le passage à l’armée républicaine pourtant acculée et décimée par les troupes franquistes.

Des camps d’internement

Poursuivant sa politique, le gouvernement français décide de séparer les réfugiés : les femmes, les enfants et les vieillards sont envoyés dans toute la France, et les hommes sont rassemblés sans ménagement dans des camps d’internement de fortune construits notamment sur les plages du Roussillon. Ils y vivront plusieurs années dans des conditions inhumaines.

Le mémorial du camps de Rivesaltes, inauguré en 2015.

9 camps en Occitanie

« Entre 1939 et 1944, 13 camps ont été créés pour accueillir ces réfugiés espagnols, dont 9 camps installés entre les côtes du Roussillon et le Sud-Ouest, sur le territoire qui constitue aujourd’hui la région Occitanie », rappelle le Conseil régional. « Le 80ème anniversaire de la Retirada nous rappelle un épisode terrible de notre histoire, prémisse du second conflit mondial. Il est essentiel de travailler à la transmission de ce patrimoine mémoriel et des valeurs portées par les Républicains espagnols », explique d’ailleurs Carole Delga, présidente de la Région Occitanie.

100 000 hommes sur les plages

Débordé, l’État français va se contenter de stocker les réfugiés masculins sur les plages, comme à Argelès-sur-Mer ou Saint-Cyprien. Rien n’a été construit, on a juste installé des barbelés pour délimiter les périmètres de surveillance. 100 000 hommes vont ainsi passer quelques mois sur les plages, devant s’enfouir dans le sable pour se protéger du froid. Durant ces quelque semaines à la dure, la mortalité va atteindre des taux records. Par la suite, ces réfugiés seront répartis dans des camps sommaires construits à la va-vite dans la région, comme le fameux camp de Rivesaltes. Appelé aussi « camp Joffre », cet espace de plus de 600 ha est devenu le symbole de la Retirada et abrite son fameux mémorial.

Un plan d’action pour les 80 ans

La Région soutient la mise en œuvre d’un vaste programme d’actions afin de valoriser et de diffuser la mémoire de la Retirada et des combattants espagnols qui jouèrent également un rôle contre la nazisme : « Pour la plupart engagés dans la Résistance et les FFL (Forces Françaises Libres), l’action des Républicains espagnols s’est avérée décisive dans la libération de nombreuses villes du Sud-Ouest, comme Foix, Auch ou Toulouse, qui devient après-guerre le siège du gouvernement républicain en exil », rappelle la présidente de la Région Occitanie.

Quelques projets emblématiques autour du 80ème anniversaire la Retirada
– Exposition « Paul Senn, un photographe suisse dans la guerre d’Espagne »
Du 3 février au 30 septembre 2019 – Mémorial du Camp de Rivesaltes ;

– Projet itinérant « Terre de Mémoire »
En 2019, une exposition et un salon de lecture itinérants seront présentés dans 14 communes de la Région ? Ce projet est porté par le Mémorial du Camp de Rivesaltes, de nombreux partenaires et des associations mémorielles.

– Exposition « Picasso et l’exil. Une histoire de l’art espagnol en résistance »
Du 15 mars au 25 août 2019 – Les Abattoirs à Toulouse.

– Exposition sur La Retirada
Du 20 au 24 février 2019 – Médiathèque centrale Federico Fellini, Montpellier.

– Concert exceptionnel à l’Opéra Comédie pour les 80 ans de la Retirada.
Le 17 mars 2019 à 20h – Opéra de Montpellier

19/02/2019 à 11:15 par Gil Martin