Béziers. Violences urbaines : préfet et procureur à la Devèze, déploiement de CRS, retour au calme


Le préfet de l'Hérault ce dimanche soir à la Devèze à Béziers
Le préfet de l’Hérault ce dimanche soir à la Devèze à Béziers (©JMA / Métropolitain)

La réponse du préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch n’a pas tardé, après les violences urbaines de la nuit de samedi 19 à ce dimanche 20 juillet 2025, entre minuit et 1h15, au coeur de la cité de la Devèze, à Béziers, où des policiers nationaux qui intervenaient sur une voiture et des containers en feu sont tombés dans un guet-apens tendu par une cinquantaine d’individus encagoulés : dès ce dimanche soir, une section de la compagnie nouvelle génération de la CRS 81 de Marseille, spécialisée dans les interventions dans les cités pour déloger les narcotrafiquants et déjà vue à l’oeuvre notamment à Montpellier a pris position. Métropolitain a longuement présenté cette unité de choc à l’époque de sa création.

Coiffé de sa casquette de représentant de l’État, le préfet s’est rendu à la Devèze, ce dimanche dès 22h, pour n notamment « condamner fermement ces violences urbaines » et marteler que « nous ne baisserons pas les bras ». Accompagné notamment du sous-préfet de Lodève, Éric Suzanne, du procureur de la République de Béziers, Raphaël Ballandcontrôleur général Benoît Desmartin, directeur interdépartemental de la police de l’Hérault -DIPN 34-, du colonel Éric Vial directeur adjoint du Sdis 34 et d’Emmanuelle Ménard, conseillère municipale de Béziers, François-Xavier Lauch a tenu à remercier chaudement « tous les policiers et les sapeurs-pompiers engagés à la Devèze, avec, ce n’est pas anodin, la présence ce dimanche soir dans les rangs des effectifs du commissariat de Béziers mobilisés, le brigadier-chef légèrement brulé à un genou la veille par un tir de mortier d’artifice des émeutiers, cela veut dire que les policiers continuent leur travail sans répit pour traquer les narcotrafiquants ».

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Le préfet a rappelé les faits : « Ces violences ont commencé avec quelque dizaines individus encagoulés qui ont tendu un guet-apens à la police nationale. Un équipage de la brigade anticriminalité -Bac- est arrivé et a été copieusement arrosé de tirs de mortiers. Ils ont attendu des renforts, puis, ils sont revenus avec les pompiers parce qu’une voiture des poubelles avaient été incendiées et qu’entre-temps, un tir de mortier a atterri dans un appartement par une fenêtre ouverte, l’appartement s’est embrasé. La locataire, une dame âgée indemne, mais en état de choc doit être relogée ».

« Ils ripostent pour nous impressionner »

Devant les caméras de télévision et en direct sur des chaînes d’information, Emmanuelle Ménard a confirmé que « les policiers nationaux et municipaux ont fait face à une situation explosive. Dans de telles situations, les émeutiers attaquent, se replient, reviennent à la charge, puis se replient encore, ça a duré jusqu’à 4h dimanche matin. Depuis plusieurs jours, voire plusieurs semaines, on fait beaucoup de présence et de lutte contre les stupéfiants, on a arrêté six dealers, dont un adolescent de 15 ans et on a saisi beaucoup de produits. Un appartement nourrice où les stupéfiants étaient cachés a été découvert. On était même étonnés qu’ils ne réagissent pas plus tôt, mais au bout d’un certain temps, ils ripostent, je pense, pour essayer de nous impressionner. Ce soir on aura tous les effectifs qu’il faut pour sécuriser le quartier de la Devèze, si besoin. Je suis présentement dans la rue en question, c’est le calme plat. Quand il se passe ce genre d’événement la nuit, le matin, les narcotrafiquants dorment ».

En cette nuit de dimanche à lundi, 25 véhicules et douze piétons ont été contrôlés, avec trois interpellations, des suspects conduits au commissariat de police.

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À l’instar du préfet, du procureur de la République de Béziers -c’est officiel, Raphaël Balland prendra ses nouvelles fonctions le 1er octobre à la tête du parquet de Toulon, dans le Var- et du directeur de la DIPN 34, Emmanuelle Ménard relève que « on continue de lutter contre les trafics de stupéfiants, d’abord contre les trafiquants, mais ils n’existeraient pas s’il n’y avait pas de consommateurs. À la Devèze, on sait très bien que tous les habitants ne sont pas des dealers et des consommateurs, mais dans certains quartiers, les habitants font les frais de ces voyous ». Et de révéler que, « à partir de cet automne, à la mairie de Béziers, on aura une équipe spécialement dédiée à la lutte contre les stupéfiants. On a embauché six nouveaux policiers municipaux spécialement affectés à cette brigade. Notre but, c’est de sécuriser les quartiers pour que les gens puissent vivre tranquillement ».

Policiers pr
Policiers, dont les CRS 81 présents autour du préfet et du procureur de Béziers (©JMA / Métropolitain)
Emmanuelle Ménard en conversation avec le DIPN 34
Emmanuelle Ménard en conversation avec le DIPN 34 (©JMA / Métropolitain)

Emmanuelle Ménard alerte Macron et Bayrou

L’épouse du maire, Robert Ménard -absent de Béziers et rentré en avion dans la nuit- en a profité pour alerter le président Emmanuel Macron et le Premier ministre, François Bayrou « sur l’urgence de faciliter les procédures pour expulser des familles de narcotrafiquants condamnés, elles sont trop longues et tortueuses. À Béziers, cela fait plus d’un an qu’une telle procédure frappant une famille est lancée, un des fils a été condamné par la justice pour sa participation active dans les émeutes suite à la mort du jeune Nahel, mais cela traîne anormalemquelle dépense d’énergie et quelle perte de temps ».

Ce dimanche soir, alors que le convoi de la CRS 81 s’ébranlait pour une présence au coeur de la Devèze en renfort des unités de la Bac, du Groupe de sécurité de proximité -Gsp- et de la police municipale, 60 femmes et hommes au total, le préfet a fermement prévenu : « Les forces de l’ordre vont être là 24h sur 24, nous allons harceler les narcotrafiquants, nous n’allons pas les lâcher, mais nous allons également cibler celles et ceux qui viennent acheter les drogues et qui, je le répète, ont du sang sur les mains. Nous allons intensifier les contrôles des commerces qui blanchissent l’argent sale provenant du trafic, depuis le début de l’année, j’ai fait fermer quatorze épiceries, bars de nuit, discothèques, bars à chicha, restaurants, c’est déjà plus que l’année dernière ». 

Présence policière avec le préfet à la Devèze, ce dimanche soir.
Présence policière et du Sdis 34 avec le préfet à la Devèze, ce dimanche soir. (©JMA / Métropolitain)
Le préfet est venu saluer les pompiers du Sdis 34 à la Devèze
Le préfet est venu saluer les pompiers du Sdis 34 à la Devèze (©JMA / Métropolitain)

« L’État de droit est respecté »

Objectif de François-Xavier Lauch : faire respecter la loi de la République. Ce dimanche soir, avenue de la Devèze, un policier national dressait ce constat pour Métropolitain : « On ne peut pas dire que l’État de droit n’est pas respecté dans ce quartier, au contraire, c’est attesté par la présence des forces de l’ordre, jour et nuit et des résultats positifs avec des interpellations, des saisies et des condamnations, car la justice suit à Béziers avec des peines sévères. Et c’est pour ces raisons que les narcotrafiquants dérangés dans leur business illicite juteux ont sorti l’artillerie lourde, dans la nuit de samedi à dimanche ».

Des CRS de l'unité spéciale 81 Cité Saint-Martin : ils ont le visage masqué par un fouloir noir
Des CRS de la 81 de Marseille engagés à Béziers : ici, cité Saint-Martin à Montpellier (©LP / Métropolitain )

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Le préfet assure que, « la CRS 81 de Marseille ou d’autres compagnies disponibles vont rester à Béziers le temps qu’il faudra ». La nuit de dimanche à ce lundi a été très calme dans la cité de la Devèze, où le déploiement des nombreuses forces de l’ordre n’est pas passé inaperçu. Quant à l’enquête de police, elle se poursuit activement sous l’autorité du procureur de la République pour identifier et arrêter les émeutiers, dont la plupart seraient des mineurs. Les enquêteurs, notamment ceux de la Division de la criminalité organisée et spécialisée -Dcos- de Montpellier s’emploient à collecter des renseignements sur ces émeutiers. L’omerta va t-elle être brisée à la Devèze ?

21/07/2025 à 10:47 par Jean-Marc Aubert