Critérium des Cévennes / Alain Szafarczyk : « Si le rallye n’évolue pas, en 2025 il est mort »

29/10/2022 à 11:37

Alain Szafarczyk, président de l'Association Sportive Automobile de l'Hérault organisatrice du Critérium des Cévennes.
Alain Szafarczyk, président de l’Association Sportive Automobile de l’Hérault organisatrice du Critérium des Cévennes. (©CN / Métropolitain)

La 63e édition du Critérium des Cévennes s’est élancée vendredi matin du parvis de l’Hôtel de Ville de Montpellier. 220 équipages participent à ce rallye mythique disputé sur les routes sinueuses de l’Hérault et du Gard dont le dénouement est attendu ce samedi en fin après-midi. Alain Szafarczyk, président de l’Association Sportive Automobile de l’Hérault, évoque passé, présent et avenir de l’événement.

Comment se présente ce 63e Critérium des Cévennes ?

Un certain nombre de voyants sont au vert et qui ne l’étaient pas forcément les années précédentes. Nous avons dû annuler l’épreuve en 2020 à cause du Covid et l’année dernière un épisode cévenol important nous a obligé à très largement amputer l’épreuve. La crise du carburant il n’y a pas si longtemps nous a beaucoup inquiété. Cela a entrainé l’annulation de plusieurs épreuves dont la finale de la Coupe de France de Rallye. Heureusement la situation s’est arrangée. Le plateau de 220 engagés, le Championnat de France des rallyes qui n’est pas joué avec tous ses protagonistes, les autres championnats, les trophées, deux coupes de marque avec le Clio Trophy France Asphalte (Alpine Racing) et la Stellantis Cup France (Peugeot et Opel)… annoncent une belle édition.

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Qu’est ce qui fait le caractère historique du Critérium des Cévennes ?

Le terrain de jeu est d’abord très sélectif avec des paysages maginfiques. Les anciens vainqueurs comme Jean-Claude Andruet, Bernard Beguin, Gérard Larousse… des locaux comme Jacques Alméras, Jean-François Mourgues… ont participé au mythe des Cévennes. Il faut se souvenir d’une époque révolue avec la Nuit des Cévennes. Le public était extrêmement nombreux, il y avait des feux de camp partout… Ce n’est plus possible maintenant en raison des réglementations préfectorales car le public doit être dans des zones bien précises. Il est évident que si on retrouvait les Cévennes d’antan, l’épreuve ne pourrait pas avoir lieu. C’est peut-être aussi ce mythe qui perdure par le souvenir. Toutefois, le Critérium n’a rien perdu de sa sportivité. C’est sans doute le rallye le plus sélectif du championnat comme l’affirment de nombreux pilotes professionnels.

Le Critérium des Cévennes a traversé une période difficile récemment, menacé même de disparaître. Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Le rallye n’a pas eu lieu en 2016 pour des problèmes financiers essentiellement. L’Association Sportive Automobile (ASA) de l’Hérault a toujours organisé le Critérium des Cévennes. Nous avons décidé de reprendre le flambeau malgré un important déficit. Je me suis entouré d’une équipe resserrée de douze personnes très fiables et compétentes. Nous avons réussi à relancer la machine en 2017 en étant fortement aidés par la Ligue et la Fédération qui nous a remis tout de suite en Championnat de France des rallyes, alors que l’on aurait dû repartir en division inférieure, et nous ont attribué la finale de la Coupe de France des rallyes VHC, nous faisant passer d’un rallye historique d’une dizaine de voitures à une quarantaine. Nous avons beaucoup travaillé et en 2020 nous avions payé toutes nos dettes. Notre association est très saine mais c’est un énorme travail mené par beaucoup de retraités. Le Critérium des Cévennes demande dix mois d’organisation dont les deux derniers mois 12 à 14h par jour.

Ambiance nocturne pour les premiers partants vendredi matin.
Ambiance nocturne pour les premiers partants vendredi matin. (©CN / Métropolitain)

Avec le rôle essentiel de plus de 400 bénévoles durant les deux jours du Critérium.

Un rallye comme celui-là ne peut pas avoir lieu sans la totalité des intervenants à tous les niveaux : médical, direction de course, commissaires sur la route… C’est la somme de toutes ces missions qui fait que le rallye est une réussite ou pas.

Il y a énormément de pilotes amateurs engagés. Cela montre toute la passion autour du sport automobile.

Il ne faut pas se leurrer. Sur les 220 engagés, il y a moins de vingt professionnels. Comme je disais précédemment les coupes de marques avec Alping Racing et Stellantis nous amènent une soixantaine de voitures. Le Critérium des Cévennes a toujours été caractérisé par un nombre considérable d’équipages amateurs et notamment de la région pour qui c’est effectivement une épreuve mythique.

Dans le contexte actuel où l’on parle beaucoup d’écologie, comment se positionne le rallye ?

Nous ne sommes pas des échappés du bocal qui nous moquons totalement de la transition énergétique. Bien au contraire. On se rend bien compte que si le rallye n’évolue pas, en 2025 il est mort. L’ASA Hérault est adhérente de France Hydrogène, association qui fédère les acteurs de la filière française de l’hydrogène, car nous croyons beaucoup en cette énergie. Nous espérons jouer le rôle, comme l’a toujours été le sport automobile, de banc d’essai et de vitrine pour la mise au point et la vulgarisation pour Mr Tout-le-monde de ces voitures. Je fais également partie de la commission fédérale du Championnat de France des Rallyes et nous avons pris la décision d’imposer d’ici deux ans aux pilotes un carburant (SP98) partiellement décarboné contenant 20% minimum de bio-carburant. Cela s’appliquera dès l’année prochaine au Critérium des Cévennes pour les équipes officielles. Tous les pétroliers nous ont garantie qu’ils travaillaient activement en recherche et développement sur des carburants de plus en plus décarbonés. Nous croyons également beaucoup aux véhicules hybrides mais nous sommes un peu épouvantés par la décision européenne imposant les véhicules électriques en 2035. À mon avis, c’est une ineptie sur tous les plans, y compris écologique.

Vous devez avoir mille souvenirs du Critérium des Cévennes. Quels sont ceux qui vous viennent en premier ?

J’ai été spectateur, pilote, co-pilote et maintenant organisateur. J’ai un souvenir très ancien, dans les années 70, en tant que spectateur, dans la magie de la nuit avec les phares, le bruit et l’odeur des voitures… ce sont des choses qui ont disparu mais qui restent très marquantes. Et le deuxième, c’est la grande réussite d’avoir relancé le Critérium en 2017. Je crois que l’on peut dire, et cela a été écrit, que le Critérium des Cévennes est redevenu une épreuve incontournable dans le milieu du rallye.


Cédric Nithard