7Officiel : Jean-Luc Meissonnier, l’interview sport

14/03/2019 à 08:29

Le Maire de Baillargues et Vice-président de Montpellier Méditerranée Métropole en charge du sport et des traditions sportives, n’a pas sa langue dans sa poche quand il s’agit d’évoquer ce qui, au delà d’une délégation est pour lui une passion véritable, le sport. « Mais pas le sport-business dopé à l’argent public et aux rankings. Non, plutôt celui qui rassemble, unit, interroge », explique l’élu. S’ensuit un déjeuner sportif, d’où s’échapperont quelques petits tacles.

Jean-Luc, en tant qu’ancien raseteur, on imagine que la délégation sport s’imposait comme une évidence et que… (il m’interrompt).

Pardon, je vous coupe avant que vous ne finissiez votre question. Pour qui pensez-vous que cela s’imposait comme une évidence ?

… Ben, pour vous ?

C’est ce que j’avais cru comprendre (sourire). Figurez-vous que j’avais émis le souhait d’occuper la délégation transports. Si j’ai atterri aux sports c’est parce que Philippe Saurel a estimé que c’est là que j’exercerais au mieux mes fonctions. Sur quels critères ? Je ne sais pas. Je ne lui ai, à vrai dire, jamais demandé.

Peut-être pour votre capacité à prendre le taureau par les cornes.

(sourire). Sûrement oui. C’est vrai que la politique s’apparente souvent à un combat. Surtout avec l’opposition, municipale ou métropolitaine d’ailleurs. J’ai sûrement gardé quelques vieux réflexes de raseteur, mais bon…

Question politique justement : l’avenir municipal de Montpellier ça vous inspire ?

(sourire) Ce n’est ni plus ni moins que la fable de La Fontaine « Conseil tenu par les rats« , avec Philippe Saurel en Rodilardus et Jean-Pierre Grand en Doyen

Et la polémique sur le vote du budget à la métropole en lien avec le Futur stade de foot…

Si le vote avait eu pour objet d’intégrer les indemnités des vices-présidents « déchus », il aurait été différent …

Donc, sous des apparences ludiques, le sport est un sujet hautement politique et donc sensible.

Exactement. Ma vision à ce sujet est très simple : si la Métropole de Montpellier est aujourd’hui la première métropole sportive de France, c’est parce qu’elle l’a choisi. C’est parce que, année après année, des décisions favorables au déploiement du sport – et pas seulement de haut niveau –ont été prises. L’enjeu est considérable. C’est d’ailleurs parce que je suis conscient des bienfaits à long-terme d’une politique sportive audacieuse que j’ai tenu tête aux opposants du projet de parc multi-glisse de Baillargues. Cet espace, c’est l’avenir !

Le MHR ? Je n’y retrouve pas le supplément d’âme qui me fait vibrer quand je regarde un match. Le côté sport-business y est trop présent.

On perçoit d’ordinaire les liens entre sport et politique plutôt pour le haut-niveau.

Il est vrai que nous avons deux exemples très intéressants en la matière avec le football et le rugby. D’un côté, vous avez le clan Nicollin, un sublime projet de stade de foot, une sélection qui laisse une place aux jeunes issus du centre de formation qui fait référence, des supporters indéfectibles…Car le MHSC n’est pas un club, c’est une équipe, une famille avec une âme véritable. De l’autre, vous avez un président de club de rugby plutôt… « Centré sur des résultats rapides », dirons-nous. Le MHR fait bien sûr parler de lui et contribue au rayonnement de notre territoire. Mais je n’y retrouve pas le supplément d’âme qui me fait vibrer quand je regarde un match. Le côté sport-business y est trop présent.

Pourtant, difficile d’assurer du haut-niveau sans financements forts. Les infrastructures, les équipements, la communication, les joueurs… Ça coûte cher.

Je ne le nie pas. Mon propos consiste plutôt à dire qu’un supporter pardonnera plus facilement, à mon sens, à un club qui aura tout donné pour la beauté du sport… plutôt qu’aux stars du sport en sous-performance. Dans le deuxième cas de figure, on constate que le public se demande souvent où est le retour sur investissements quand des joueurs surpayés dans des stades grand luxe n’affichent pas le palmarès espéré…

Alors, justement, parlons de financements… Il est où l’argent ?

L’argent de la collectivité ? Il est au cœur des projets structurants. Peut-être pas toujours au niveau où certains l’attendent, ni même où on le réclame, mais la baisse des dotations de l’état a imposé des choix. A la Métropole, on n’a malgré tout pas trop à se plaindre. Nos 28 clubs de haut-niveau sont soutenus, nos infrastructures sont entretenues et font figure de référence (CREPS…), on continue même de faire rentrer le sport dans la vie des gens et surtout des jeunes en construisant des skate-parks, des terrains de basket 3-3, des lieux de vie autour de ces sports au lien social évident qui réunissent les gens, occupent les gamins, créent des emplois d’animateurs, suscitent des vocations et font vivre des entreprises locales… A Baillargues, je suis toujours attentif au paragraphe détaillant la philosophie pour la vie du quartier concerné quand un promoteur vient me parler d’un projet pour la commune. Je recherche toujours la dimension sociale, vertueuse et durable.

J’ai refusé le tramway pour mieux accueillir le train.

Où est-elle par exemple, quand vous avez refusez le tramway à Baillargues ?

Je vous réponds exactement ce que j’avais répondu à Georges Frêche dès 2001. Elle est dans une vision à très long-terme. J’ai refusé le tramway pour mieux accueillir le train… Il nous positionne maintenant à 8 minutes du centre-ville de Montpellier. Sur ce dossier, j’ai peut-être eu un tort : c’est d’avoir eu raison avant tout le monde.

Les gamins, aujourd’hui, rêvent d’être champions de foot, certes, mais aussi de wakeboard, de BMX freestyle…

Et concernant les sports de glisse ?

L’approche est la même. Emergents hier, ils tiendront le haut de l’affiche demain. Regardez le succès grandissant du FISE. Ce festival 100% de chez nous est devenu mondial. Les gamins, aujourd’hui, rêvent d’être champions de foot, certes, mais aussi de wakeboard, de BMX freestyle… des sports qui sont en passe de devenir des disciplines olympiques. En nous positionnant comme camp de base de ces pratiques sportives, on se donne toutes les chances d’accueillir un écosystème entier composé d’entreprises, de pros de la e-santé… N’oublions pas que Montpellier, référence mondiale de la santé, a développé une excellence très intéressante quand on en vient à parler sport.  Et puis, je voudrais rappeler que des événements comme le FISE sont inscrits dans la vie de la cité et qu’ils jouent sur la fibre sociale. Les amateurs rivalisent avec les champions du Monde, le public est intergénérationnel, la manifestation est gratuite…On est dans la dimension populaire du sport, la seule qui compte !

Je ne cache pas ma volonté de me représenter pour un quatrième mandat

On dirait presque le discours d’un président de Métropole.

C’est le discours d’un élu de terrain, puisque je suis maire de Baillargues depuis 18 ans, d’ailleurs, je ne cache pas ma volonté de me représenter pour un quatrième mandat. Mais ce n’est absolument pas un discours de président de Métropole, où allez vous chercher ça ? Ce sont les réponses d’un vice-président aux sports qui parle de sa délégation, qui reste à sa place et impulse la dynamique voulue par Philippe Saurel. Basta. D’ailleurs sur ce point, je vais vous dire une chose.

« Adressez-vous au Président… »

Oui ?

Quand on vante la qualité de mes relations avec Philippe Saurel, on m’accuserait presque d’agir sans réfléchir, en groupie. Quand dans ma délégation je fais une annonce avec un peu de fermeté, on cherche à interpréter une volonté cachée de la part du président. En fait, si je sais, je réponds, si je ne sais pas, je dis « je ne sais pas ». Et quand je sais mais que je n’ai pas reçu le feu vert pour faire une annonce, je dis « Adressez-vous au Président… ».

Le Président, justement, on lui reproche souvent d’être vindicatif et autoritaire, même avec son équipe.

Il est dans son rôle de Chef… de Chef Sioux : quand un indien s’éloigne de la tribu il le ramène au bercail, il y a tellement de mauvais cow-boys qui rôdent. C’est une question de méthode (il sourit) personnellement, l’autorité ne m’a jamais dérangé, ni fait peur…

Une interview à retrouver dans le numéro 1944 du magazine Métropolitain L’Officiel


Xavier Paccagnella