Musicien, auteur compositeur, membre du groupe rock DeStijl, mais aussi producteur, Pascal Portugues a repris au printemps 2020 la salle de concert située aux Beaux-Arts, le Nu-Bahia, devenue le FreakShow. Mais la crise sanitaire est passée par là et la salle de 200 places connait elle-aussi, à l’instar des « petites » salles montpelliéraines comme la Secret Place ou l’Antirouille, des difficultés financières.
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Aujourd’hui, Pascal Portugues avoue une forme de lassitude née, selon lui, du manque de soutien des collectivité, Ville de Montpellier en tête, accusée de ne pas aider suffisamment les petites salles alors que se multiplient les grands projets très gourmands en financements publics (grand concert de la Fête de la Musique et Nuits du Peyrou notamment).
« Il y a de l’argent, mais les choix qui sont fait par M. le Maire et son cabinet semblent uniquement guidés par ce qui brille au détriment d’un travail de fond »
Le musicien-gérant se fend d’un communiqué incendiaire doublé d’un nouvel « appel à la raison pour soutenir la scène locale et défendre véritablement la culture musicale et la création dans la 7ème ville de France… En effet, depuis presque un an, avec une nouvelle fermeture imposée dans le cadre des restrictions COVID 19 en décembre et janvier, nous alertons la ville sur la situation financière très fragile de la salle de concert le FreakShow, tout comme celles de nos confrères de la Secret Place ou de l’Antirouille » commence-t-il.
« Aujourd’hui, toujours rien de concret n’est fait et nous constatons avec amertume que les choix qui sont faits par la ville en matière de financements culturels (ou soit-disant culturels) n’incluent pas la sauvegarde des petites salles de concerts privées : 400 000 euros pour les Nuits de Peyrou, 500 000 euros pour la fête de la musique France TV… Il y a de l’argent, mais les choix qui sont fait par M. le Maire et son cabinet semblent uniquement guidés par ce qui brille, au détriment d’un travail de fond, réellement en faveur de la culture ».
Pascal Portugues se félicite des aides perçues par d’autres structures, dont le Rockstore, Tropisme, et le JAM, mais estime que l’équité n’est pas de mise et ne cache plus son agacement : « Le mépris à peine déguisé qui a transpiré d’un échange d’emails avec Régis Pénalva, chargé de mission culture au cabinet du maire de Montpellier, nous a bien fait comprendre que le FreakShow ne présente aucun intérêt pour la Ville ».
« Malgré les beaux discours sur la culture, les choix qui sont faits n’empêcheront pas les petites salles comme la nôtre de disparaître… Nous ne pourrons pas fonctionner en 2023 »
Pascal Portugues confirme que la Ville a accordé une première aide de 15 000 € en 2021 mais explique que ce n’est pas suffisant : « Comme nous soutenons la création, nous accueillons des artistes en résidence. Il faut les payer, et la majorité de cette aide a permis de le faire… Mais l’aide finale que perçoit la salle elle-même pour passer la crise demeure insuffisante, et il faut rajouter l’impact de la crise énergétique ». Les difficultés s’accumulent selon le gérant : « La Ville a décidé, le 28 juillet 2022, d’octroyer une nouvelle aide de 15 000 € au FreakShow pour 2022, mais nous n’avons encore rien perçu ».
En octobre, la Secret Place, la salle située à Saint Jean de védas, a dressé un constat similaire. La petite salle chère à la scène locale a lancé un nouvel appel à l’aide. « On s’attend encore à des mois compliqués jusqu’au printemps. On sort très fragilisés du Covid et nous reprenons ici une deuxième couche avec la crise énergétique » expliquait François Pinchon (alias « Fyfy »), le fondateur et président du lieu qui a déjà dû licencier 6 salariés sur 11. Cette année, la Secret Place devrait enregistrer un déficit cumulé de 30 000€ à 35 000€. « Pour l’instant, la Métropole a voté une seconde aide de 15 000€, la Région a attribué 5 000€ et la commune 3 000€ », précise la salle.
Dans ce contexte, Pascal Portugues est plutôt pessimiste pour l’avenir du FreakShow : « A Montpellier, malgré les beaux discours sur la culture, les choix qui sont faits n’empêcheront pas les petites salles comme la nôtre de disparaître, et sur Montpellier, il en reste peu. Impossible de passer la crise dans ce contexte nous ne pourrons pas fonctionner en 2023… On ne peut pas encourager et permettre l’émergence d’une scène locale sans petites salles où peuvent débuter les groupe ».
Le gérant du FreakShow ose un parallèle avec le projet du Plaza Beaux-Arts, un site qui accueillera, dans les anciens locaux de la salle de sport du Studio Lunaret, un espace musical : « Que penser du soutien de M. Delafosse à ce projet qui se dessine à 50m du FreakShow ? Un projet privé présenté en grandes pompes en présence du maire lui-même alors qu’il n’est jamais même venu voir notre salle ? »