De Montpellier à la mer : le maire de Palavas-les-Flots préfère un téléphérique au tramway

11/08/2022 à 10:05

Le téléphérique le plus court du monde est à Palavas-les-Flots
Le téléphérique le plus court et le plus lent du monde est à Palavas-les-Flots (©OT Palavas)

Ce n’est pas la première fois que ce sujet qui « vole haut » est abordé et on peut dire que Christian Jeanjean, l’indéboulonnable maire de Palavas-les-Flots a de la suite dans les idées : le projet d’un téléphérique reliant Montpellier à la mer, via la station balnéaire revient sur le tapis, en cet été caniculaire. Sollicité par Métropolitain, Christian Jeanjean assure avoir eu récemment un entretien sur la question avec Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de la Métropole. 

« Niet pour le tram »

Il se souvient : « Ça remonte à deux ou trois mois, j’ai été reçu en mairie de Montpellier par M. Delafosse pour évoquer les réalisations que je désire mettre en oeuvre à Palavas, nous avons abordé plusieurs thèmes et bien sûr, il est venu à évoquer le tramway, rappelant qu’il était favorable à prolonger une ligne jusqu’à la mer, citant Palavas. Tout le monde connaît ma position depuis longtemps et je ne vais pas la changer. Niet pour le tram, je lui ai répondu que mon souhait le plus ardent était plutôt de créer un déplacement par les airs et j’ai développé le projet d’un téléphérique avec une liaison depuis le centre-ville de Montpellier jusqu’à la mer, à Palavas bien sûr. Je l’ai senti intéressé, bien entendu, il ne s’est pas prononcé, mais, il n’a pas dit non, il a promis d’étudier la question, nous verrons bien », raconte Christian Jeanjean.

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« Un événement inédit »

Interrogé mercredi soir, le cabinet du maire de Montpellier se dit incapable de pouvoir confirmer cette information, « en raison des vacances actuelles de Michaël Delafosse et des élus concernés. Il faudra attendre la semaine prochaine pour avoir une réponse ». Selon le maire de Palavas-les-Flots, Stéphan Rossignol, maire de la Grande-Motte, président de la communauté des communes du Pays de l’Or et des élus n’est pas non plus opposé à cette initiative, « qui serait un sacré événement, quelque chose d’inédit ici, j’en conviens, mais qui fait des milliers d’heureux dans les agglomérations où les téléphériques existent, comme à Toulouse, Bordeaux, Brest, Grenoble et à l’étranger, à New-York, La Paz, Londres et Medelin ».

Le maire sortant, Christian Jeanjean, réélu au premier tour avec 52,83% à Palavas-les-Flots
Le maire de Palavas-les-Flots, Christian Jeanjean plaide pour un téléphérique (©DR)

« Il faut être moderne »

Christian Jeanjean voit déjà le spectacle futuriste, qui en mettrait plein la vue, surtout aux touristes : « Imaginez de petites cabines aériennes se déplaçant de Montpellier jusqu’à Palavas avec des dessertes de Mauguio-Carnon et de La Grande-Motte, avec des vues imprenables, ça serait génial, il faut oser dans la vie, il faut faire rêver, il faut être moderne. C’est un mode de transport écolo, fonçons alors. J’ai commencé à en parler il y a dix ans, personne ne m’a écouté, entre-temps, de nombreuses grandes villes ont craqué pour les télécabines. Pourquoi pas nous ? ».

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« Trois fois moins cher » 

Le maire de Palavas abat ses cartes : « Il faut savoir qu’un téléphérique coûte trois fois moins cher que la construction d’une ligne de tramway et que sa consommation énergétique est faible, avec des atouts non négligeables par les temps qui courent : le nombre de cabines peut être modulé en fonction de la météo, les passagers pourront découvrir un spectacle merveilleux en survolant les étangs peuplés de flamants roses, les cours d’eau, la garrigue, les plages. Ces cabines suspendues permettraient de désengorger le trafic routier, de désewnclaver des quartiers, c’est le système de mobilité de demain. C’est l’un des modes de transport les plus écologiques au monde : il émet, en effet, aucune émission de CO2  puisqu’il fonctionne exclusivement à l’énergie électrique, les cabines qui transportent les passagers sont tractées par des câbles actionnés via des mécanismes électriques. Il ne participe qu’à un minimum à l’artificialisation des sols, souvent l’un des principaux fléaux de l’aménagement urbain, puisque son emprise au sol se limite aux pylônes et aux gares d’arrivée et de départ ». Christian Jeanjean persiste et signe : pas de tramway pour rejoindre directement la mer à Palavas-les-Flots, mais un téléphérique, une solution qui devrait séduire des élus écologiques…

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Aérotram de Toulouse

Traditionnellement installé dans les stations de ski ou utilisé pour desservir des monuments historiques, le téléphérique faisait office d’attraction touristique, transportant skieurs et visiteurs ; désormais, il se fait de plus en plus urbain. Il est devenu dans un certain nombre de métropoles mondiales un mode de déplacement indispensable à de nombreux résidents. En France, Brest a été la première ville à installer un système de transport en commun aérien. En effet, en 2016, la ville s’est dotée d’un téléphérique et d’autres agglomérations ont suivi, dont récemment Toulouse avec son Aérotram, Grenoble, Orléans, Saint-Denis de la Région ; à ce jour, une vingtaine de projets d’installation de téléphériques urbains sont à l’étude, dont treize en Île-De-France, dont l’objectif est de réduire les embouteillages monstres. 

« Imaginez de petites cabines aériennes se déplaçant de Montpellier jusqu’à Palavas avec des dessertes de Mauguio-Carnon et de La Grande-Motte, avec des vues imprenables, ça serait génial, il faut oser dans la vie, il faut faire rêver, il faut être moderne. C’est un mode de transport écolo, fonçons alors ».

Christian JeanjeanMaire de Palavas-les-Flots – Téléphérique

Le Transcanal à Palavas

Le Transcanal de Palavas-les-Flots a certainement inspiré le maire pour le projet d’un téléphérique de Montpellier à la mer, une ligne aérienne d’une dizaine de kilomètres, nettement plus longue bien sûr que le plus court télésiège de France, qui permet de rejoindre la rive droite et la rive gauche de la station balnéaire héraultaise. Très pratique, il permet de se déplacer au dessus du canal plutôt que de faire tout le tour à pied. Mais alors, pourquoi y a-t-il un télésiège à Palavas ? Tout d’abord, pour mieux visualiser où se trouve le télésiège, il faut comprendre la configuration de Palavas : le fleuve le Lez divise la commune en deux, venant de la direction de Montpellier et jetant dans la mer Méditerranée. Ceci crée le Canal de Palavas, avec une rive droite et une rive gauche, les passagers du télésiège passent au dessus du Lez. 

Palavas-les-Flots a inauguré son Transcanal en 1977, une évolution naturelle suivant le système de bacs tirés qui s’y retrouvait avant. Ce dernier servait au même principe que le téléphérique d’aujourd’hui : une navette de très court circuit entre les deux rives. Depuis son arrivée, le Transcal de Palavas est le télésiège le plus court du monde entier, mais il est également le moins haut et le plus lent. La traversée ne fait que 200 mètres de longueur et le trajet est fait en quelques minutes. De plus, le Transcanal n’est surélevé que de huit mètres en hauteur. Inutile donc d’avoir peur quand on monte à bord !

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« Mickey » à vie

Il porte à ce jour son ancien surnom, « Mickey », ce qu’il a gagné à ses débuts en raison de la ressemblance de ses sièges avec la souris célèbre. Les sièges ont été changés depuis, mais le surnom reste à vie. « Mickey » connaît une clientèle diverse, composée des touristes, mais aussi des palavasiens qui s’en servent aussi régulièrement que n’importe quel d’autre moyen de transport. Les deux salariés qui s’en occupent s’assurent d’environ 500 passages par jour, au minimum. Le Transcanal est apprécié par les enfants qui aiment la vue d’en haut autant que par les personnes âgées qui sont amenés à traverser le canal pour aller au marché toutes les semaines. « Mickey » n’est pas gratuit : si vous souhaitez faire un tour sur le télésiège, il faut compter 2,40€ pour chaque aller-retour, pour les grands comme pour les petits, un tarif abordable qui ne donne pas le vertige. On saura dans les mois qui viennent si le futur « Mickey » de Montpellier à Palavas-les-Flots accouchera ou non d’une souris.

Jean-Marc Aubert