Montpellier : la question du logement étudiant s’invite au conseil municipal


Des représentants du SCUM sont venus porter la voix d'une trentaine d'étudiants sans logement.
Des représentants du SCUM sont venus porter la voix d’une trentaine d’étudiants sans logement. (©CN / Métropolitain)

Selon le Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier (SCUM), une trentaine d’étudiants sont actuellement sans logement à Montpellier. Des représentants se sont fait entendre durant le conseil municipal de ce mardi 11 octobre.

Le SCUM intervient au conseil

Habituellement clairsemés, voire désertés, les bancs consacrés au public étaient bien remplis pour ce conseil municipal. Et pour cause, ou plutôt une cause. Au détour de l’affaire 9 portant sur une modification de la DUP de la Cité Créative visant à acquérir les bâtiments jouxtant le parc Montcalm afin de l’ouvrir sur l’avenue de Toulouse à l’horizon 2026, des représentants du SCUM, qui a recensé 30 étudiantes et étudiants sans logement, ont déployé deux banderoles et se sont fait entendre quelques instants en scandant « Le logement pour tous » avant que Michaël Delafosse invite les agents de la Police Municipale à les conduire vers la sortie.

Ces derniers souhaitaient « alerter la mairie et lui demander de trouver des solutions de logement rapide pour ces 30 étudiantes et étudiants. Nous regrettons que la seule réponse du maire ait été d’ordonner, sans aucune discussion, aux policiers de mettre dehors les étudiantes et étudiants sans logement. Nous dénonçons les violences perpétrées par les policiers municipaux ainsi que le vol par eux d’une banderole » indiquent-ils dans un communiqué.

Alenka Doulain explique

Deuxième phase de l’action avec Alenka Doulain (MUPES) qui explique le lien avec l’affaire. « Sur cette ZAC, on nous a beaucoup parlé du logement participatif, intergénérationnel et du développement du logement étudiant. Pour le moment la seule réalisation pour les étudiants sur cette ZAC est une résidence étudiante privée du groupe Artemisia avec des chambres de 18m2 pour 500€/mois hors charges. Il manque véritablement une offre pour les étudiants de notre ville. Il nous faut entendre cette sonnette d’alarme ».

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Selon le SCUM qui avait déjà alerté sur la question en novembre 2011 en installant des tentes devant la mairie, « le loyer moyen d’un studio/T1 sur Montpellier est de 435€/mois, alors que la bourse maximale du CROUS, touchée par une minorité d’étudiants (la majorité touchent beaucoup moins), s’élève à seulement 573,6€/mois. Ainsi, le reste à vivre n’est que de 138,6€ pour pouvoir se nourrir, se vêtir, payer ses factures, payer le transport… ».

Alenka Doulain ajoute : « Le problème est que les places en CROUS couvrent seulement 10% des logements étudiants. Ce manque de places en résidences étudiantes publiques se traduit par la prolifération des résidences étudiantes privées qui pratiquent des loyers hors sols et qui tirent les loyers vers le haut ». Et de demander au maire : « Que prévoyez-vous pour répondre à l’urgence de ces étudiants et pour assurer des conditions d’études dignes et saines pour ces derniers ? ».

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« Nous avons beaucoup de problèmes de logements »

Rappelant l’existence de la Cité Universitaire du Parc Montcalm gérée par le CROUS, « Ne laissons pas entendre qu’il n’existe pas une offre publique », Michaël Delafosse a développé : « Nous avons beaucoup de problèmes de logements dans notre ville : 25 000 personnes sont en attente d’un logement social, cette population étudiante dont je comprend le désarroi et salue la solidarité à l’égard de ceux qui sont en difficulté et il y a les personnes en grande vulnérabilité pour lesquelles nous sommes mobilisés. Nous avons aussi conscience des prix de l’immobilier ».

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Si justement, le maire évoque le dispositif d’encadrement des loyers, « On verra les effets de cette mesure », le SCUM mentionne : « Cette année encore, le montant des loyers explose, malgré l’annonce par le maire d’un « plafonnement des loyers ». Les promoteurs plus ou moins honnêtes louent désormais de véritables taudis à des prix indécents, pour des étudiantes et étudiants qui n’ont pas le luxe de refuser l’habitat indigne ».

L’offre privée, « une fausse bonne idée »

Un point d’accord avec son opposante. « Il y a une offre privée, elle doit être beaucoup moins importante que ce qu’elle n’a pu être par le passé. C’est une fausse bonne idée quand on vient nous dire que le privé vient faire du logement étudiant parce qu’en général il mute » précise Michaël Delafosse.

Le CROUS Occitanie propose 8 000 places « pour deux fois plus de demandes » avait indiqué son directeur général Pierre Richter lors d’un point presse de rentrée au rectorat en précisant que « des centaines de nouveaux logements seront construits d’ici deux ans. Ce ne sera pas suffisant mais si nous avons des opportunités foncières nous construirons dessus ». Dans ce sens, Michaël Delafosse évoque également une future résidence sur la Voie Domitienne dans le cadre du plan État-Région.

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Le maire met également en avant le dispositif KAPS d’ACM Habitat qui a proposé cette année des collocations étudiantes à la Mosson à des loyers très bas en contrepartie de services et soutien scolaire. « On essaye d’apporter des réponses. On prend notre part. Cette responsabilité du logement étudiant est de la responsabilité de la ministre de l’Enseignement supérieur » pointe Michaël Delafosse qui complète : « Je le dis très régulièrement au directeur du CROUS, nous sommes à votre disposition pour vous accompagner dans l’offre sociale de logements. Il n’y aura pas de conservatisme de ma part sur le soutien au logement étudiant. C’est un enjeu majeur. Il en va de la dignité ». Une trentaine d’étudiants en ont justement besoin.

Le 12/10/2022 à 07:22, par Cédric Nithard.