Alenka Doulain : « Michaël Delafosse a une vision libérale de Montpellier »


Alenka Doulain représente aujourd'hui le visage de l'opposition à Montpellier.
Alenka Doulain représente aujourd’hui le visage de l’opposition à Montpellier. (©CN)

Avec le score de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la Présidentielle et la victoire de trois députés NUPES sur les cinq circonscriptions héraultaises concernées par Montpellier dont la principale la 2e, indirectement, Alenka Doulain apparait renforcée après ces deux séquences électorales. D’autant que la position du maire de Montpellier dans les deux cas, lui facilite désormais grandement son rôle d’opposante au sein du conseil municipal dont elle ne se prive pas. Restant ancrée au mouvement citoyen Nous Sommes, ne reniant pas ses origines Vertes et flirtant avec La France Insoumise, Alenka Doulain défend la NUPES jusqu’au sein du conseil municipal avec la création d’un groupe. De là à fracturer la majorité ? Le clou est posé dans la fissure et les coups de marteau prêts à être portés.

Que retenez-vous de votre expérience personnelle au sein du Parlement populaire de Jean-Luc Mélenchon ?

L’intérêt du Parlement de l’Union Populaire, qui est aujourd’hui la NUPES, est d’avoir des profils de la société civile et des élus d’autres mouvements politiques qui « prennent soin » de ce bien commun qu’est aujourd’hui cet accord, certes de partis politiques, mais surtout autour d’un programme de rupture. Ce sont 600 mesures qui prennent les problèmes à la racine, qu’ils soient sociétaux ou environnementaux, et d’avoir ces profils divers et variés, qui chacun sur leur territoire respectif ont porté la campagne de Jean-Luc Mélenchon et je pense que nous avons fait le travail à Montpellier comme cela s’est vu dans les urnes, ce sont les garants de cet état d’esprit, de cette lame de fond citoyenne. Cela s’est beaucoup vu dans les Législatives avec la NUPES et ses forces vives dont beaucoup n’étaient pas encartées. Ils venaient de tout horizon en se disant que notre devoir aujourd’hui était de gagner et faire le maximum autour d’un programme qui rassemble tout le monde avec des mesures qui répondent à l’urgence mais aussi qui prennent en compte le temps long. La NUPES, c’est ce bien commun qu’il s’agit de préserver pour la suite parce que cela va compter notamment dans l’Hérault dans les années qui viennent.

D’autant qu’il ne s’agissait pas d’un programme pour une élection unique, il peut être porté dans le temps.

Tout à fait. Ce n’est pas juste un accord électoral. Et je pense que ce programme répond aux besoins de notre territoire. Quand dans l’Hérault, il y a une personne sur cinq sous le seuil de pauvreté, que des épisodes caniculaires vont se répéter et on sait que ce n’est pas la même chose d’être dans un logement mal isolé collectif à Saint-Martin ou la Paillade que d’être dans une villa avec piscine dans l’arrière-pays… Il y a vraiment des enjeux majeurs aujourd’hui dont il faut trouver des réponses immédiates mais il faut aussi préparer l’avenir. Pour moi le maître-mot aujourd’hui est que l’on est dans une situation d’impréparation. C’est comme si nos politiciens n’avaient pas vu qu’aujourd’hui vivre de son travail ce n’est pas toujours facile pour une partie de la population qui avec le SMIC n’arrive pas à boucler les fins de mois. Ce programme répond à ces aspirations et je crois, et c’est à mettre au crédit de Jean-Luc Mélenchon que d’avoir porté ces mesures radicales au sens de supprimer les problèmes à la racine, qu’il a réussi à en faire un programme qui suscite de l’espoir.

Êtes-vous encartée à La France Insoumise ou êtes-vous restée indépendante ?

J’ai rejoint la dynamique de l’Union Populaire qui était elle-même une dynamique d’union entre différents mouvements politiques. J’ai été chez les Verts, j’ai soutenu la candidature de Jean-Luc Mélenchon aux Présidentielles, je me sens beaucoup NUPES pour l’espoir que cela a suscité et la dynamique que cela a créé localement. Avec ces différentes identités, aujourd’hui, j’essaye de mettre mon mandat municipal au service de cette dynamique pour que l’on puisse montrer la crédibilité de nos mesures dans cet hémicycle municipal et du coup dans la presse, sur les réseaux sociaux, auprès de la population… pour repolitiser notre quotidien. Il y a aujourd’hui une bataille autour de la résignation à mener et nous aurons besoin de toutes les forces pour la mener.

À chaque élection vous menez une campagne parallèle pour inciter les personnes à aller s’inscrire sur les listes électorales et à aller voter. C’est aussi un travail à mener en dehors des élections ?

Bien sûr. On se repose un peu cet été mais il y a la rentrée à préparer. À Montpellier, l’enjeu sera majeur de continuer à lutter contre la non-inscription. Vu que les pouvoirs publics locaux ou nationaux ne le font pas, on va faire de la pédagogie sur comment bien s’inscrire pour être sûr d’être disponible les dimanches de vote. Et de manière générale, il faut lutter contre la résignation des abstentionnistes dont beaucoup font partie des classes populaires et des classes moyennes qui ont un sentiment de déclassement. Il y a un vrai travail à faire pour réinjecter de l’espoir, montrer que ce que l’on porte est crédible, bénéfique pour toutes et tous, que c’est un programme de responsabilité finalement par rapport aux urgences auxquelles on fait face. Ce travail nous allons continuer à le faire à travers un café associatif que nous avions dans les cartons depuis longtemps et que nous allons lancer prochainement. Il faut également renforcer la formation des militants et il faut surtout être présents dans les quartiers. Le mouvement Nous Sommes a un certain nombre de ses membres dans les conseils de quartier par exemple. Il y a vraiment ce travail de lame de fond citoyenne à continuer à faire. Nous sortons d’une période électorale qui a permis de parler un peu plus de politique parce que les médias en parlaient mais maintenant il faut continuer pour que les gens fassent le lien entre leur quotidien et les enjeux politiques. Sur son lieu de travail, avec ses voisins, au coin de la rue… il faut réinjecter de la politique. Faire de la politique par le bas est le seul moyen de lutter contre la résignation qui est le plus grand défi de notre camp politique. Quand on voit que les classes populaires ne se sont pas assez déplacées notamment lors des législatives alors qu’aujourd’hui c’est elles qui ont besoin de nos mesures parce qu’elles sont directement concernées quand il y a des politiques ultra-libérales misent en place. La rentrée politique sera remplie.

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On a dit que vous auriez pu être candidate aux Législatives. Est-ce vrai et si oui qu’est-ce qui vous a fait y renoncer ?

J’imagine que dans le monde politique, l’habitude c’est d’enchaîner les mandats dès qu’il y a l’occasion de se présenter. Moi, j’avais vraiment envie de mettre mon mandat local au service des Montpelliérains et Montpelliéraines. Je l’ai fait pendant deux ans et je crois que, la presse le reconnaît et les Montpelliérains m’en parlent, notre travail est reconnu. L’idée est vraiment de se concentrer là-dessus. Nous sommes en plus contre le cumul des mandats, il aurait donc fallu se séparer de ce mandat qui nous est très précieux. L’objectif aujourd’hui est de construire la suite localement. Ce qu’il se passe dans l’hémicycle municipal est peu connu, peu lisible peut-être, il faut que l’on redouble d’efforts pour que les gens s’y intéressent et voient que ce qu’il s’y passe est éminemment politique. C’est dans ce sens que je n’ai pas été candidate aux Législatives.

J’en profite pour dire que nous avons la chance exceptionnelle dans l’Hérault d’avoir trois députés NUPES. Je suis très fière de les voir agréger les deux mandats locaux que nous avions au sein de l’Union Populaire et de se dire que nous allons enfin pouvoir pousser des dossiers à Paris. Je pense par exemple à Sébastien Rome qui siège à la commission des finances. Aujourd’hui, toutes les petites communes dans l’Hérault sont prises à la gorge avec l’augmentation des prix de l’énergie. Même la Métropole de Montpellier fait face à cette question. De se dire que des députés vont pouvoir parler à Paris de ces problématiques, porter nos solutions, nos propositions… c’est une chance énorme. Nous sommes dans une dynamique nouvelle en sortant renforcés de cette séquence. Il va aussi falloir être à la hauteur de cet espoir, de ces différents mandats qu’il faudra honorer et mettre au service des habitants de notre ville et département. C’est à tout cela auquel il faudra s’atteler dans les mois qui viennent.

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Les dernières échéances ont confirmé ce que vous disiez avant la venue de Jean-Luc Mélenchon pour un meeting que « Montpellier était la ville insoumise par excellence », comment comptez-vous concrétiser cela au niveau local ?

C’est tout l’objet de la création du groupe MUPES au conseil municipal avec Flora Labourier et Clothilde Ollier. La séquence a montré que les Montpelliérains ont conscience qu’il faut un programme de rupture prenant les problèmes à la racine. Le problème aujourd’hui est que l’on a un maire dissident qui n’a pas compris ce message. Il continue avec son projet Macron compatible. La séquence a confirmé ce que nous pressentions depuis deux ans et cela a été le révélateur d’une déconnexion entre le maire de la ville et les habitants. Il y avait déjà des signes avant-coureurs. Quand un maire utilise nos impôts pour payer du mobilier anti-SDF, quand un maire porte plainte contre celles qui font tourner nos écoles maternelles les ATSEM parce qu’elles font prévaloir leur droit de grève, quand un maire fait un cadeau à une multinationale de type JC Décaux en pleine période de crise covid… nous avions des signes avant-coureurs mais pour beaucoup de Montpelliérains et de Montpelliéraines cela a été un révélateur qu’il soutienne des candidatures de dissidences tout ça pour faire perdre la NUPES. C’était juste de l’opportunisme pour pouvoir exister après une séquence présidentielle catastrophique pour lui. Je crois que les Montpelliérains ont compris et vu cette déconnexion et, aujourd’hui, notre rôle c’est d’être à la hauteur à la fois de l’espoir qu’a suscité la NUPES dans les urnes comme on l’a vu à Montpellier mais aussi de construire la suite et de dire aux Montpelliérains et Montpelliéraines : « Nous sommes à votre écoute et nous seront là pour porter la suite de cet espoir, de cette responsabilité qui va avec ». Nous seront donc là pour relayer leurs problématiques du quotidien dans l’hémicycle mais aussi montrer que nos propositions sont crédibles pour construire ce projet alternatif dont nous aurons besoin pour les prochaines échéances électorales.

Cela a-t-il un sens de lancer ce groupe sans le PS, EELV et le PC et que cela ne soit pas représentatif de ce qu’il se passe au niveau national ?

Je crois que la NUPES est un bien commun dont il faut prendre soin et qu’il faut faire vivre dans tous les espaces possibles. Avec Clothilde Ollier et Flora Labourier, nous avons fait la campagne de la NUPES et on porte ce discours alternatif. On a suffisamment montré que le maire de Montpellier Michaël Delafosse avait contribué à affaiblir la NUPES avec des candidatures de sabotage. Aujourd’hui, il fallait pouvoir faire vivre cet espoir et que ce discours puisse exister dans le conseil municipal. Bien sûr qu’aujourd’hui la situation départementale demande de prendre de la hauteur. Plusieurs élus des Verts, du PCF et du PS participent à des exécutifs qui ont à leur tête des gens qui pour le coup ont participé à des candidatures de dissidences qui ont vraiment joué le jeu de manière irresponsable pour à la fin faire gagner des députés macronistes ou du Rassemblement National. Que ce soit par leur silence ou leur présence dans des meetings de candidat macroniste dans tous les cas ils ont joué les idiots utiles de la Macronie. Nous le savions déjà avant mais pour beaucoup de gens cela a été une surprise qu’ils aillent aussi loin dans cette rhétorique anti-NUPES, qu’ils aillent aussi loin dans le fait de faire perdre un camp politique auquel ils disent appartenir mais dont clairement aujourd’hui, je pense que pour les membres de la NUPES localement c’est clair que le maire de Montpellier ne fait pas partie de notre famille politique. Mais nous sommes tout à fait conscient qu’il a des personnes dans les exécutifs qui ont aujourd’hui des mandats précieux et ils font ce qu’ils peuvent avec, je trouve, des moyens insuffisants dans leur délégation. Par exemple, je me réjouis que Jacqueline Markovic ait été exclu définitivement des Verts. Eh bien oui, je préfère une Coralie Mantion au PLUI qu’un macroniste bétonneur qui va saccager nos terres. Je crois que ce contexte départemental existe mais que le plus important aujourd’hui est de nous concentrer sur nos forces et l’espoir qu’a suscité la NUPES au niveau départementale. Avec oui des gens qui sont des élus minoritaires et d’autres majoritaires, mais il faut ce concentrer sur cela car c’est ça notre bien commun et où les électeurs nous attendent au tournant. Ne pas reprendre dans des querelles d’appareil et construire la suite parce que l’on va en avoir besoin pour les prochaines échéances, c’est tout le sens de ce groupe au conseil municipal.

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Est-ce un appel aux élus de la majorité qui ne s’y sentiraient pas à l’aise ? D’autant que certains élus ont fait la campagne de candidats de la NUPES pendant les Législatives.

Tout à fait. C’est pour ça que l’objectif du groupe c’est d’être déjà dans une opposition constructive, de proposer des amendements et surtout, on l’a dit dès le début, nous sommes tout à fait ouverts à toute personne qui voudrait nous rejoindre et notamment les personnes qui ont fait campagne pour la NUPES. Cela semblerait logique. On a lancé le groupe car c’était important pour nous d’acter politiquement que l’on serait au service de cette aspiration dans le conseil municipal et on verra pour la suite. Mais évidemment, un appel est lancé à ces élus.

Ferez-vous la même chose au conseil de Métropole ?

Non. Il n’y a pas aujourd’hui au conseil de Métropole de groupe politique. Je suis sur une ligne qui est de dire que c’est un lieu de coopération entre mairies et je pense qu’il faut que cela reste ainsi. Comme l’a montré un récent conflit au sein de la métropole où des maires ont été remis en cause dans leurs prérogatives, au contraire, il y a besoin d’apaisement, de travailler sur les dossiers communs. Donc de mettre des groupes politiques au sein du conseil de Métropole ne me semblerait pas pertinent.

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Vous taxez Michaël Delafosse de pro-Macron. Il n’a pas basculé pour autant aux appels du gouvernement et Nathalie Oziol ne s’est pas montrée si hostile envers lui. Est-ce toujours un bon axe d’attaque ?

Quand vous menez des politiques telles qu’il les mène, la question est de savoir quel est son projet pour Montpellier. Pour nous, depuis le début, on pressent, et cela a été validé par ses deux ans de première mandature, que Michaël Delafosse a une vision libérale de Montpellier. C’est à dire une politique d’attractivité, qui veut transformer Montpellier en musée pour riches, une politique de vitrine sans prendre en compte nos aspirations. Je ne prends qu’un exemple : Med Vallée. Aujourd’hui, il y a sur notre territoire une grosse problématique d’emploi et nous avons besoin de développer des filières d’avenir car cela crée des emplois et cela répond aux aspirations des habitants. Si vous ne développez pas la rénovation thermique des logements ou le solaire dans notre ville, vous grevez les budgets des ménages, c’est mécanique. Il faudrait un plan de relance économique en s’attaquant à des filières dans lesquelles il faut mettre des moyens et avoir une vision de développement économique au service des besoins des habitants. Quand vous voyez le projet de Michaël Delafosse sur l’économie nous n’y sommes pas du tout. Ce sont de vieilles recettes. Med Vallée, personne n’a encore compris ce que c’était. On appelle ça Vent Vallée parce clairement aujourd’hui quand vous avez une personne reconnue localement et internationalement comme le professeur Sultan qui démissionne de son mandat car il considère que cela n’avance pas, que tout est flou et que nous sommes dans une culture où il n’y a pas de coopération entre le maire, les élus et les services… je crois que cela en dit long. Sur les sujets importants, aujourd’hui c’est bloqué. Nous avons bien un désaccord avec Michaël Delafosse sur comment notre ville doit se développer et je pourrai prendre d’autres exemples. Cela montre en fait qu’il est un libéral. De temps en temps, il fait des envolées lyriques pour dire qu’il est de gauche mais dans les faits, à la fois les deux premières années de son mandat et sa stratégie de faire perdre la NUPES, cela montre que parfois ne pas choisir c’est choisir. Aujourd’hui, il y a trois blocs. Michaël Delafosse n’arrive peut-être pas à choisir mais je pense qu’il a fait son choix depuis très longtemps. C’est un point qui doit être clarifié.

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En tant que présidente du groupe MUPES, quels sujets comptez-vous mettre à l’ordre du jour ?

La conférence des présidents de groupe est un moment où on peut faire remonter des choses, mettre des sujets à l’ordre du jour, avoir des moyens, une tribune dans le journal municipale… ce sont de petites choses mais ce groupe politique est à la fois une victoire politique mais aussi la reconnaissance de notre travail. Dès que nous aurons des moyens supplémentaires nous les mettrons au service de la démocratie locale. Ce que l’on veut porter ce sont les problématiques locales auxquelles on fait face et notamment sur les questions de développement économique. Nous avons un chômage de masse, des commerces dans les quartiers en difficulté… Nous allons faire des propositions dans ce sens pour porter une autre vision économique et le soutien à des filières sociales et solidaires. Dès que l’on sort de l’Écusson, il manque des commerces de proximité alors que ce sont des commerces pourvoyeur d’emplois.

Il y a un autre volet avec l’impréparation écologique qui nous amène dans une situation où notre quotidien est profondément impacté. Il faut absolument rénover les logements, augmenter les actions pour faire baisser la température en ville… il y a vraiment un travail à mener sur l’écologie concrète qui répond à nos besoins.

Et il y a sur nos écoles la nécessité de prendre soin à la fois des agents et revoir le fonctionnement des bâtiments. On l’a vu lors du dernier conseil municipal où la première adjointe a pris énormément de retard et une incapacité à travailler avec les parents d’élèves sur ces sujets. Nous avons aujourd’hui un patrimoine scolaire qui est, en partie, pas du tout adapté aux températures auxquelles sont confrontés les écoliers et les agents. Il faut aujourd’hui un vrai plan de rénovation sur les écoles. Nous allons pousser à cela dans les semaines et mois à venir.

Vous avez également été très offensive sur la ZFE.

La question des mobilités est cruciale. Ce que nous disent les Montpelliérains, c’est qu’ils veulent des transports publics efficaces. Mais quand vous avez baissé de 20% la cadence sur la ligne 4, cela se voit. Il n’y a pas eu de choc de l’offre finalement. Les projets qui étaient en cours comme la ligne 5 ou les lignes de bustrams prévus depuis longtemps sur Montpellier sont lancés, c’était dans le programme de Michaël Delafosse et nous étions pour donc c’est positif.

Mais le sujet est de savoir comment on fait un choc à court terme pour permettre aux Montpelliérains et Montpelliéraines de se passer de la voiture et de pouvoir aller à leur travail ou à leurs loisirs dans de bonnes conditions. Pour cela, il n’y a pas plusieurs solutions, il faut développer les transports, il faut donc plus de chauffeurs, renforcer les lignes, leur cadence et amplitude horaire. Cela n’a pas été mis en place car nous sommes en train de faire des économies de bout de chandelle pour financer une gratuité démagogique.

La ZFE est pour moi assez révélateur de cette lecture libérale de Michaël Delafosse. Alors qu’il avait des marges de manœuvre pour appliquer autrement la ZFE qui est une ZFE Macron. On peut évidemment critiquer les vignettes car elles sont mal conçues. Si vous avez une vieille Clio diesel elle est interdite de circuler en ville par contre le Porsche Cayenne qui consomme beaucoup plus est autorisé. Les critères sont faits pour favoriser les gros véhicules car les opérateurs de l’industrie automobile ont fait leur travail de lobbying. Aujourd’hui, vous avez une ZFE injuste socialement, très mal amenée alors que nous pouvions mettre en place des mesures dérogatoires beaucoup plus poussées pour éviter que cela impacte les ménages les plus modestes. Notre mot d’ordre est : pas de contrainte sans solution. Si nous ne faisons pas cela, à la fin c’est l’écologie qui perd car les gens penseront que l’écologie est faite pour les riches donc est injuste.

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Nous avions eu la version Philippe Saurel concentrée sur le centre-ville de Montpellier et celle de Michaël Delafosse élargie à la Métropole, comment auriez-vous appliqué cette ZFE ?

Nous avons présenté trois mesures. La première était qu’il fallait une dérogation pour les travailleurs en horaires décalés. Vous travaillez de nuit, tôt le matin ou tard le soir, c’est compliqué en transport en commun. Ensuite, il fallait faire un vrai accompagnement vers le partage de la voiture. Si je me sépare de mon véhicule parce qu’il ne rentre pas dans les critères, quelles solutions j’ai aujourd’hui pour avoir accès de temps en temps à une voiture sans en posséder une moi-même. Il fallait aussi compenser les aides de l’État qui ne suffisent pas pour l’achat d’un véhicule électrique. Le reste à charge est aujourd’hui énorme. Ce qui a été mis en place à Strasbourg pour compléter les aides de l’État tant qu’elles ne seraient pas à la hauteur nous semblait du bon sens. C’est tout à fait possible mais cela n’a pas été activé du coup on se retrouve avec une ZFE socialement injuste qui va pénaliser les ménages les plus modestes. Pour nous, c’est un zéro pointé et cela vient mettre de l’eau au moulin d’un discours sur l’écologie qui je pense fait que l’on est tous perdants.

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Pour conclure, que reste-t-il aujourd’hui du mouvement Nous Sommes lancé pour la campagne municipale ? L’histoire est courte mais déjà très riche.

Tout à fait. Les deux dernières années, nous nous sommes surtout mis au service de ce mandat local en essayant de faire bien le travail de contre-propositions et de propositions et je crois que cela a été reconnu. Nous faisons aussi un travail avec un journal, « Le Pied dedans », qui raconte en quoi les questions locales sont éminemment politique. Et, nous nous sommes mis au service de cette séquence nationale parce que les Montpelliérains ont besoin du SMIC à 1 500€ et des mesures portées par le programme de la NUPES.

Vous étiez aussi présents aux départementales et aux régionales.

Chaque échéance qui permet de traiter des problématiques de notre ville, nous semble opportune pour tout simplement avoir des élus supplémentaires afin de mener la bataille culturelle sur nos sujets. On va continuer à se mettre au service de cet objectif. D’ailleurs, je m’étonne énormément du lancement de son mouvement par le maire dissident Michaël Delafosse, avec un nom qui flatte l’électorat macroniste « Montpellier en mouvement », au moment où je pense qu’il aurait été mieux de faire profil bas. Son sens du calendrier m’a beaucoup interpellé. Cette séquence montre que nous avons besoin plus que jamais à Montpellier de construire la suite, d’être à la hauteur de l’espoir suscité par la NUPES. On voit que les Montpelliérains et Montpelliéraines ont compris que cette ville avait besoin de ces mesures de rupture qui prennent les problèmes à la racine. Il va falloir maintenant que lors des prochaines échéances, les personnes aillent voter. Les gens vont voter à la Présidentielle car ils voient l’objectif direct, la lumière est mise dessus, mais pour les élections intermédiaires c’est toujours plus dur de mobiliser. Ce sera un gros enjeu que de construire cette lame de fond citoyenne pour faire en sorte que les classes populaire et les classes moyennes se déplacent lors des prochaines échéances.

Nous Sommes est toujours un mouvement citoyen ?

Oui c’est toujours un mouvement citoyen qui se met au service des habitants de la ville. Le municipalisme ce n’est pas se présenter tous les six ans en attendant sagement la prochaine élection municipale. C’’est la politique par le bas, être présent dans les luttes, de créer des médias, de relayer, de politiser ce qu’il se passe dans le quotidien des gens en étant à leur côté et en parlant de ce qu’ils vivent. Mais c’est aussi que chaque échéance électorale soit l’occasion d’avoir des élus. Un élu pour nous, c’est un élu en moins pour eux. Je dis « nous » dans le sens « notre camp politique ». Nous sommes loin d’être des apparatchiks, nous sommes un mouvement au service de, nous nous mettons là où il y a des besoins. Notre ADN est d’arriver à être une force qui se met au service de. C’est ce que nous allons continuer à faire dans les années qui viennent.

À Montpellier, la gauche doit elle se construire autour de Nous Sommes ?

Je pense que l’on est évidemment un acteur incontournable. Nous avons des mandats locaux, des gens formés, on fait sur le terrain un travail de fourmis énorme qui parfois manque aux mouvements politiques. Nous Sommes existe parce que, localement, les formations politiques ne faisaient pas tout ce qu’elles devaient faire. On n’existe pas pour exister, on n’existe pas pour que Nous Sommes existe. On existe parce qu’il y a des besoins. Et, de fait, oui nous sommes évidemment une force d’attraction aujourd’hui car le problème des formations politiques, notamment La France Insoumise, c’est qu’elles sont organisées pour ces temps nationaux forts mais du coup il y a à structurer tout le reste. Je crois que la NUPES a un rôle important à jouer comme force d’attraction et nous nous mettrons au service de cette dynamique.

Le 23/07/2022 à 19:32, par Cédric Nithard.