Législatives / Hérault (34-5) : Aurélien Manenc, « Notre candidature est celle de la ruralité »


Aurélien Manenc, candidat
Aurélien Manenc, candidat (©CN / Métropolitain)

Engagé localement depuis 25 ans, Aurélien Manenc, avec sa suppléante Marie-Pierre Pons, porte aux Législatives la voix du socialisme local sur la 5e circonscription de l’Hérault. Soutenu par Carole Delga et Kléber Mesquida, le lieutenant-colonel des pompiers du Sdis 34, maire de la commune de Lunas et vice-président de la communauté de communes Grand-Orb se présente comme « un citoyen engagé au service des autres », affirme ses différences avec la NUPES et entend défendre les besoins, notamment en matière de services publics, d’un territoire rural. Interview.

Métropolitain : pourquoi avoir eu un engagement politique en plus de votre profession de sapeur-pompier ?

Aurélien Manenc : Je suis un citoyen engagé au service des autres. C’est mon ADN en tant qu’élu depuis 25 ans et dans mon métier de sapeur-pompier professionnel. C’est complémentaire. Avec les pompiers, on aide les gens dans les moments difficiles et d’urgence. L’engagement politique permet de construire le bien-être de nos concitoyens au quotidien dans divers aspects. J’ai été un jeune militant au Parti Socialiste, donc c’est un peu une colonne vertébrale autour des valeurs humanistes et progressistes que nous défendons depuis toujours.

Pourquoi selon vous le PS devait refuser de rejoindre NUPES ?

C’est encore une fois une alliance qui nous est imposée par Paris sans consultation du terrain. C’est aussi ce que l’on dénonce au quotidien dans la gestion de nos collectivités. Nous sommes pour une décentralisation et un pouvoir territorial accru. Il y a un certain nombre de sujets sur lequel nous ne sommes pas d’accord avec La France Insoumise : la position sur l’Ukraine, sur l’Europe, la sécurité… Quand on regarde cette alliance de l’extérieur, on a l’impression qu’il s’agit plus de se répartir des sièges électoraux que de s’entendre sur un programme avec un vrai projet sociétal.

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Vous craignez une exclusion du PS ?

Non, pas du tout. Et quand bien même ce serait le cas, la voix de notre ADN que nous portons se reconstruira à l’extérieur ou à l’intérieur du parti. Dans l’Hérault et d’autres départements quelque chose est en train de renaître. Je ne suis pas inquiet, d’autant que sur le terrain nous avons un très bon accueil car les gens ne comprennent pas ce mariage de la carpe et du lapin. Ils comprennent que nous ne pouvions pas aller avec Jean-Luc Mélenchon.

Vous évoquiez un projet sociétal différent de celui de la NUPES. Quel est-il ?

C’est un projet solidaire et écologique pour la défense de la ruralité, des services publics et ne laisser personne au bord du chemin. Nous avons trois sujets phare que sont le pouvoir d’achat, le service public, et notamment de santé, pour tous et partout, car les déserts médicaux sont devenus un véritable problème au quotidien pour nos concitoyens, ensuite la préservation de la planète et la préparation pour nos générations futures. Il y a un quatrième point important relatif à la sécurité et au bien-être de nos concitoyens dans tout ce concerne le bien-vivre ensemble. J’y inclus tout un volet qui me tient à coeur et que je souhaite défendre qu’est l’égalité homme-femme qui comprend à la fois la lutte contre les violences faites aux femmes ce qui est juste inadmissible et pour lequel nous ne mobilisons pas suffisamment, ainsi que l’égalité salariale et la présence des femmes dans toutes les organes décisionnelles des entreprises et des collectivités. C’est un vrai combat de fond.

Vous avez reçu une demande de la part de Pierre Polard, maire de Capestang et candidat NUPES sur la circonscription, de vous retirer. Comment l’avez-vous pris ?

C’est assez curieux qu’il m’ait formulé cette demande, alors que lui-même s’est déclaré dès le lendemain du second tour en envoyant sa candidature dans toutes les boîtes aux lettres de la circonscription, fermant ainsi toute discussion. On aurait peut-être pu en discuter avant, maintenant c’est trop tard.

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Que vous disent vos concitoyens sur le terrain ?

Nous avons un accueil plutôt très positif d’une candidature qui propose une troisième voie. On ne veut plus que le président Macron et son gouvernement continue à mener sa politique, notamment en dénigrant les territoires ce qu’il a fait au moins jusqu’à la crise Covid. Et on ne veut pas non plus des extrêmes qu’ils soient à droite ou à gauche avec des positions très marquées sur l’Europe, l’Ukraine, les dictatures mondiales, la sécurité… Nous sommes pour une troisième voie républicaine, solidaire et écologique. Sur le terrain c’est plutôt très bien accueilli par nos concitoyens.

Vous rejetez donc les analyses qui présentent trois blocs : libéral, extrême droite et gauche radicale ?

Je pense que la richesse de notre démocratie, contrairement aux États-Unis par exemple, c’est le pluralisme des partis. Nous avons tout de même une histoire derrière nous. Nous sommes un parti de gouvernement qui a présidé aux destinés de la France avec de vraies avancées pour nos concitoyens. C’est dans cette lignée là que nous nous inscrivons. Il n’y a pas trois blocs, il y a une multitude de partis. Les Républicains souhaitent défendre leur courant de pensée, tout comme les Radicaux de Gauche. Nous proposons également une autre voie.

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Aurélien Manenc, soutenu par Carole Delga et Kléber Mesquida.
Aurélien Manenc, soutenu par Carole Delga et Kléber Mesquida. (©CN / Métropolitain)

Quelles sont les problématiques de la 5e circonscription ?

C’est une circonscription très étendue avec 141 communes qui vont des limites de l’Aveyron à celles du Tarn et de l’Aude, jusqu’aux portes de Béziers avec des typologies très variées sur les plans économiques, environnementales et sociétales. Néanmoins, il y a des problématiques communes que l’on veut défendre en complémentarité avec les politiques menées par la Région et le Département, qui soutiennent ma candidature. D’ailleurs, le principe de ce soutien est d’avoir une force de frappe plus forte car les deux collectivités ont besoin de députés pour porter à Paris les problématiques. Pour revenir à la circonscription, la mobilité est un vrai problème. Le transport collectif ne répond pas aux attentes, ce qui rend la voiture indispensable et avec la hausse du carburant rend son coût très important. Les premières mesures que l’on veut développer concernent le pouvoir d’achat avec une hausse de 15% du SMIC et la baisse de la TVA sur les énergies et le carburant.

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Autre sujet important, la défense des services publics à commencer par celui de la santé. Même s’il y a des pôles forts autour de Lamalou-les-Bains, la médecine libérale disparaît petit à petit et il y a des déserts médicaux dans lesquels on ne peut plus se soigner. Nous sommes un territoire où il y a une population âgée importante, qui ne peut pas se déplacer. La santé est donc un axe majeur et immédiat de travail. Carole Delga a d’ailleurs annoncé que la Région Occitanie recrutera 250 médecins, nous nous inscrirons dans cette dynamique pour favoriser la création de maison de santé pluridisciplinaire et secouer aussi l’ARS pour pouvoir installer des médecins en ruralité. Nous souhaitons porter une proposition de loi pour que les étudiants en médecine effectuent une année dans les déserts médicaux urbains et ruraux. On sait, parce que l’on a l’expérience sur le territoire que lorsque l’on vient un an, on se fait des amis, on commence à s’installer et finalement on reste. Cela me semble être une proposition intéressante. Il y a après tous les autres services publics. On a supprimé la possibilité de faire les cartes grises, les cartes d’identité, les passeports… dans toutes les mairies, alors que c’est ce qui maille le territoire et l’accès est facile pour tout le monde, au profit du numérique auquel tout le monde n’a pas accès. Cette déconnexion entre le citoyen et l’accès au service public est une vraie problématique sur notre territoire. Il y a également tout le volet économique propre à cette circonscription dont une partie repose sur la viticulture notamment la plus à l’ouest, et l’agriculture au sens large, qu’il faut accompagner par des mesures fortes.

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En tant que sapeurs-pompiers sentez-vous aussi la mission de porter cette parole à l’Assemblée nationale ?

Dans mes mandats électifs de maire et président d’intercommunalité, comme avec les pompiers, je suis au contact de la population et donc très proche de leurs problématiques. Plus qu’une parole, je souhaite porter le choix qui a été fait par le conseil d’administration du Sdis 34 et le Département de l’Hérault de maintenir un maillage de casernes et donc ce service public de proximité. Avec 72 casernes de sapeurs-pompiers, l’Hérault est l’un des rares départements où il y a un fort maillage du territoire, y compris dans de petites communes. C’est l’exemple de ce qu’il faudrait faire pour les autres services publics.

Et, encore une fois, pompier est un métier qui nous permet de nous rapprocher des difficultés des gens, que ce soit en intervention ou dans son volet administratif. On constate notamment toutes les difficultés que peuvent rencontrer les entrepreneurs notamment en milieu rural et tout ce que l’on devrait faire pour les aider. On souhaite par exemple travailler sur la transmission d’une entreprise, l’accompagnement à l’apprentissage… Dans toutes les communes il y a des artisans qui ont du mal à embaucher. Nous souhaitons faciliter tout ce qui relève des services favorisant les réparations ou la préservation de l’environnement avec des choses simples que l’on pourra mettre en œuvre rapidement.

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Quel type de député souhaitez-vous être ?

Je serai à l’image de ce que je fais au quotidien dans mes mandats électifs c’est à dire proche des gens, à l’écoute et sur le terrain. Avec Marie-Pierre Pons, notre candidature est celle de la ruralité. Nous voulons montrer à Paris que ce que nous faisons au quotidien marche. On ne peut pas tout décider depuis Paris sans être connectés aux réalités de nos concitoyens. Dans ce sens, je souhaite d’ailleurs porter une proposition qui est d’accentuer la décentralisation. L’organisation très jacobine de notre État ne colle plus aux besoins de notre société. Le déclassement de la France au niveau économique s’explique aussi par notre manque de réactivité. Je suis pour un État fort dans ses missions régaliennes, qui donne des objectifs et qu’ensuite les politiques soient développées en proximité par les Régions, les Départements et les collectivités territoriales en fonction des spécificités du terrain. Nous ne pouvons pas par exemple gérer les transports ou la formation de la même manière en Occitanie et en Île de France. Cette colonne vertébrale de l’État et ces décisions parisiennes semblables pour tous ne sont plus adaptées au fonctionnement et à la dynamique du pays.

En cas de victoire vous serez obligé de quitter votre poste de maire. C’est prévu ?

On en a parlé avec mon équipe pour au cas échéant, se réorganiser dès le début du mois de juillet. Je mettrai également entre parenthèses mes fonctions au sein du Sdis 34. L’emploi de député est un emploi à plein temps et même plus qu’à plein temps.

Le 23/05/2022 à 08:10, par Cédric Nithard.