Législatives / Hérault (34-2) : en dissidence avec Renaissance, Mahfoud Benali « ne lâche rien »


Mahfoud Benali en colère après ne pas avoir été investi par LREM.
Mahfoud Benali en colère après ne pas avoir été investi par LREM. (©Métropolitain)

La décision de LREM, devenu Renaissance, d’investir Annie Yague sur la 2e circonscription de l’Hérault, exclusivement montpelliéraine, n’est pas du goût de tous les partisans locaux d’Emmanuel Macron. Après Flavio Dalmau, qui a immédiatement annoncé sa candidature dissidente sur les réseaux sociaux, Mahfoud Benali a réuni journalistes et soutiens en début de semaine pour lâcher ce qu’il avait sur le coeur. Le « marcheur de la première heure », comme il aime à le rappeler, est bien décidé à mener sa propre course. En dissidence mais toujours pour le président de la République.

« J’y vais ! »

Il y a un mois, au lendemain du premier tour de la présidentielle, déçu par le score d’Emmanuel Macron à Montpellier, Mahfoud Benali ne cachait pas ses intentions d’obtenir l’investiture LREM pour les législatives en visant particulièrement la 2e circonscription de l’Hérault. Bien que comptant parmi les soutiens de la première heure, cette investiture lui avait échappé par le passé. C’est pourquoi il prévenait : « Je n’oublie pas qu’en 2017 une adjointe au maire m’a été préférée, bilan des courses c’est LFI qui a gagné. J’ai joué le jeu, j’ai sans doute fait une erreur. Vous le savez, on apprend beaucoup de ses erreurs ».

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Six ans plus tard, l’histoire se répète. Cette fois Mahfoud Benali voit Annie Yague lui barrer la route. « C’est le même choix qu’en 2017, une collègue et un soutien de Stéphanie Janin, âgée de 70 ans, patronne de bars en centre-ville, candidate contre la liste LREM aux Municipales et responsable mobilisation chez Patricia Mirallès » fulmine-t-il avant de poursuivre : « En 2017, j’ai eu tort. « Notre » mais je devrai dire « leur » candidate a perdu. Je ne peux pas prendre le même risque et que la même cause entraîne le même résultat, la situation politique a changé ».

Alors Mahfoud Benali a-t-il appris de cette « erreur » qu’il évoquait. Constatant « la poussée très importante en 5 ans des amis de Jean-Luc Mélenchon », et disant vouloir « éviter que la députée LFI et le maire PS se fassent la guerre jusqu’en 2026 au détriment des Montpelliérains », Mahfoud Benali lance un volontaire : « J’y vais ! ».

Une nouvelle fois en dissidence

Après les Régionales 2010 avec Georges Frêche et les Départementales en 2015, c’est donc une nouvelle campagne en dehors des partis dans laquelle se lance Mahfoud Benali. S’il se présente sans étiquette, le dissident n’en veut toutefois pas à Emmanuel Macron. « Le président de la République, ignorant ma candidature, n’est pas au courant de ce qu’ils m’ont fait » lâche-t-il.

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Si l’année dernière, quand son binôme avec Hélène Qvistgaard avait perdu le soutien de LREM suite à l’affaire de leur suppléante voilée aux Départementales, Mahfoud Benali s’était montré mesuré à l’égard du parti, ce n’est plus le cas. « Écoeuré des pratiques locales », il cible plus particulièrement Patrick Vignal, coupable de ne pas lui avoir rendu la pareille selon lui. « Je l’ai soutenu aux Municipales, il ne m’a pas soutenu aux Législatives. J’en prends acte. Ses 5 %, il me les doit en partie » juge-t-il.

Estimant être « un efficace » quand Annie Yague est « une lauréate », il souligne : « L’an dernier, j’ai fait ici le meilleur résultat de LREM des Départementales ». Sans dissidents en face d’eux, son binôme avait terminé de peu à la 3e place au premier tour avec 20,45% sur le canton Montpellier-1. Un score qu’il pensait suffisant pour légitimer sa candidature à l’investiture, d’autant qu’il était le référent LREM durant la présidentielle sur la 2e circonscription justement. Mais non. Alors cette question lancinante, pour laquelle il n’a pas toujours de réponse, lui revient une nouvelle fois : « Pourquoi ne veulent-ils pas d’un petit arabe ? ». 

« Je ne lâche rien »

Très remonté, Mahfoud Benali rappelle à maintes occasions qu’il garde toutefois sa « confiance pleine et entière envers le président de la République. Il le sait, nous avons échangé ». Conscient qu’une campagne n’est pas faite que de « petites histoires », mais sans doute qu’elle peut la lancer, il indique vouloir être un « député pour agir, réformer, améliorer le quotidien » et s’investir dans les domaines de l’éducation et du logement. Et de clarifier son rôle localement : « Député, non membre du conseil municipal, je serai le garant de la bienveillance de l’État pour le territoire sans dogmatisme à la différence de mes nombreuses concurrentes ».

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Avant d’y arriver, la bataille s’annonce rude dans la 2e circonscription avec beaucoup de matchs dans le match. « Je ne lâche rien » assume Mahfoud Benali. Ému, la larme à l’oeil, le candidat, prêt au combat, entame sa course : « Soutenu par beaucoup de marcheurs sincères, ma campagne sera républicaine mais je serai intransigeant face au racisme, au mépris de classe et à toutes stigmatisations des religions comme à leurs instrumentalisations, je suis en marche pour la majorité présidentielle ! ». Comme d’autres…

Le 21/05/2022 à 12:05, par Cédric Nithard.