Gard : 550 sapeurs-pompiers dans une dantesque « guerre du feu »


« Les sapeurs-pompiers qui ont été mobilisés vendredi sur les nombreux incendies de végétation dans le Gard ont fait face à une véritable guerre du feu, c’était dantesque selon les endroits, avec d’impressionnants fronts de flammes « , analyse ce samedi un pompier, heureux de constater que, « le bilan humain qui est de douze blessés légers, dont onze pompiers aurait pu être pire. On a frôlé une tragédie ».

Le bilan matériel, à savoir la destruction d’habitations a été revu à la baisse, par ailleurs. Alors qu’à 19h hier, le Sdis 30 indiquait que le nombre de maison brûlées étaient de quinze, à minuit, le nombre était de onze finalement, même si c’est beaucoup. »

Quatre hangars agricoles, quatre mobile-homes et quatre chevaux ont par ailleurs brûlés : « C’est un désastre et dire qu’on est encore qu’en juin, l’été commence à peine », observe un pompier inquiet.

« Une vitesse vertigineuse »

« Les flammes progressaient à une vitesse vertigineuse dans une chaleur étouffante, j’ai vu des pins et des haies de cyprès se transformer en torche de 12 à 15 mètres de haut, je n’ai jamais vu pareil feux de forêt et de broussailles de ma vie », témoigne un habitant de Vauvert, invité par les pompiers à évacuer sa maison proche d’une autre : « Le feu a longé ma propriété, intacte, mais la maison et le hangar agricole de 500 m2 de mes voisins ont complètement brûlé. Les pompiers n’ont rien pu faire ».

Départs de feux simultanés

Les pompiers du Gard ont été confrontés à de nombreux départs de feux simultanés, une vingtaine sur les 56 incendies de végétation recensés dans le Sud du département, une situation difficile à gérer pour le centre opérationnel départemental d’incendie et de secours -Codis 30-, d’autant qu’il doit traiter des interventions de secours à personne.

Six Canadair, un Dash et un Tracker ont effectué de nombreux largages, souvent dans des conditions difficiles. L’autoroute A54 a été coupée entre Nîmes et Arles, où les flammes ont encerclé les aires de repos de Garons.

Cellules de crise

La cellule de crise a été activé au Sdis 30 et au centre opérationnel départemental -COD- en préfecture du Gard, avec l’envoi de renforts. Mais, les pompiers du Gard complètement dépassés et à court de matériel -engins de lutte contre les feux de végétation et fourgons de lutte contre les feux urbains- sont restés seuls pendant des heures, avant l’arrivée des colonnes de l’Hérault, de la Lozère, du Vaucluse, des Bouches-du-Rhône -Sdis 13 et marins-pompiers de Marseille-, du Var, des Alpes-Maritimes, des Alpes-de-Haute Provence et des Hautes-Alpes.

Renforts conservés

Ce samedi, ces renforts extra-départementaux sont conservés dans le Gard. Au total, 550 « soldats du feu » sont sur le terrain, avec 80 véhicules. Les sites les plus touchées restent sous surveillance, pour éviter des reprises, comme à Vauvert, Garons, Montfrin et Meynes, où dans cette commune, les flammes ont été éteintes vers 2h, cette nuit.

« Les pompiers sont fatigués ce matin, après une journée difficile à lutter contre les flammes dans une forte chaleur, et une nuit à combattre dans l’obscurité pour protéger des habitations », assure un officier du Sdis 30. Onze sapeurs-pompiers ont été légèrement blessés.

Nombreuses évacuations

Des habitants ont été évacués par les gendarmes et les polices municipales, comme le lotissement Le Ventouret, à Saint-Gilles-du-Gard, où le feu est arrivé devant les propriétés, avec des jardins qui sont calcinés, ou encore à Vauvert, où les occupants de 50 pavillons ont eu chaud.

À Bouillargues, l’inquiétude a grandi pendant trois heures, avec la disparition de trois locataires d’une maison qui a entièrement brûlé. Affolés en apercevant le front de flammes arriver droit sur la maison, ils sont partis en courant, abandonnant tout leurs biens pour se réfugier dans une zone à découvert, là où ils ont été finalement retrouvés, en état de choc.

« Les abords de la voie ferroviaire pas entretenus ».

À l’Ouest de Nîmes, un propriétaire terrien qui était en train de donner de l’eau à ses chevaux sur son terrain longeant la voie ferroviaire est formel : « J’ai vu un train passer, dans les minutes qui ont suivi, les herbes sèches de part et d’autre des rails ont pris feu. Les flammes se sont propagées dans les broussailles et les arbustes très rapidement. Quand les premiers pompiers sont arrivés, plusieurs hectares étaient déjà noircis. Les abords des voies SNCF ne sont pas entretenus, tous les étés ça brûle ».

Tous les incendies d’hier ne sont pas accidentels, des feux volontairement allumés sont évoqués par des maires, des pompiers et des riverains. « Les 56 départs ne sont pas tous involontaires, ce n’est pas possible » confirme un élu qui a aidé aux évacuations.

Les gendarmes enquêtent

Les gendarmes du groupement du Gard ont ouvert des enquêtes. Les experts scientifiques de la cellule d’identification criminelle sont sur place dès ce matin pour tenter d’isoler les endroits d’où sont partis les flammes des sept incendies les plus importants :

Vauvert : 50 hectares brûlés, 1 maison et 1 hangar brûlés, 1 blessé léger
(homme de 69 ans). Feu fixé.
Bouillargues : 25 hectares brûlés. 5 maisons brûlées, 4 chevaux
décédés. Feu fixé.
Garons-Saint Gilles-du-Gard : 250 hectares brûlés, 5 maisons brûlées. Feu fixé.
Montfrin : 70 hectares brûlés. Le feu est fixé.
Beaucaire : 45 hectares brûlés. Aucune maison de brûlée. Feu fixé.
Meynes : 50 hectares brûlés. Feu toujours actif.
Saint Gilles : 10 hectares de brûlés. Feu fixé.

Au total, 500 hectares de végétation ont été ravagés. La vigilance reste de mise ce samedi dans le Gard, où l’alerte rouge est levée pour être placée en orange.

29/06/2019 à 08:03 par Jean-Marc Aubert