Occitanie : la Région attentive au développement économique du Gard


Alors que, cette année encore, la Feria de Pentecôte bat son plein à Nîmes, nous avons interrogé Carole Delga, présidente de Région Occitanie, pour évoquer avec elle les atouts du Gard, un territoire pas comme les autres, dont le folklore et les traditions ne doivent pas faire oublier les enjeux économiques, culturels et sociaux. Le Gard « porte d’entrée du territoire » : pourquoi, comment ? Et surtout, quels bénéfices pour Montpellier et l’Hérault ? On en parle.

Nouvelle Feria de Nîmes et présence forte de la Région… Pourquoi ?

La feria de Nîmes est un des événements populaires les plus emblématiques du Gard, et je dirais même de la région, voire de la France ! Cette feria est avant tout une fête unique : j’ai un vrai coup de coeur pour cette ville et je ressens un vrai plaisir à arpenter les rues de la ville dans cette atmosphère si particulière. Mais si la Région est un partenaire fidèle de cet événement, c’est parce qu’il est le symbole de ce qui nous rassemble, à savoir une identité forte marquée par des traditions ancrées dans nos territoires, et une culture bien vivante, dont nous sommes fiers. Cette année, le dress code a changé avec une entrée en force du jean. Ce clin d’oeil rappelle que Nîmes est le berceau de cette toile denim qui est devenue en quelque sorte un uniforme universel. Depuis trois ans, j’ai à coeur de mettre en avant le « Produit en Occitanie“, de montrer que dans notre région, nous avons des femmes et des hommes qui se démènent pour conjuguer production localisée et qualité. Donc je suis particulièrement sensible à cette initiative qui remet l’identité nîmoise au coeur de la fête.

Carole Delga à la rencontre des entreprises de la région

Carole Delga à la rencontre des entreprises de la région (©G. Lefrancq)

Des manifestations culturelles comme celles-ci sont des marqueurs identitaires forts pour les stratégies de développement touristique. Comment la Région s’en sert-elle pour générer une dynamique en la matière ?

Je ne vous apprendrai rien : l’identité culturelle du Gard est très forte. La feria de Nîmes, les courses camarguaises ou encore les tournois de joutes au Grau-du-Roi font la fierté des habitants et j’assume totalement le choix de prendre appui sur ces manifestations qui nous singularisent pour servir le développement touristique régional. On ne le sait pas toujours, mais le tourisme est le deuxième secteur économique de la région, il représente 10% de notre PIB. Je veux mobiliser tous les moyens possibles pour structurer et tirer vers le haut ce secteur. Nous avons des atouts de poids pour cela, je pense immédiatement à notre patrimoine, ici à Nîmes, à Uzès, au Pont du Gard, et à nos sites naturels, les Cévennes, la Camargue, les Gorges du Gardons, mais aussi à notre art de vivre et notre culture. Alors oui, nous accompagnons les grandes manifestations culturelles par du financement direct. Moins visible mais qui nous mobilise tout autant : le soutien aux entreprises ; ce qui s’est traduit par exemple en 2018 par la création de plus de 1000 emplois.

C’est ainsi, sans faire table rase du passé mais en prenant le meilleur de ce que chacun peut apporter que nous réussirons, j’en suis convaincue, à sortir par le haut des défis de l’emploi, du pouvoir d’achat et du lien social.

Le territoire gardois, c’est aussi un vaste arrière-pays que vous avez encore arpenté dernièrement lors de visites . À ces occasions, quels sont les atouts propres au territoire gardois que vous prenez en considération lors des arbitrages, plans stratégiques et attributions de subventions par la Région ?

Les atouts propres à ce territoire sont légion, j’aimerais évoquer en particulier l’industrie. Le Gard est en effet le deuxième département industriel de la région, avec des grandes entreprises à Nîmes, à Alès, dans le Gard Rhodanien, mais aussi un riche tissu de PME et PMI dotées d’un excellent niveau de technicité, des start-up émergentes aussi. Pour moi, il est indispensable de mettre à profit les savoir-faire et les expertises de ce bassin industriel historique lorsque nous décidons d’accompagner des investissements susceptibles de contribuer au développement du département. La CleanTech Vallée, que nous suivons de près, en est un exemple assez concret. Elle associe des poids lourds de l’industrie à des entreprises portant des projets innovants de transition écologique. C’est ainsi, sans faire table rase du passé mais en prenant le meilleur de ce que chacun peut apporter que nous réussirons, j’en suis convaincue, à sortir par le haut des défis de l’emploi, du pouvoir d’achat et du lien social.

Il y a aussi le plan Camargue… 

La Camargue est un écosystème à la fois unique et fragile, un territoire où les traditions camarguaises sont toujours très vivantes et représentent un enjeu fort tant environnemental qu’économique, agricole et social. C’est pourquoi nous avons lancé avec Jean Denat, conseiller régional délégué à la mémoire et aux traditions, un plan d’actions pour assurer l’évolution et la promotion de ces traditions. Construit avec les forces vives et les acteurs de la Camargue, ce plan entend répondre aux spécificités de ce territoire en proposant des dispositifs de soutien adaptés. Ce sont 30 M€ qui sont mis sur la table pour soutenir notamment les manades et managers qui peuvent connaître des difficultés ou pour rénover et moderniser les arènes.

Le département voisin, l’Hérault, attire beaucoup la lumière. Ne pensez-pas qu’il soit difficile d’exister dans l’ombre d’une métropole comme Montpellier ?

Le Gard dispose de nombreux atouts. Quand on parle du Gard, on parle d’un bassin industriel majeur, le 2è de la région après la Haute-Garonne, je viens d’en dire deux mots, on parle également d’une filière bois dynamique dans les Cévennes, d’un formidable patrimoine historique, d’un riche potentiel touristique, avec des sites remarquables qui attirent des touristes du monde entier… Cela nous a d’ailleurs conduits à lancer à Nîmes l’Open Tourism Lab, le premier du type en Occitanie, qui accueille des start-up touristiques à haut potentiel et des entreprises ayant un projet de développement innovant. 

L’aéroport de Montpellier est essentiel au développement de l’Hérault et de l’est de l’Occitane, c’est une évidence

Sur l’Hérault, justement, et en lien avec la question touristique, il y a le développement de l’aéroport de Montpellier… au sein duquel la Région est investie à plusieurs titres : conseil de surveillance, co-financeur, approbation du plan stratégique “Destination 2020“… Quelle sera la prochaine étape ?

L’aéroport de Montpellier est essentiel au développement de l’Hérault et de l’est de l’Occitane, c’est une évidence et c’est pourquoi la Région est le premier financeur de son développement. Les voyants sont actuellement au vert, c’est une grande satisfaction. Un trafic record en 2018, une augmentation de fréquentation de 30% sur les quatre dernières années, un nouveau terminal qui vient d’être inauguré et va permettre d’augmenter largement sa capacité… L’avenir se présente sous les meilleurs auspices. De nouvelles ouvertures de ligne sont d’ailleurs en cours, pour passer d’une trentaine de destinations aujourd’hui à une cinquantaine d’ici quelques années. Je me félicite à ce titre de l’ouverture en ce mois de juin de la ligne qui reliera Montpellier à Moscou, et pour laquelle la Région s’est fortement engagée.

Outre l’aéroport, la Région a aussi décidé d’investir 80 M€ sur le parc des expositions et la Sud de France Arena. Pourquoi ce choix ?

Avec la création d’Occitanie Events, nous voulons reprendre pleinement en main le destin de deux des installations phares pour l’attractivité de Montpellier et de l’Occitanie : la Sud de France Arena et le Parc des expositions. Je veux donner une nouvelle impulsion à ces équipements structurants. Si nous voulons positionner l’Occitane dans le peloton de tête de cette course qui se joue dans l’accueil de grandes manifestations nationales et internationales, nous devons changer de braquet et en faire un vrai lieu de vie autour des manifestations accueillies. Le plan massif d’investissement de la Région de 80 M€ que nous proposons témoigne d’une volonté forte : celle de faire entrer ces infrastructures dans le XXIème siècle, en les dotant des atouts nécessaires pour en faire des pôles d’attractivité à l’échelle régionale, nationale et internationale dans ce secteur porteur de plus-values et d’emplois.

Le Parc des expositions de Montpellier pourrait devenir le premier Parc des expositions à énergie positive en Europe

Nous voulons également faire de ce site une vitrine de l’ambition de la Région en matière de développement durable et de développement des filières régionales d’excellence. Le Parc des expositions de Montpellier pourrait ainsi devenir le premier Parc des expositions à énergie positive en Europe, autosuffisant énergiquement grâce au photovoltaïque. L’Occitanie a une carte à jouer, et je souhaite lui donner les moyens de la jouer à fond.

06/06/2019 à 17:12 par MÉTROPOLITAIN