Terrorisme. Filière de Lunel : Yassine Sakkam condamné à mort en Irak


Mercredi, un tribunal de Bagdad en Irak a condamné à mort Yassine Sakkam, présumé membre de la filière terroriste de Lunel, à 20 kilomètres au sud-est de Montpellier, pour appartenance au groupe jihadiste Etat islamique (EI), portant ainsi à sept le nombre de Français ayant écopé de la peine capitale dans ce pays.

«Je reconnais avoir fait allégeance à l’EI. Je touchais un salaire de 70 dollars» par mois, a dit lors de l’audience Yassine Sakkam. «En France, je ne m’intéressais à rien, ni à la Palestine, ni à l’Irak, ni à la guerre. Je pensais seulement à gagner de l’argent. Entre deux verres (d’alcool) et de la cocaïne, j’ai appelé mon frère, en Syrie et je lui ai dit : je viens te voir», a-t-il ajouté.

« Mon frère s’est fait exploser »

 Il a révélé que son frère, Karim, parti de Lunel également «s’est fait exploser à la frontière irakienne. Je regrette, je demande pardon à l’État irakien et aux victimes». Yassine Sakkam a quitté la France fin 2014 pour rejoindre  son frère Karim. Ce dernier serait mort en effet, dans un attentat-suicide à la frontière entre l’Irak et la Jordanie, en 2015.

Les deux frères résidaient avec leur famille dans le village de Saint-Just, à 4 kilomètres à l’ouest de Lunel.

Le même tribunal a condamné à mort un Tunisien, Mohammed Berriri, âgé de 24 ans, pour la même accusation. L’accusé a indiqué avoir fait partie de différentes «brigades» de l’EI, où il était employé comme garde : «Je suis parti en Syrie parce que j’étais énervé et que je pensais que l’EI défendait les plus faibles. Aujourd’hui, j’ai vu la vérité sur l’EI et je n’ai plus rien à voir avec cette organisation».

Trente jours pour faire appel

Les deux accusés ont été arrêtés en Syrie, puis transférés en janvier dernier en Irak avec un groupe de dix jihadistes français présumés. Six d’entre eux ont été condamnés à mort depuis dimanche pour avoir rejoint l’EI. Mercredi, la France a affirmé qu’elle multipliait «les démarches pour éviter la peine de mort» à ces ressortissants, alors que Paris milite de longue date pour l’abolition de la peine capitale dans le monde.

Les condamnés ont 30 jours pour faire appel. Ce jeudi, on ignore la décision du terroriste présumé lunellois. L »exécution des peines de mort se fait par pendaison.

Le gouvernement a été rappelé à l’ordre mercredi par Jacques Toubon, le Défenseur des droits, qui l’a sommé de venir en aide aux enfants de jihadistes français retenus en Syrie. Il a appelé à faire cesser «les traitements inhumains» qu’ils subissent. 450 ressortissants français de l’EI seraient actuellement retenus par les Kurdes, selon le Quai d’Orsay.

30/05/2019 à 10:32 par Jean-Marc Aubert