Montpellier : Gaston dessine Boby Lapointe et fait croquer ses potes


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Le 26 août prochain, découvrez Boby Lapointe sous les traits de Gaston. – (©Éditions Idées Plus)

Boby Lapointe ou l’homme aux mille vies. Chanteur, acteur, mathématicien, scaphandrier, inventeur ou encore installateur d’antennes et barman, le Piscénois est source de fascination pour Gaston. Le dessinateur montpelliérain du P’tit Sarko et du P’tit Chirac rend hommage avec seize de ses pairs au génialissime Boby Lapointe. Interview. 

>> Comment avez-vous découvert Boby Lapointe ?

Je le connaissais déjà par culture générale, comme on connaît Georges Brassens ou Léo Ferré. J’ai surtout découvert Boby Lapointe par le biais du Printival, j’y étais allé en tant que dessinateur sur l’Hélicon, le journal du festival. Il y a le Boby Lapointe par culture générale, mais aussi le Boby Lapointe par Pézenas, par sa fille et sa petite-fille, par le festival.

>> Comment vous est venue l’idée de créer une bande-dessinée sur cet homme méconnu des nouvelles générations ? 

En discutant avec Dany Lapointe, qui avait envie de marquer le coup pour le 100e anniversaire de Boby Lapointe, nous sommes partis sur cet ouvrage hommage. Puis le projet a évolué, cela devait être un pêle-mêle de dessins hommage. Au fur et à mesure, il nous ait paru plus judicieux et plus original de mélanger des objets, des photos, des fragments de sa vie. C’était plus simple aussi de demander à un seul dessinateur de travailler sur le fond, d’autant que j’ai déjà fait des carnets de voyage. J’ai traité le projet comme tel. Cela s’appelle Au Pays de Boby Lapointe de par tous les documents authentiques et véritables. Dans le même état d’esprit qu’un carnet de voyage où on y ajoute des tickets de transport, des timbres ou encore des photos.

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>> Quel a été le travail de recherches ? Comment vous êtes-vous documenté ? 

J’ai beaucoup échangé avec Ticha, la fille de Boby Lapointe. Le musée Boby Lapointe à Pézenas est empli de trésors et de documents véritables. Tout se trouve là-bas. C’est en lisant sa biographie écrite par Huguette, sa soeur, et en faisait pas mal de recherches sur Internet, que j’en ai pas mal appris. En croisant les informations comme un journaliste le ferait. Comme je travaillais par thème, j’allais chercher des renseignements en fonction du thème abordé. Par exemple, le passage sur le système Bibi-binaire a été une autre histoire (rires). Il a fallu que je comprenne ce système, que je me transforme plus en matheux qu’en documentariste. Personne n’y comprend rien mis à part un spécialiste à qui j’ai pu poser toutes mes questions. Lorsque ça concernait la famille, je contactais de suite Ticha pour savoir leurs destinations de vacances, pour avoir des photos pour leur arbre généalogique. 

>> Pourquoi vous adresser à Boby Lapointe tout au long de la BD ? 

Premièrement, je voulais créer un rapport direct. Au début, on s’adresse à lui comme si on était lecteur. Et puis à la fin, il y a une pirouette, le « tu » est en fait Molière. C’est lui qui s’adresse à Boby Lapointe tout le long. Pourquoi Molière ? Eh bien, Molière et Boby Lapointe sont tous les deux liés à Pézenas. Il y a l’anniversaire des 100 ans de Boby Lapointe qui a lieu la même année que les 400 ans de Molière. C’est une façon de créer un dialogue entre les deux, et d’aussi rendre hommage à la deuxième star de Pézenas. 

C’est un personnage dont j’aurais aimé être le copain. 

GastonDessinateur de la bande-dessinée

>> Qu’est-ce qui vous a plu chez Boby Lapointe ? 

Le personnage lui-même. Il a touché à tout, c’était un fou dans son genre. Il n’a pas été si connu que ça de son vivant, mais il a eu un succès post-mortem important. Il a côtoyé tous les grands de son époque : Brassens, Bourvil, Barbara… Malgré cela, c’est quelqu’un qui était très ancré dans sa vie piscénoise et très attaché à ses enfants. C’était un matheux, un bricoleur visionnaire : il a créé un embrayage. Il avait un cerveau pas comme les autres. C’était un déconneur, un copain, une antistar. À côté de ça, il a travaillé dans des magasins, il a vendu des culottes et monté des antennes. Dans sa courte vie, puisqu’il est mort à 50 ans, il a été très prolifique. J’ai beaucoup d’admiration pour les gens comme ça. Il y a ses chansons, mais moi, c’est vraiment le personnage qui me fascine. C’est un personnage de roman ou de bande-dessinée qui a une vie vraiment pas ordinaire, puis qui n’était pas dans les excès de drogue comme c’est le cas aujourd’hui. Il était pas showbiz du tout, il était très ancré dans son époque, il aimait les femmes. 

>> À travers votre BD, vous rendez aussi un hommage à Georges Brassens et aux Copains d’abord ? 

Bien sûr. Ils étaient copains, c’est la même famille. Je suis le filleul de Pierre Perret, et Pierre était copain avec Boby Lapointe. Il y a quelque chose de très familial. C’est Dany, c’est Ticha, c’est des gens que je côtoie souvent. Mon père était chanteur, produit par Pierre Perret, il a chanté dans les mêmes endroits que Boby Lapointe. Les liens proviennent de tous les côtés. Il y a qu’avec un Pierre Perret que je peux faire un bouquin pareil, où il y ait une relation de famille qui soit aussi forte. 

>> On y retrouve vos collaborateurs habituels ainsi que des grands noms tels que Fabcaro et Jim, comment vous est venue cette idée de réunir seize dessinateurs autour d’un même projet ? 

Je les connais, je leur ai demandé tout simplement. Fabcaro habite à Bédarieux, Aurel à Prades, Curd Ridel habite à Bouzigues, Frank Margerin je le connais de séance de dédicaces, et puis il y a des dessinateurs que l’éditeur est allé chercher. Maëster, je l’ai contacté via Man, dessinateur au Midi Libre, qui est un copain. C’est un petit milieu les dessinateurs, on se connaît tous. La plupart sont des locaux. Cela s’inscrit une fois de plus dans un état d’esprit familial. Le projet a fédéré pas mal de monde et puis personne ne s’est fait prier. Les dessinateurs sont de cette génération qui a connu Boby Lapointe.

C’est presque un catalogue de tous les dessinateurs du coin à la fin de l’album.

GastonDessinateur montpelliérain

>> Quel est le dessein derrière cet ouvrage ? Faire découvrir à une génération un fragment d’histoire et de culture, une autre époque ?

L’idée principale est de rendre hommage à Boby Lapointe et marquer le coup de son centenaire. Je ne sais pas si les jeunes vont lire cet album. À mon avis, ceux qui lisent de la BD sont assez âgés. C’est un bouquin qui s’adresse aux gens de ma génération, les quadragénaires, quinquagénaires et sexagénaires. Il y a un intérêt manifesté, qui peut être seulement local, l’avenir nous le dira. L’objectif est de marquer le coup en faisant plaisir aux ayants droit. C’est pas évident de faire un livre validé par Dany et Ticha. On rentre dans leur intimité, faut pas se planter. C’est un cadeau que la famille Lapointe nous fait et se fait. 

Au pays de Boby Lapointe, Gaston (2022). Parution officielle dès le 26 août en co-édition Idées Plus – Printival.

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Le 09/08/2022 à 20:28, par MÉTROPOLITAIN.