Procès de cinq viticulteurs : prison avec sursis requise

20/04/2018 à 09:49

Le procureur de la République de Montpellier, Christophe Barret a requis de 12 mois à 24 mois de prison avec sursis devant le tribunal correctionnel, à l’encontre de cinq viticulteurs jugés pour les délits présumés de association de malfaiteurs en vue de préparer un acte de destruction. Les juges ont mis leur délibéré au jeudi 21 juin.

Le procès a duré six heures, au cours duquel les avocats de la défense, Jean-Robert Phung, Gilles Gauer et Eric-Dupont-Moretti ont bataillé ferme pour plaider la relaxe.

« Pas du tourisme en Gironde »

Les cinq prévenus, un sexagénaire, trois quinquagénaires et un trentenaire ont été renvoyés devant le tribunal au terme de leur interpellation et de leur garde à vue au SRPJ de Montpellier, en début d’année pour avoir préparé un raid nocturne clandestin près de Bordeaux, en Gironde, attribué au Comité régional d’action viticole -Crav-, un groupuscule considéré comme le « bras armé » de la viticulture en Occitanie.

Le 3 mai 2017, vers 2h, un convoi de 32 viticulteurs, venus en majorité du Gard et de l’Hérault, avait été intercepté au péage de Saint-Selve, en Gironde. Dans leurs véhicules avaient été découverts cinq haches, trois masses, 60 litres de gazole, un chalumeau, une grosse bombe lacrymogène et des cocktails Molotov…Ce qui a fait dire au procureur de la République, à l’audience, pendant ses réquisitions, que ce commando n’était pas venu faire du tourisme dans le Bordelais. Christophe Barret a estimé que ces viticulteurs étaient des malfaiteurs et des délinquants.

« Ni malfaiteurs, ni délinquants »

« J’ai très mal supporté que l’on vous traite de malfaiteurs. », dénoncera Me Jean-Robert Phung, à l’issue du procès, aux prévenus et à 200 à 300 viticulteurs solidaires rassemblés devant le palais de justice de Montpellier, où des barrières d’accès et une partie du portail ont été descellés et renversés.

En écho au procureur, pendant sa plaidoirie, le pénaliste montpelliérain avait déjà souligné que « les cinq prévenus n’étaient ni des malfaiteurs, ni des délinquants. Ce sont d’honnêtes travailleurs qui travaillent la vigne du matin au soir pour à peine 2 000€ par mois ». Un des prévenus avait déjà été arrêté après une opération commando ayant dévasté les caves d’un négociant ayant pignon sur rue, à Sète en 2007.

Gilles Gauer et Eric Dupont-Moretti ont averti les juges : « Les prévenus ne sont pas membres du Crav. Ils militent pour défendre la profession de viticulteur au bord de l’asphyxie. On ne criminalise pas des syndicalistes ». Jugement le 21 juin.

Sur des tee-shirts : « Je suis un viticulteur, pas un malfaiteur ». Photo Métropolitain.
Des viticulteurs ont descellé et renversé des grilles d’accès au palais de justice de Montpellier. Photo Métropolitain.


Jean-Marc Aubert