Suicide à Montpellier : un syndicat de police dénonce « un management brutal »


La réaction ce vendredi du syndicat Unité SGP Police-FO par la voix de Bruno Bartoccetti, son délégué régional en poste à Montpellier, au lendemain du suicide de la capitaine de police dans le commissariat central qui dénonce « un management brutal », n’est pas nouvelle. En effet, le syndicat avait déjà attiré l’attention d’un climat particulier au sein de la sûreté départementale de l’Hérault, le 5 septembre dernier, révélant, « une épidémie dans ce service de 150 enquêteurs, avec une dégradation des conditions de travail ».

Unité SGP Police-FO, qui avait lancé l’alerte au sein d’une réunion d’un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), sans avoir été semble t-il trop entendu depuis, faisait état d’un risque de burn out dans ce service qui traite les affaires délictuelles, criminelles et dites générales, souvent sensibles, comme les plaintes visant des élus etc.

La capitaine Élisabeth G., 49 ans, mère de deux enfants de 9 et 13 ans s’est donnée la mort, jeudi matin, avec son arme de service dans son bureau de la sûreté départementale, dans les étages de l’hôtel de police de Montpellier.

« Arrivée à 8h, elle s’est donnée la mort à 8h30 »

« La réalité, terriblement triste et effrayante, c’est que cette collègue est arrivée à 8h au commissariat et que une demi-heure plus tard, elle se tirait une balle dans le coeur avec son arme de service, dans son bureau. Il va falloir analyser cette réalité, ce message funeste qu’elle a envoyé, au sein de la hiérarchie, ici, et au niveau de l’institution nationale, comme au gouvernement. Le ministre de l’Intérieur doit mettre rapidement en application la cellule d’alerte aux suicides qu’il a promis ces dernières semaines. Il y a vraiment urgence, nous allons veiller à ce qu’elle soit rapidement installée ».

Un responsable national d’Unité SGP Police-FO réclame ce vendredi, « un véritable plan Marshall pour endiguer cette hécatombe ». Les suicides dans la police ne sont « pas une fatalité », avoue Christophe Castaner. Le ministre de l’Intérieur promet donc de mettre « les bouchées doubles » pour lutter contre ce fléau persistant depuis le début de l’année, avec 28 policiers nationaux qui se sont donnés la mort.

Un plan préventif lancé en 2018

« La police nationale et la gendarmerie ne sont pas malades du suicide », déclare t-il. Après cette vague de morts volontaires qui met la police en crise et au lendemain du suicide de la capitaine de Montpellier et d’un gardien de la paix de la préfecture de police de Paris de 25 ans, le ministre a promis d’accélérer la mise en œuvre du plan préventif lancé l’année dernière par son prédécesseur, Gérard Collomb et qui est très attendu par tous les syndicats.

Alliance Police Nationale assimile cette hécatombe tristement historique -28 suicides en moins de quatre mois constitue une première-, « à la réalité survenue dans un passé récent à France Télécom, avec la mise en cause judiciaire de l’employeur. Nous allons, par exemple, être très attentif à la recherche de la cause du geste funeste de la capitaine de police de Montpellier ».

Surcharge de travail

Ce vendredi, Bruno Bartoccetti d’Unité SGP Police-FO, ne veut pas accabler un tel ou un tel, quand il confirme ce qu’il avait dénoncé en septembre dernier sur « l’existence d’un management brutal à la sûreté départementale de l’Hérault. Il est une certitude, nous avons depuis sept mois des témoignages, à la faveur de multiples remontées, attestant de cette réalité devenu insupportable. Nous sommes les représentants et les porte-voix du personnel, nous avons été élus pour écouter leurs revendications et nous dénonçons les conditions de travail quand elles sont mauvaises, que ça plaise ou pas. En l’occurence, des policiers de la sûreté départementale de l’Hérault se plaignent de certains comportements de la hiérarchie et d’une surcharge de travail. Des accusations que nous avons vérifiées et qui nous paraissent fondées. Nous avions dès lors tiré la sonnette d’alarme dès le début du mois de septembre dernier ».

Nouvelle organisation

Métropolitain avait sollicité l’état-major de la direction départementale de la Sécurité publique de l’Hérault -DDSP 34- à l’époque des révélations très sensibles d’Unité SGP Police-FO, sur cette épidémie présumée au sein de la sûreté départementale de l’Hérault : en réaction à ce « tract » du syndicat de police, la DDSP 34 avait indiqué que l’arrivée d’un nouveau commissaire à la tête de ce service, l’été dernier, créait des bouleversements dans l’organisation interne, mal perçus par une poignée d’enquêteurs voyant des changements dans certaines habitudes. Et qu’il fallait attendre le fonctionnement normal voulu par le nouveau patron qui avait carte blanche, pour tirer des conclusions et un enseignement.

Un électrochoc profond

Le suicide de cette capitaine de police vient de créer un profond électrochoc et aggraver la crise qui couvait depuis ces derniers mois. Des policiers abasourdis depuis le drame d’hier et qui ont silencieusement rendu hommage à leur collègue, en fin de matinée sur le parvis de l’hôtel de police, ne cachent pas leur colère. Ils vont déballer tout ce qu’ils ont sur le coeur à l’Inspection générale de la police nationale -IGPN-, la « police des polices », chargée de l’enquête sous la direction de Christophe Barret, le procureur de la République de Montpellier.

Depuis le début de l’année, 28 policiers et 2 gendarmes se sont donnés la mort. L’année dernière, 35 policiers nationaux et 33 gendarmes se sont suicidés.

Le 5 septembre, Unité SGP Police-PO révélait un problème de management à la sûreté départementale de l’Hérault.

19/04/2019 à 14:42 par Jean-Marc Aubert