Aéroports de Montpellier et de Béziers : guerre ouverte autour de Ryanair


La compagnie Ryanair a décidé de quitter l’aéroport de Montpellier-Méditerranée pour celui de Béziers-le Cap d’Agde, comme Métropolitain l’a évoqué ici, récemment. Remous sur le tarmac à Montpellier, sur fond de guerre.

À la suite à la réception d’un courrier, la Région Occitanie, le Département de l’Hérault et la CCI Hérault ont décidé de répondre à Pierre Vieu, le président du conseil de surveillance Aéroport de Montpellier Méditerranée (AMM). Dans cette dernière lettre adressée par l’aéroport de Montpellier, les destinataires ont pu y découvrir un mécontentement concernant leur soutien à l’aéroport de Béziers-Cap d’Agde qui va accueillie la ligne Ryanair vers Charleroi (Belgique) au détriment d’AMM. Courrier auquel, la Région Occitanie, le CD 34 et la CCI 34 ont donc décidé de répondre via un courrier daté du 15 février et rendu public ce mardi.

« Les plus volontaristes »

« Par lettre adressée en janvier à la Région, vous (Ndlr : lettre adressée à Pierre Vieu, président du conseil de surveillance d’AMM) dénoncez la perte par AMM de la liaison Montpellier-Charleroi, proposée par Ryanair à l’aéroport de Béziers que vous tenez pour responsable de ce choix’‘, notent Carole Delga, Kléber Mesquida et André Deljarry, les trois cosignataires :  »Vous ciblez les aéroports voisins qui, par leurs activités et au regard du potentiel de trafic, freineraient le développement de l’AMM, dont les chiffres de fréquentation ces deux dernières années connaissent des records historiques. Nous sommes très désagréablement surpris de constater que ces observations sont exprimées à l’endroit de la Région Occitanie, du Département de l’Hérault et de la CCI de l’Hérault, alors même que nous avons été, avec l’Agglomération du Pays de l’Or, les plus volontaristes pour soutenir l’activité de l’aéroport de Montpellier, avec une augmentation de nos participations financières de plus de 60% en 2018. (…) S’agissant de la ligne Montpellier-Charleroi, l’effet déclencheur du départ de Ryanair n’est pas une meilleure offre de Béziers mais bien la gestion du dossier à Montpellier qui ne satisfaisait plus la compagnie. »

 »La décision appartient aux actionnaires majoritaires »

Et de poursuivre : « Nous observons que l’AMM a perdu récemment deux autres liaisons opérées par Ryanair (Francfort et Leeds), sans que ces lignes soient accueillies par un aéroport voisin. Enfin, la ligne ouverte vers Munich avec la compagnie Volotea, dans le cadre du groupement de commandes de création de liaisons aériennes, n’est pas prolongée au-delà de la première année d’exploitation. Là encore, aucun report de la liaison n’est enregistré sur les aéroports voisins. La stratégie d’AMM ne peut être sans cesse fondée sur l’hypothèse de la suppression des liaisons concurrentes et d’un rapatriement sur Montpellier de l’ensemble des lignes opérées sur Béziers et Nîmes. En effet, outre que la décision appartient aux actionnaires majoritaires de ces deux aéroports, une question essentielle n’est pas réglée : comment ce transfert de lignes exclusivement low-cost sur Montpellier pourrait-il être accompagné alors même que le bouclage du tour de table financier actuel reste toujours extrêmement difficile ? Si la Région, le Département et la CCI ont augmenté entre 2017 et 2018 leur soutien au développement de l’AMM de 433 k€, la Métropole de Montpellier a dans le même temps baissé sa participation de 465 k€ ; ce qui représente un cas unique en France. Par ailleurs, l’Etat, actionnaire majoritaire de l’AMM (60%), a perçu ces cinq dernières années près de 5,5 M€ de dividendes sans en reverser un centime à la société aéroportuaire. Cette stratégie du rendement à court terme interroge sur son implication à long terme et questionne l’opportunité de céder ses parts. (…) Chaque année, près de 290 M€ de retombées économiques (étude BiPE 2017) sont générés par les deux aéroports qui créent des milliers d’emplois pour le bassin montpelliérain comme pour le bassin biterrois. ».

La guerre est ouverte. À suivre.

19/02/2019 à 14:10 par MÉTROPOLITAIN