Près de Montpellier : trois voitures accidentées sur un « run » sauvage, deux blessés


Adeptes et supporters d'un
Adeptes et supporters d’un « run » sauvage sur la route de la Mer à Pérols (©JMA / Métropolitain)

INFO MÉTROPOLITAIN/ Un adepte d’une course de « run » sauvage a provoqué un carambolage sur la RD 66 (la route de la Mer) au niveau de la zone commerciale du Fenouillet, sur la 2×2 voies de l’avenue Georges Frêche, à Pérols, au sud de Montpellier, ces derniers soirs, avec deux blessés légers dans une des voitures percutées. Si le jeune chauffard est sorti indemne, les occupants d’une des voitures percutées, une conductrice et sa fillette, ont été légèrement blessées et évacuées aux urgences de l’hôpital Lapeyronie.

Le phénomène est récurrent : les vendredis sur la route de la Mer (avenue Georges Frêche) entre Boirargues (Lattes) et Pérols, au niveau du Fenouillet, on peut assister au rassemblement de dizaines de véhicules qui participent à des courses sauvages, les « runs ». Des jeunes accros à la mécanique et ivres de grande vitesse viennent de l’Hérault, mais également de départements limitrophes. Ils viennent admirer les BMW, Mercedes, Citroën, Golf qui se livrent à des courses interdites, au milieu de supportrices et de supporters qui viennent les encourager au plus près de ces circuits improvisés au risque d’être fauchés, ce qui crée un double danger, à la fois pour eux et pour les conducteurs.

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Une course illégale pour l'adrénaline à Pérols les vendredis soirs
Une course illégale pour l’adrénaline à Pérols les vendredis soirs (©JMA / Métropolitain)

Enquête de police 

En principe, ces « runners » se mesurent sur un parking ou sur une allée mitoyenne, mais, il y a une dizaine de jours, certains se sont retrouvés sur la RD 66 et lors d’une manoeuvre de dépassement, un violent carambolage s’est produit, entraînant deux blessés légers. Une enquête est en cours à la brigade des accidents et des délits routiers du commissariat central de Montpellier.

Des défis 

« En réalité, ces jeunes inconscients se lancent des défis en multipliant des courses en ligne, des têtes à queues, des dérapages controlés, des toupis consistant à faire tourner la voiture sur place, des concours de «burn», une nuit, il y aura un drame », s’inquiète un policier héraultais. En septembre 2021, dans le Pas-de-Calais, un accident a fait un mort et six blessés parmi les 150 spectateurs massés sur un parking, où se déroulait un « run ».

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Les services de police (nationale et municipale) de Montpellier, Lattes et Pérols sont au courant de l’existence de ces « runs » illégaux et, dans le passé, ont d’ailleurs réalisé quelques opérations dissuasives, avec des contrôles importants et notamment la mise en fourrière de voitures de ces chauffards qui recherchent l’adrénaline et un PV salé. Deux « runs » sauvages ont ainsi été stoppés début mars 2020 autour de la zone de Fenouillet, à Pérols.

Jean-Pierre Rico, le maire de Pérols.
Jean-Pierre Rico, le maire de Pérols. (©Métropolitain)

La proposition du maire de Pérols

A cette époque, Jean-Pierre Rico, le maire de Pérols avait proposé l’organisation de telles épreuves encadrées sur la piste de l’aérodrome de Fréjorgues, inutilisée la nuit. Il était venu sur place s’entretenir avec ces concurrents sauvages. Mais, comme pour les trafics de drogue et de contrebande de tabac, le phénomène n’est pas éradiqué. Il perdure également sur le parking du stade des Costières, à Nîmes, où la police intervient souvent.

Sollicité ce mercredi par Métropolitain, Jean-Pierre Rico constate que sa proposition de mettre la piste de l’aérodrome à la disposition des « runners », faite à des élus est restée lettre morte, mais, il compte la relancer auprès du préfet de l’Hérault, à l’heure où le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin combat les rodéos urbains. « Justement, je vais analyser le document adressé aux services de police et de gendarmerie par M.Darmanin et j’aviserais », confirme t-il.  Question : ces « runs » interdits qui se déroulent aux portes sud de Montpellier font-ils partie des rodéos urbains sauvages visés en début de semaine dans la circulaire du ministre ?

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« Chaque course de voitures interdites et dangereuse ressemble ni plus, ni moins à un gymkhana et doit être retenue comme du rodéo urbain, au même titre que les quads et les scooters ciblés par le ministre de l’Intérieur », assure ce policier héraultais, d’autant que dans certaines agglomérations comme à Bordeaux et Toulouse, des motards adeptes de « run » viennent se greffer aux voitures.

Le sénateur Bourgi réagit

Interrogé ce mercredi par Métropolitain, le sénateur PS de l’Hérault, Hussein Bourgi, sensible à ces pratiques illégales, vient d’écrire à Frédéric Roig, le président de l’Association des maires de l’Hérault, « pour relayer les préoccupations des maires, des élus locaux et des policiers municipaux au sujet des rodéos urbains, qui sont un véritable fléau dans nos villes et nos villages. Ils nuisent à la tranquillité publique, contribuent à accentuer un climat d’insécurité et peuvent parfois provoquer des drames humains. Un accident impliquant un motard participant à un rodéo a eu lieu à Pontoise, dans l’Oise ce week-end ; deux enfants sont grièvement blessés, et leur état de santé inspire, hélas, beaucoup d’inquiétude. Le ministre de l’Intérieur vient enfin d’adresser des instructions de fermeté aux dirigeants de la police nationale et de la gendarmerie nationale; il a bien voulu envoyer une copie de ce courrier aux parlementaires. Il m’a paru utile d’en faire part à Frédéric Roig, afin qu’il informe les maires de l’Hérault. Ils pourront très légitimement se prévaloir de ce courrier auprès de leurs interlocuteurs de la police nationale ou de la gendarmerie nationale, s’ils sont confrontés dans leur commune à ces rodéos urbains aux conséquences délétères ». Alors, les « runs » sauvages sont-ils considérés comme des rodéos urbains ? On ne va tarder à avoir la réponse à la faveur d’opérations de police.

10/08/2022 à 10:37 - Jean-Marc Aubert.