Hérault / Double meurtre à Vias : pourquoi le maître-nageur n’a pas sauvé les noyées ?


La gendarmerie de l'Hérault enquête depuis l'été 2020
La gendarmerie de l’Hérault enquête depuis l’été 2020 (©Gendarmerie nationale )

Le double meurtrier d’une mère et de sa fille, un ex-maître-nageur sauveteur et moniteur de ski de Toulouse de 65 ans, dans le canal du Midi à Vias, reste en détention provisoire : ainsi ont tranché mardi les juges de la chambre de l’instruction près la cour d’appel de Montpellier, se rangeant sur le réquisitoire de l’avocat général, s’opposant à sa demande de remise en liberté, alors que l’instruction n’est pas terminée.

Jean-Claude B. est mis en examen et incarcéré pour « meurtre et meurtre aggravé », après la double découverte macabre de Karine T., une veuve millionnaire de 65 ans et de sa fille Alexandra, 21 ans dans leur voiture immergée dans le canal du Midi à Vias, entre Agde et Béziers, le 25 juillet 2020. Mais, il y avait un troisième occupant qui a « miraculeusement » échappé à « l’accident » et à la noyade, Jean-Claude B. pacsé depuis peu avec la richissime sexagénaire. En cette soirée estivale, en hypothermie, il se réfugie trempé de la tête aux pieds, hagard, comme assommé, dans le camping proche de l’Air Marin, d’où l’alerte est donnée aux pompiers. Il explique qu’il faut sauver deux femmes prisonnières de leur voiture dans le canal, d’où il a pu s’extirper. Quand ils arrivent Chemin des Oeillets, les deux femmes piégées dans le véhicule enfoncée dans les eaux du canal sont décédées. Le retraité toulousain raconte que tous les trois venaient de faire un pique-nique dans le coin.

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Les gendarmes du groupement de l’Hérault penchent pour une sortie de route accidentelle, au vu de l’état du « rescapé » en hypothermie qui raconte qu’il se trouvait à bord, quand la sexagénaire au volant a perdu le contrôle de sa voiture qui a plongé dans le canal. Et qu’il a pu s’extraire de l’habitacle, sans pouvoir sauver les deux femmes…Mais, l’autopsie pratiquée au Département de médecine légale du CHU de Montpellier provoque un coup de théâtre : les médecins légistes découvrent des traces de blessures suspectes sur les omoplates des deux victimes, provoquées par un objet contondant utilisé par un tiers. L’hypothèse d’un double meurtre, ou assassinat prend corps, les investigations sont relancées et Jean-Claude B. devient très vite le témoin numéro 1.

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Les gendarmes vont alors de découverte en découverte : veuve depuis 2017, pacsée avec le Toulousain seulement un mois avant cet « accident », Karine T. possède des chalets à Méribel estimés à 6 M€. Le couple se connaissait depuis une trentaine d’années, d’où ce rapprochement quand elle a perdu son mari. Les enquêteurs constatent que le Toulousain accumule des dettes, après avoir dilapidé un héritage et qu’il entretient une relation adultère avec une autre femme. Avec ce détail qui rend encore plus suspicieux les gendarmes et pour cause : le « miraculé » du canal de Vias n’assistera pas aux obsèques, ni à la mise en terre de Karine T. et de sa fille Alexandra, préférant avoir une relation avec sa maîtresse…

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Devant la cour d’appel de Montpellier, où le mis en examen demandait sa remise en liberté, la présidente et l’avocat général de la chambre de l’instruction ont relevé que, « dans l’hypothèse où c’était un accident, il est maître-nageur sauveteur, ça paraît d’autant plus incroyable qu’il n’a rien pu faire pour sauver au moins une des deux victimes et il aurait eu du mal à sortir de l’eau », en se basant notamment sur le rapport d’un expert, estimant que le mis en examen « avait la capacité physique pour porter secours ou inversement porter atteinte aux victimes ». Car, il ressort de l’enquête qu’Alexandra, vivante, avait réussi à grimper sur le toit de la voiture, avant qu’elle ne coule avec, sans que le mis en examen ne lui porte secours, ce qu’il conteste : il assure que dans le violent choc à la surface de l’eau, il a été blessé à la tête, qu’il est resté quelques minutes tétanisé au fond du canal, avant de pouvoir en sortir, en hypothermie.

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Lors de l’audience à la cour d’appel de Montpellier, l’avocat de Jean-Claude B. a évoqué des apnées du sommeil, dont souffrirait son client. Il a bien été soigné pour de tels troubles respiratoires à l’hôpital de Saint-Gaudens, en Haute-Garonne, mais l’avocat général a indiqué ne voir aucun rapport avec le dossier criminel.

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Après délibéré, la chambre de l’instruction près la cour d’appel de Montpellier a rejeté mardi, la demande de remise en liberté du double meurtrier présumé du canal du Midi à Vias, en été 2020. Les gendarmes poursuivent leurs investigations et les juges de Béziers s’emploient à ficeler leur instruction.

18/05/2022 à 11:08 - Jean-Marc Aubert.