Interview : Nathalie Bulckaert-Grégoire : « La Caisse d’épargne LR lance Vitibanque »


Nathalie Bulkaert, à la Une de Métropolitain ce 25 octobre 2022
Nathalie Bulkaert, à la Une de Métropolitain ce 25 octobre 2022 (©Mario Sinistaj)

Viticulture, Santé, Energies Renouvelables… La Caisse d’Epargne Languedoc-Roussillon conforte son ancrage territorial en développant une politique affinitaire en cohérence avec les forces de la région. C’est donc tout naturellement autour d’un IGP Pays d’Hérault de sa sélection que nous choisirons pour accompagner, cette semaine, le déjeuner en compagnie de Nathalie Bulckaert-Grégoire, membre du Directoire de la Caisse d’Épargne LR. D’emblée, la conversation s’engagera sur le savoir-faire qui n’est, selon elle, « plus à démontrer » de nos exploitants viticoles à qui, justement, elle réserve quelques surprises…Interview.

Métropolitain : Nathalie Bulckaert-Grégoire, comme nous pouvons une nouvelle fois le constater dans ces nouvelles Halles de Jacou, les productions locales de vin occupent une place prépondérante sur les étals comme sur les cartes…

Nathalie Bulckaert-Grégoire : Oui bien sûr ! C’est un secteur très significatif de notre économie locale. Les vignes de notre territoire représentent en effet 28% de l’ensemble du vignoble français. Cela englobe 39 000 exploitants viticoles installés sur cinq départements, 240 000 hectares, et tellement de labels, d’appellations et de sources d’innovation. Ce qui caractérise ces femmes et ces hommes chefs d’entreprise, c’est leur grande diversité. Certains travaillent seuls sur de toutes petites exploitations, d’autres sont réunis au sein de coopératives, quand certains sont à la tête de groupes à la dimension nationale voire internationale et font rayonner les vins du Languedoc et du Roussillon jusqu’au bout du monde.

Leur point commun, c’est…

L’amour du terroir, sans aucun doute. Et leur singularité, c’est la dimension des projets et des enjeux qui les concernent. C’est pour cela que je suis heureuse d’annoncer que la Caisse d’Épargne Languedoc-Roussillon développe désormais sa propre filière consacrée à la clientèle viticole. Nous souhaitons en effet proposer nos services à ces professionnels qui sont en attente d’une approche spécifique et d’un accompagnement à la fois sur du court et du moyen/long-terme. Cela, pour répondre autant à des besoins de financements immédiats qu’à des solutions pour demain.

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« À chaque domaine ses problématiques » ©Mario Sinistaj

Comment comptez-vous toucher les professionnels du vin et vous distinguer de la concurrence ?

J’aimerais commencer par annoncer l’ouverture, en janvier prochain, d’un centre d’affaires dédié à la filière viticole avec la présence de deux experts, formés pour répondre aux attentes des exploitants viticoles et, plus largement, des nombreux acteurs qui vivent du vignoble régional. Nous sommes aussi en train de former des référents au sein de plusieurs agences du territoire pour assurer une proximité que l’on sait favorable à l’instauration d’un climat de confiance.

Faire du vin dans l’Hérault, ce n’est pas pareil que faire du vin dans les Pyrénées Orientales ?

On ne peut pas résumer le travail de toutes ces personnes à un seule geste mécanique ! À chaque domaine ses problématiques, à commencer par la taille de l’exploitation, les enjeux relatifs aux infrastructures, la réponse à apporter aux défis climatiques… Il est donc important que l’on puisse être connecté avec les territoires. C’est pourquoi nos experts vont aller à la rencontre des exploitants, frapper à leur porte et voir comment on peut, à notre niveau, les accompagner à travers Vitibanque, le nom donné à notre marque. Nous mobiliserons aussi un chargé d’affaires international quand la notion d’import/export le nécessitera.

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Quels sont les enjeux de cette nouvelle marque ?

Nous allons structurer notre offre pour libérer nos futurs clients de soucis récurrents qui peuvent venir freiner leur développement, voire restreindre leurs projets. Je vous donne un exemple : une panne de matériel agricole avec une grosse dépense qui tombe d’un coup, et bien sûr « au pire moment ». Autre sujet : la nécessité de porter le stock, le temps que le vin mature, gagne en qualité – et donc en valeur – et puisse être vendu. Parce qu’il s’écoule deux ans, trois ans, voire beaucoup plus entre la récolte et la commercialisation, nous proposerons, notamment, du crédit de vieillissement. Nous souhaitons aussi accompagner l’achat de vignes, de domaines viticoles, faciliter la transmission en apportant des réponses  sur-mesure… C’est en discutant avec les professionnels du secteur, en écoutant leurs besoins que l’on a bâti notre offre. Je réponds ainsi à votre question du début par rapport à notre différence : on va continuer de faire ce qui est ancré dans notre ADN c’est-à-dire de la réactivité et de la pro-xi-mi-té.

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 « On a la chance d’avoir le soleil et le vent » ©Mario Sinistaj

Le vin est très présent chez nous, mais on entend aussi en ce moment la voix des petites et moyennes entreprises, qui serrent les dents. Je rappelle que vous êtes à la tête de la banque de l’Orme, qui accompagne spécifiquement les entreprises en difficultés et tente de les remettre sur pied.

Notre économie repose, pour une très grande partie, sur le secteur tertiaire et sur un maillage principalement constitué de TPE/PME, c’est un fait. Nous avons sur notre territoire comme partout en France, des entreprises qui rencontrent aujourd’hui des difficultés et nous les accompagnons bien sûr dans ces moments compliqués, comme nous accompagnons l’ensemble de nos clients. Mais notre territoire, c’est aussi des filières d’excellence : la viticulture, dont nous venons de discuter en est un, mais il n’est pas le seul. Il y a aussi le secteur du tourisme, de la santé avec le développement notamment de MedVallée… Citons aussi les énergies renouvelables, très présentes, puisqu’ici, comme j’ai l’habitude de le dire, « on a la chance d’avoir le soleil et le vent ».  Et notre rôle, en tant que banque régionale, c’est aussi d’accompagner ces secteurs en développement.

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Être une banque locale est important pour vous ?
Pour nous mais surtout pour notre territoire.  Nos experts sont répartis sur l’ensemble du Languedoc et du Roussillon. Ils connaissent bien leurs spécificités, leur environnement économique tout comme les enjeux de nos clients. Comme eux, nous vivons et travaillons ici. Nos décisions sont prises localement, en très grande proximité, ce qui est un gage d’efficacité et de réactivité. En tant que banque locale, notre priorité est aussi de contribuer au développement économique et sociétal du Languedoc et du Roussillon. Ainsi, la ressource que nous collectons sur notre territoire, nous la réinvestissons sur ce même territoire.

« Les Jeux de Paris 2024 offrent de nombreuses opportunités économiques aux TPE-PME et aux structures de l’Economie Sociale et Solidaire de notre région »

La Caisse d’Épargne Languedoc-Roussillon est pourtant aussi très présente à Paris, dans le cadre de la préparation des Jeux de 2024…

Les Jeux de Paris 2024 offrent de nombreuses opportunités économiques aux TPE-PME et aux structures de l’Economie Sociale et Solidaire de notre région. Et ces dernières ne le savent pas forcément. Notre ambition est de les accompagner pour qu’elles puissent bénéficier de ces opportunités.  Œuvrer en local, n’empêche pas de rayonner au-delà de nos frontières. Prenez un autre exemple plus proche de nous : le projet d’infrastructure portuaire à Port-la-Nouvelle, dans l’Aude. Cela se passe chez nous, mais c’est tout le bassin méditerranéen qui sera concerné. Nous sommes la seule banque de toute l’Occitanie à avoir répondu présent pour financer ce projet majeur. Nous accompagnons les projets structurants de notre territoire, créateurs de valeur et d’emplois et nous accompagnons autant les familles qui en vivront, s’installeront, pour qui on devra créer des écoles, des logements, des routes… Il ne faut pas avoir peur de raisonner sur du très long-terme pour favoriser le rayonnement de notre région.

Cette phrase est aussi valable sur le champ de la RSE, qui est l’une de vos missions clés, au sein de CELR.

Effectivement. Et cette mission me tient particulièrement à cœur car elle fait corps avec mes convictions personnelles. Au sein de la Caisse d’Epargne, la RSE fait partie intégrante de nos fondamentaux. Notre banque a été créée il y a 200 ans pour répondre aux besoins des plus démunis. Aujourd’hui, elle est au cœur de notre plan stratégique. Nous avons notamment entrepris de réduire de 15% notre empreinte carbone d’ici fin 2024. On a aussi nommé un Chief Impact Officer pour identifier des projets de valeur et mettre en place les actions nécessaires, comme donner la priorité au circuit-court dans nos achats ou réduire notre consommation d’énergie. La mixité est aussi au cœur des sujets. Nous sommes d’ailleurs 45% de femmes cadres à la Caisse d’Epargne Languedoc-Roussillon, j’en suis très fière. La liste est longue, aussi je citerai en conclusion une autre de nos actions, qui m’est chère : nous consacrons chaque année depuis plus de vingt ans, une enveloppe de 1,5M€ au subventionnement d’actions RSE en lien avec les préoccupations fortes de notre territoire : la santé, l’éducation ou encore la réinsertion par l’emploi par exemple.  Dans notre slogan, il y a le mot « utile », et pour nous c’est bien plus qu’un slogan, c’est notre raison d’être.

Le 26/10/2022 à 12:41, par Xavier Paccagnella.