Montpellier, une référence mondiale des métiers de l’image


Les ICC, un horizon lumineux pour l'économie montpelliéraine ?
Les ICC, un horizon lumineux pour l’économie montpelliéraine ? (©capture du jeu vidéo Road96 produit par le studio DigixArt).

Depuis quelques années, la Métropole de Montpellier ambitionne d’être l’une des places fortes des industries culturelles et créatives (ICC dans le jargon), représentées notamment par les filières du cinéma, de la télévision et des jeux vidéos.

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Cette ambition, Montpellier la tient de son histoire : ville « de la matière grise » depuis le moyen-âge, avec ses universités, puis plus récemment ville du numérique avec l’implantation du géant américain IBM dans les années 60 (plus de 3 000 salariés directs et des dizaines de milliers de sous-traitants dans les années 80) et des studios Ubisoft à Castelnau-le-Lez en 1995. Sans oublier la formation, avec deux écoles historiques, parmi les meilleures du monde, et qui forment aux métiers de l’animation et des effets spéciaux (ArtFX et l’Esma).

Cité créative et France Télévisions

C’est dire que la métropole de Montpellier possédait déjà un terrain propice au développement de cette ambition. Sous le mandat de Philippe Saurel, qui n’a eu de cesse de rappeler l’importance de ces filières alors que Montpellier n’a jamais été une terre d’industrie, ce désir de porter ces métiers s’est concrétisé avec l’installation d’une Cité Créative sur le site de l’EAI et la création des studios dédiés aux fictions produites par France Télévisions à Vendargues.

Aujourd’hui les emplois dans ces secteurs représentent 2 100 postes en 2020. Un chiffre qui n’a rien de comparable à ceux des industries classiques, mais tout de même, les retombées peuvent être bien plus larges quand on prend en compte le rayonnement du territoire induit par la diffusion quotidienne des séries TV tournées à Montpellier…

Et surtout, avec les ICC, Montpellier entend bien se positionner sur des filières professionnelles d’avenir.

Anne-Laure et Yoan Fanise, les fondateurs du studio DigixArt.
Anne-Laure et Yoan Fanise, les fondateurs du studio DigixArt. (©DigixArt)

Succès planétaire

Récemment, la Métropole de Montpellier s’est félicitée d’une reconnaissance internationale en la matière. Tout d’abord, à travers les prix et les succès remportés par les entreprises du secteur.  

Tout d’abord, il y a eu DigixArt qui a reçu pour son jeu « Road 96 », 5 prix aux Pégases (les Césars du jeu vidéo) au début du mois de mars 2022. Spécialisé dans les jeux vidéo narratifs, Digixart est un studio montpelliérain notamment connu pour avoir publié « Lost in Harmony » qui a atteint 2 millions de joueurs dans le monde, « 11-11 Memories Retold », un jeu d’aventure narratif sur le thème de la Première Guerre mondiale produit avec Aardman Animation et édité par Namco Bambaï.

« Road 96 » est le dernier né du studio. Élu jeu indépendant de l’année par Hollywood Reporter, il connaît un beau succès à l’international, notamment en Chine et aux États-Unis.

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Par ailleurs, la série « Arcane » diffusée sur Netflix depuis novembre 2021, réalisée et coproduite par le studio d’animation Fortiche dont une partie des équipes est basée à Montpellier a quant à elle reçu 9 récompenses aux Annie Awards (les Annie Awards sont des récompenses du cinéma américain pour les films d’animation). Dans les équipes de production, on retrouve pas moins de 20 anciens étudiants de l’Esma.

Les équipes de Dwarf Animation travaillent sur des projets pour Disney et Netflix.
Les équipes de Dwarf Animation travaillent sur des projets pour Disney et Netflix.(©Dwarf Antimation)

Les meilleures écoles du monde

Les écoles montpelliéraines ne sont d’ailleurs pas en reste, remportant chaque année, les plus prestigieux prix internationaux, à l’instar du film « Green » créé par 4 étudiants de l’école ArtFX, qui a reçu deux prix : le Genie Awards du Meilleur film étudiant au Paris Images Digital Summit 2022 et le VES Awards, prix des Meilleurs effets dans un projet étudiant (soit l’équivalent des Oscars pour les effets spéciaux).

En 2019, c’était le film « Terra Nova » tourné notamment à l’Opéra de Montpellier par des étudiants d’Art FX qui avait été récompensé au VES Awards. Depuis la création des VES Awards, 10 autres films de l’école ont également été sélectionnés : Voile Noir en 2012, Initium et Runaway en 2014, Korser en 2016, The Endless et Les Pionniers de l’Univers en 2018, Aral & Time’s Down en 2020 et Relativity & Le souffleur de rêves en 2022.

Reconnue pour ses formations de qualité en adéquation avec les besoins des studios internationaux, ArtFX, figure depuis plusieurs années sur le podium mondial du classement de référence établi par le média spécialisé « The Rookies ». En 2021 l’école a même été classée par le même magazine, première pour les effets spéciaux et animation et ce, pour la troisième année consécutive.

Les étudiants du Campus Créatif (Esma) peuvent bénéficier de studios professionnels.
Les étudiants du Campus Créatif (Esma, CinéCreatis, ETPA) peuvent bénéficier de studios professionnels. (©Campus créatif)

De son côté, l’ESMA a également vu plusieurs films étudiants de la promo 2021 sélectionnés dans une dizaine de festivals internationaux. Le court-métrage « Je suis un caillou » a remporté le prix « Little Imp Award » du festival Indie-Lincs Film en Angleterre.

Un écosystème grandissant

Et les étudiants, habitués à prendre leur envol dans les grands studios basés à Vancouver, Montréal, Londres, Los Angeles ou Paris, peuvent désormais rester dans la région montpelliéraine une fois leur diplôme en poche. Des studios de production et des sociétés éditrices s’implantent en effet tous les ans dans la métropole, à l’image de Dwarf Animation (qui travaille pour Disney et Netflix), de Plug in Digital, de Fortiche, de Pixel Reef, de Bloom Pictures ou encore plus récemment de Supamonks

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(©MMM)

Fonds d’aide à la création

Afin d’accompagner le développement de cette filière d’excellence, Montpellier Méditerranée Métropole développe une stratégie globale incluant le projet urbain de la Cité Créative, avec la mise en place d’un fonds d’aide à la création de 700 000€, le dispositif Montpellier Game Lab d’incubation dans le jeu vidéo en partenariat avec Push Start (association regroupant des professionnels des jeux vidéo), ou encore des événements et temps forts pour fédérer et structurer l’écosystème. Pas de doute, Montpellier veut continuer à crever l’écran…

Le 26/03/2022 à 08:11, par MÉTROPOLITAIN.