Interview. Frédéric Lafforgue, maire de Castelnau-le-Lez : déterminé comme jamais


©Mario Sinistaj

Maire de Castelnau-le-Lez depuis cinq ans, dont déjà deux années écoulées sur le mandat actuel, c’est montre au poignet que vit le Castelnauvien Frédéric Lafforgue pour s’assurer que le cliquetis des aiguilles ne rappelle pas que le temps qui passe, mais plutôt « que les projets avancent », comme lui « à bon rythme ».

Nous l’avons donc pris au pied de la lettre en donnant à cette interview un timing serré. Attention Monsieur le Maire, il va vous falloir répondre du tac au tac (ou devrions nous-dire du tic au tac ?) et vous montrer aussi précis qu’une horloge suisse pour assurer le rendez-vous avec nos lecteurs. Top Chrono !

Interview

Frédéric Lafforgue, je souhaiterais vous attribuer un premier bon point, celui de la ponctualité. Vous étiez là même avant moi !

J’essaye au maximum d’être à l’heure, même si bien sûr, le quotidien d’un Maire, ce sont les agendas souvent chargés, des rendez-vous et réunions qui s’enchaînent, des rencontres sur le terrain auxquelles je tiens à consacrer le temps nécessaire… L’anticipation et la concrétisation des projets, aussi. Donc merci pour votre remarque, qui salue mes efforts pour gérer mon planning. La ponctualité, c’est vrai, reste une valeur héritée de mes années à la tête d’un cabinet comptable. Mais cela reste un challenge au quotidien.

Le sujet de la ponctualité est en tout cas l’occasion de vous questionner sur le surprenant surnom de votre commune, que j’ai découvert au hasard d’une conversation… « La ville du quart d’heure ».  De quoi s’agit-il ?

Il s’agit d’un constat d’évidence. Dans la réalité, comme dans les projets que nous impulsons, tout Castelnauvien doit se trouver à moins de 15 minutes d’une liste complète d’équipements indispensables du quotidien. Faites le test : localisez-vous n’importe-où dans ma commune et avec le transport de votre choix, tentez de rejoindre un lieu culturel, un groupe scolaire, une zone d’activité, un agent de la commune, un professionnel de santé, un transport public… Et venez me voir ensuite si vous n’y êtes pas parvenu.

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Chiche !

Vous n’y arriverez pas. Je suis en peu provocant en disant cela, mais je voulais attirer votre attention sur un sujet essentiel à mes yeux, celui de la mobilité. Sujet qui ne fait d’ailleurs que gagner en importance à mesure que la commune grandit, s’étend sur de nouveaux territoires, que la création des 2 lignes de bus tram, la 1 (Antigone-Eurêka-Sablassou-Castries) et la 2 (Sud de France-Eureka-Mas du Rochet- Charles de Gaulle-Sabine), devient de plus en plus concrète. Et que maintenir la proximité s’apparente davantage à un challenge qu’à une volonté politique. Mais je suis fier de pouvoir dire qu’à Castelnau, on y arrive ! Pour l’anecdote, nous serons bientôt, grâce au projet de Bustram qui nous reliera à la Gare Sud de France, à 4h de Paris. Le petit-déj face à la tour Eiffel et l’Happy Hour sur le rooftop du futur lot 14, avec vue sur le Pic Saint-Loup, ça va devenir une réalité ! 

Si les trains sont à l’heure, bien sûr.

Comme vous y allez ! Rires. Nous, en tout cas, on sera au rendez-vous.

On parle souvent de mobilité, mais à l’échelle de la commune ou d’une métropole. Or vous, vous me parlez directement de Paris. C’est un peu loin de nous, vous ne trouvez pas ?

Il faut arrêter de se regarder le nombril. Nous devons penser à l’échelle locale mais aussi nationale. Avec le nombre grandissant de franciliens qui s’installent chez nous, l’avènement du télétravail, la réduction du coût des trajets qui nous permet de voyager plus librement qu’auparavant, on doit raisonner différemment. Je déjeunais encore ce matin avec une très grosse entreprise qui projette de s’installer, avec ses 130, bientôt 200 salariés, sur la commune. Cette société, dont je dois encore taire le nom, recrute dans la France entière et nous a listé, dans l’ordre, les nouvelles exigences des candidats à l’embauche. Je vous le donne en mille. On retrouve en tête, la mobilité et les accès de transports. Viennent ensuite la qualité et la diversité des infrastructures et, enfin, le salaire. Il fut un temps, pas si lointain d’ailleurs, où c’était l’inverse, non ? Cela interroge un élu comme moi, qui se trouve en responsabilité concernant l’attractivité de la commune. On doit pouvoir venir à nous, vivre, mais aussi travailler facilement si on veut comme on dit, « peser dans le game ».

Ceci dit, les chiffres sont déjà plutôt satisfaisants.

Castelnau-le-Lez, deuxième ville de la Métropole, 2e de l’Hérault et 5e d’Occitanie en termes de recrutements. Le classement est le suivant : Toulouse et Montpellier en tête, puis Blagnac, Perpignan… et nous ! Nous sommes les premiers parmi les 50 plus grandes villes d’Occitanie en termes de taux de croissance des emplois du secteur privé depuis 2013. Je ne vais pas tirer la couverture à nous, mais le pari du numérique qui a été le nôtre dès mon premier jour dans mon siège de maire, a plutôt bien fonctionné. De grands groupes s’installent ici (Ubisoft, Teads, Predict, CGI) dans des infrastructures à la dimension de leurs ambitions, et les équipements suivent.

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Il vous reste du foncier ?

Oui, mais uniquement pour des projets de territoire, ceux qui renforcent notre attractivité économique. Les frontières de la commune ne sont pas extensibles, une ville apaisée ne peut croître à l’infini pour préserver la qualité et le confort de vie, alors on fait les choix qui s’imposent au regard d’un seul et unique critère : le bénéfice du plus grand nombre.

Qu’en est-il, d’ailleurs, du chantier de la clinique du Parc ?

Pour reprendre les propos d’un des dirigeants : « Nous sommes les derniers (à déménager, sic.), mais nous serons les premiers ». Ça vous donne un peu le ton. Ceci dit, en toute modestie, nous étions déjà très heureux de disposer d’une si belle clinique, mais la prochaine, plus moderne, plus grande (40 000m2) et idéalement située vers le pôle multimodal de Sablassou, ne fera que renforcer notre attractivité. D’autant plus que nous serons en plein cœur de MedVallée.

©Mario Sinistaj

Castelnau se positionne-t-elle sur d’autre créneaux horaires ?

Oui, même si bien sûr on peut toujours faire mieux. Nous sommes déjà heureux d’être à l’heure des grands rendez-vous environnementaux avec notre intégration à la grande boucle métropolitaine Réseau Express Velo, avec le soin accordé à reverdir notre commune, à renouer aussi avec notre patrimoine naturel, notamment grâce aux nombreux parcs que nous ouvrons. On est aussi à l’heure internationale sur le terrain éducatif (ndlr : il se bat pour faire du groupe scolaire Chirac une école internationale.) et sportif grâce au volley, au basketball et eu judo, pour lesquels nous avons été fléchés « centre de préparation » pour les Jeux de Paris 2024. Par deux fois, d’ailleurs, nous avons agrandi notre Palais des Sports. L’inauguration de la deuxième tranche est d’ailleurs prévue pour fin 2022, début 2023.

©Mario Sinistaj

Il y a aussi l’heure citoyenne, très importante.

Dans une ville comme la nôtre, qui est passée en l’espace d’une génération de 14 000 à près de 25 000 habitants, nous avons ouvert six Maisons de proximité pour que personne, absolument personne, ne soit laissé au bord du chemin. J’en reviens à ma détermination de faire de Castelnau-le-Lez, la « Ville du quart d’heure ». Je me déplacerai, en 2023, en Israël, avec la CCI Hérault, pour tenter de comprendre comment un territoire de la taille de notre région est capable d’afficher un PIB sept fois supérieur. L’avantage de la mondialisation, c’est aussi la libre circulation des bonnes idées. Et puis, vous savez que j’y suis sensible car c’est pour moi, une des premières libertés, je suis heureux d’avoir « remis les pendules à l’heure » sur le sujet de la sécurité : installation de bornes d’alertes aux arrêts de tramway, renfort de police, installation de 50 (bientôt 60) caméras de vidéoprotection…

Frédéric Lafforgue, pardon de vous interrompre, mais il est 13h45.

Merci de me rappeler à mes obligations. Je participe en effet à une réunion en mairie à 14h, dans un quart d’heure donc. D’où qu’on soit à Castelnau-le-Lez, je vous le disais.

Le 21/09/2022 à 13:04, par Xavier Paccagnella.