Législatives / Hérault (34-8) : Jean-François Audrin « Mon boulot est de combattre les extrêmes »


Le maire de Saint-Georges-d’Orques Jean-François Audrin est candidat sur la 8e circonscription de l’Hérault sous l’étiquette « Ensemble ! ». (©CN / Métropolitain)

Nicolas Demoulin ne se représentant pas sur la 8e circonscription de l’Hérault, c’est Jean-François Audrin qui défendra Ensemble !, la bannière de la majorité présidentielle. Passé des Républicains à Horizons, le mouvement lancé par Édouard Philippe, le maire de Saint-Georges-d’Orques se donne pour mission d’écarter les candidats des extrêmes.

Des Républicains à Horizons

Entouré de quelques amis, c’est dans un restaurant de Juvignac que Jean-François Audrin a choisi de lancer sa campagne pour les législatives. Vétérinaire de profession, élu à trois reprises maire de Saint-Georges-d’Orques depuis 2008, vice-président de la métropole et anciennement conseiller régional, Jean-François Audrin vise une autre échelle. Celle de l’Assemblée Nationale.

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Chez Les Républicains jusqu’en octobre dernier, Jean-François Audrin a rejoint Horizons, le mouvement de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe qu’il avait rencontré en 2016 lors de la campagne d’Alain Juppé pour la primaire de l’UMP. « LR se droitisait et ne répondait plus du tout à ce que j’envisageai » explique-t-il, « Quand j’ai fait la campagne d’Alain Juppé, j’étais d’une droite centriste qui me convenait. Avec la présidence de Laurent Wauquiez, ce n’était pas la droite que je préférais mais j’ai été patient. Cela a ensuite empiré, Ciottisé, et ce n’était plus possible de rester. Édouard Philippe a débuté sa nouvelle histoire au même moment. J’étais tellement content de ce qu’il s’est passé quand il était Premier ministre que je l’ai contacté. On s’est vu et on a décidé de travailler ensemble ».

L’aile droite d’Ensemble !

Cette candidature aux législatives est donc conduite avec l’étiquette de la majorité présidentielle Ensemble !. Et de préciser : « C’est une confédération avec trois piliers que sont Horizons, le MoDem et Renaissance, ex LREM. Je suis fléché Édouard Philippe ». 

Quitte à passer dans la majorité présidentielle, Jean-François Audrin n’est pourtant pas aller jusqu’à rejoindre la mouvement d’Emmanuel Macron. Une nuance qu’il détaille : « Je fais une légère différence. Renaissance est très large dans son recrutement. Je suis l’aile droite du groupe Ensemble !. Je pense que l’on n’a pas raison sur tout, qu’il faut faire des concessions pour arriver à travailler intelligemment. L’aile droite et l’aile gauche sont là pour dire ce qu’elles veulent, tout en se respectant, et c’est le consensus qui l’emporte » argumente-t-il et de préciser : « Nous sommes un groupe humaniste, libéral, social et européen. Ces quatre termes c’est ce pourquoi je veux travailler avec eux.  Quand je pars des LR c’est justement parce que cela se désociabillise, cela se déshumanise « .

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Avec trois composantes, Ensembles !  a opéré un partage des circonscriptions. Ainsi, 58 candidats défendront le pavillon Horizons. « L’important c’est d’avoir un groupe et de pouvoir travailler sur les années qui viennent pour réussir ce mandat. On est là pour réussir avec Emmanuel Macron. C’est ce qui compte » pointe Jean-François Audrin.

Quant aux ambitions de l’ancien Premier ministre ? « Dans les cinq ans qui viennent, tout le monde dit qu’Édouard Philippe doit se présenter à la présidence de la République, on verra. L’important est qu’aujourd’hui on soit derrière Emmanuel Macron et de faire en sorte que les Français soient heureux de ce qui arrive » temporise-t-il.

« Mon boulot est de combattre les extrêmes »

Jean-François Audrin tentera donc de récupérer le flambeau laissé vacant par Nicolas Demoulin qui n’a pas souhaité se représenter sur cette 8e circonscription. Contrairement à la 3e avec le cas Coralie Dubost, le député sortant a choisi de revenir à la société civile. « Nicolas Demoulin a eu à mener de grosses actions nationalement notamment sur la précarité. Il était peut-être un peu moins chez nous mais il a un bon bilan. Il a vraiment bossé les dossiers et a servi à quelque chose » loue celui qui espère reprendre le poste.

Jean-François Audrin : « Mon boulot est de combattre les extrêmes, de faire en sorte qu’ils ne gagnent pas » (©CN / Métropolitain)

La mission ne sera cependant pas aisée. « L’extrême droite est très présente au sud de la circonscription et ce jusqu’à Cournonsec et Cournonterral. À Saint-Georges-d’Orques et au centre, il y a un peu d’Emmanuel Macron. Et à Montpellier beaucoup de LFI. Nous avons trois grands blocs qui se dessinent : extrême droite, extrême gauche et nous. Mon boulot est de combattre les extrêmes, de faire en sorte qu’ils ne gagnent pas » analyse-t-il.

« NUPES c’est n’importe quoi »

Et si Édouard Philippe lui a conseillé de « parler de lui et pas des autres », Jean-François Audrin adresse tout de même quelques flèches à ses adversaires désignés. D’abord au parti de Marine Le Pen : « Le Rassemblement National, on sait d’où il vient et où il voudrait aller. C’est un parti anti-européen et xénophobe, qui ne correspond absolument pas à ce que j’imagine pour la France ». Et bien sûr, pour l’alliance à gauche : « Autant LFI je peux comprendre, mais NUPES c’est n’importe quoi. Que les types soient arrivés à travailler ensemble alors qu’ils n’ont rien à se dire… Les Verts sont européens, LFI ne l’est pas. Le PS, notamment localement et je respecte cela, essaye de s’en détacher car ils n’ont rien à voir avec eux. C’est un ramassis de personnes qui sont là pour aller à la gamelle ». 

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Quant à la perspective de voir Jean-Luc Mélenchon Premier ministre, Jean-François Audrin ne mâche pas ses mots :  » C’est insupportable d’imaginer qu’on puisse dire que la France va être éventuellement dirigée par des gens qui vont à la gamelle. D’ailleurs cela ne fonctionnera pas ». D’où son premier mot d’ordre pour la campagne : « Il faut qu’on se mobilise tous pour qu’ils ne soient pas présents et que l’on puisse travailler en bonne intelligence entre politiques bienveillants et humanistes qui sont là pour que la France aille mieux ».

« Être ce trait d’union entre Paris et la métropole »

Nationalement Jean-François Audrin défendra le programme d’Emmanuel Macron. Localement, il a déjà préparé le travail : « J’ai appelé tous les maires pour savoir quels étaient leurs problèmes actuellement et ce qu’ils voulaient voir mis en œuvre ». Suffisant pour poser un premier constat : « Cette circonscription est double avec au sud la mer et au nord la plaine et des problématiques différentes. Ceux autour de la métropole de Montpellier sont attentifs aux embouteillages, au réseau routier, aux transports en commun, à la ZFE, à la viticulture… Ce sont de véritables sujets d’inquiétude. Au sud, c’est la loi littorale qui pose des problèmes ».

Quant à la méthode, il entend tenir des permanences pour les citoyens, organiser régulièrement des réunions avec les 15 maires de la circonscription dont « les remontées sont indispensables » ainsi que des réunions de décideurs et présidents d’association pour « connaître leurs sentiments et faire en sorte d’aller dans leur sens afin d’aider le territoire ».

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En cas de victoire, comme la loi l’y oblige, Jean-François Audrin quittera ses postes de maire de Saint-Georges-d’Orques et de vice-président de la Métropole de Montpellier. S’il a prévenu Michaël Delafosse, aucune décision n’a été prise pour la commune. Les adjoints seront réunis le 20 mai pour en discuter. « Il faut déjà que je gagne » reconnait-il. Et si jamais la victoire est au bout, il restera tout de même conseiller municipal et métropolitain. « Les députés ont vite tendance à partir à Paris. Mon vrai job a été d’être maire. J’ai conscience de l’intérêt d’être sur le territoire pour être ce trait d’union entre Paris et la métropole et faire avancer les grands dossiers pour aider son territoire ».  Une ambition que va devoir défendre Jean-François Audrin face à Sylvain Carrière (NUPES) et Cédric Delapierre (RN), en comptant sans doute sur des dissidents de tout bord, dans une circonscription relativement ouverte.

Jean-François Audrin a choisi comme suppléante Danièle Varo, professeure de Lettres et cadre de l’éducation nationale en collège. « Je viens de l’aile droite et Danièle de l’aile gauche d’Ensemble !. Tout nous oppose mais nous rassemble aussi » présente le candidat. En 2021, en binôme avec le maire de Gigean Martin Stoecklin, Danièle Varo s’était présentée aux départementales sur le canton de Frontignan.
Le 20/05/2022 à 07:18, par Cédric Nithard.