Béziers. Police municipale : « Nous ne créons pas une brigade des stups, mais une brigade anti-stups »


Fabrice Cantele directeur de la police municipale de Béziers : « c’est une brigade anti-stups, pas une brigade des stups concurrente de la police nationale » (©Ville de Béziers )

C’est sans doute une première en France : la Ville de Béziers vient d’annoncer, par la voix du maire, Robert Ménard, la création d’une brigade spéciale au sein de la police municipale dédiée à la lutte contre le trafic de stupéfiants. « L’objectif est de gêner les narcotrafiquants là où ils font leur loi, nous répondons à une demande récurrente de la population », confirme Fabrice Cantele, le directeur de la police municipale de Béziers, sollicité ce dimanche 21 septembre 2025 par Métropolitain. Mais il révèle un bémol de taille : « Ce n’est pas une brigade des stups amenée à faire des enquêtes, des surveillances, des filatures, des photos et des vidéos, ce qui est du ressort de la police nationale, il s’agit d’une brigade anti-stups, dont la mission sera d’occuper le terrain en permanence dans les cités où les dealers imposent leur loi aux habitants. D’ailleurs, le maire a parlé d’une brigade anti-stups, pas d’une brigade des stups, il y a une grande différence ».

Les premiers policiers municipaux sont déjà formés seront opérationnels dès la semaine prochaine, indique Fabrice Cantele : « ces agents viennent de plusieurs polices municipales du territoire, nous en avons recrutés six, dont la formation est quasiment achevée, l’unité en comptera dix. Ils sont armés, casqués et équipés de boucliers pour des interventions dangereuses, car ils seront sur le terrain. Notre objectif est d’être omniprésent sur la voie publique et d’appréhender des dealers et s’ils sont surpris en possession de produits illicites. Ils seront remis à la police nationale, comme c’est déjà le cas ».

Fruit de rencontres en amont

Le directeur de la police municipale de Béziers souligne que « la création de cette brigade anti-stups a longuement été au centre de nombreux rencontres en amont entre Robert Ménard et le commissaire central de Béziers », informé de l’avancée du projet avec des remontées à la direction interdépartementale de la police nationale, DIPN 34 et en préfecture. Et d’ajouter que, « notre unité spéciale anti-stups ne marchera jamais sur les platebandes des brigades des stups des policiers nationaux du commissariat de Béziers et de la police judiciaire de Montpellier. Il faut savoir que notre unité ne dispose pas d’une cellule d’enquête ».

Mutualisation des services 

Fabrice Cantele se félicite de « cette mutualisation des services de police à Béziers, ainsi que de ce travail commun de rapprochement pour tenter d’enrayer ce fléau qui gangrène des quartiers, comme la Devèze, l’Iranget ou encore les Arènes. Nous sommes complémentaires, puisque notre brigade fait remonter des renseignements obtenus lors de nos actions sur le terrain, comme nous le faisons d’ailleurs régulièrement, dès qu’un nouveau point de deal est signalé ».

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Reste que le terme brigade des stups visiblement mal employé dans la presse, suscite des réactions dans la police nationale et notamment de Bruno Bartoccetti, le Montpelliérain délégué du syndicat Un1téPolice de la zone sud : « Nous exprimons notre opposition à la décision de Robert Ménard maire de Béziers de créer une brigade des stups à la police municipale, car nous craignons que cela ne perturbe les efforts de la police nationale et ne détourne l’attention de l’objectif principal : une lutte efficace contre les stupéfiants. Nous sommes convaincus que la police nationale doit être préservée et renforcée, et que la police municipale peut éventuellement la soutenir, mais sans jamais la remplacer, cela risque d’être dangereux dans la lutte efficace contre le trafic de drogue ».

« Déplacer le problème » 

Le délégué zonal d’Un1té observe que « on ne s’improvise pas brigade des stups, On est pas là pour gêner des dealers et autres narcotrafiquants, on est là pour surveiller, pour planquer, intervenir, interpeller, ficeler une enquête, monter des procédures pour la justice. Aller dans un secteur, comme la Devèze à Béziers, haut lieu du narcotrafic pour gêner les trafiquants c’est s’exposer au danger, déplacer le problème. Et quand je dis s’exposer au danger, c’est que nous avons eu au début de l’été trois collègues policiers nationaux qui ont été blessés par des tirs de mortier dans la cité de la Devèze, cela veut dire que même en civil et discrets, ils avaient été repérés. Ils avaient été repérés. Le travail dans une brigade des stupéfiants est très pointu et extrêmement précis avec des policiers chevronnés et rompus aux techniques incontournables pour faire tomber des réseaux de narcotrafic ». 

Pour Bruno Bartoccetti, « le rôle d’un maire est de taper du poing sur la table pour demander à l’État des renforts de police nationale, s’il estime que les effectifs sont insuffisants dans les services d’enquête et d’investigation, qu’il réclame des peines exemplaires pour les dealers. Le travail d’un maire, c’est d’aller plus loin dans les exigences à l’endroit d’un gouvernement ».

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24h sur 24 sur le terrain

Six policiers municipaux ont été recrutés et viennent d’achever leur formation pour renforcer un groupe de dix fonctionnaires, afin de lutter 24h sur 24h contre le trafic de drogue dans les quartiers de Béziers où sont implantés des points de deal, avec un armement et des équipements adaptés. « C’est de l’inconscience, pour surveiller, filer, filmer et photographier lors de transactions et de livraisons les dealers, du guetteur au narcotrafiquant, afin de construire les procédures, il faut travailler en civil. Plus grave, en faisant déplacer le problème et en éveillant les soupçons, cela va anéantir des mois d’enquête des limiers de la brigade des stups du commissariat de Béziers, voire de la police judiciaire de Montpellier », analyse un officier de police en poste dans un commissariat de l’Hérault, qui veut rester anonyme. 

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Fabrice Cantele est clair sur le sujet, loi oblige : « Les policiers municipaux ont l’interdiction de mener des missions en civil, l’uniforme est obligatoire et à Béziers nous respectons strictement ces règles ». Robert Ménard souhaite que cette police anti-stups « occupe le terrain en permanence, jour et nuit, dans les zones où les narcotrafiquants imposent leur loi, pour les faire partir et si nécessaire, nous ferons des interpellations. La mission de cette brigade spéciale sera d’aller au contact des dealers et des consommateurs pour les faire fuir ».

Pas de polémique

« Nous avons énormément de remontées de la population de rues ou de quartiers où la vie du quotidien est totalement perturbée et nous allons intervenir avant qu’il y ait des problèmes pouvant être violents entre les dealers indésirables et des riverains des points de deal, où la vie est devenue insupportable ». L’information à retenir ce dimanche, c’est que la police municipale de Béziers va lancer dans quelques jours sa brigade anti-stups et non une brigade des stups. À quelques mois des élections municipales, la polémique qui semblait naître fait long feu et se transforme en écran de fumée.

21/09/2025 à 10:34 par Jean-Marc Aubert