Hôpital de Béziers : pourquoi les ambulances des pompiers sont interdites d’accès aux urgences


Le 9 juillet, une partie de la file d’attente des ambulances vers le sas des urgences (©Métropolitain)

La situation est critique, pour ne pas dire désespérée, comme dirait un médecin du Smur-Samu au chevet d’un grave accidenté de la route : ce samedi 2 août 2025 après-midi, les ambulances des sapeurs-pompiers du Sdis 34 ont vu leur accès refusé au service des urgences de l’hôpital de Béziers. Face à un délai d’attente trop long, d’un manque de soignants et des urgences qui coup complètement surchargées, un responsable de l’hôpital a décidé à 16h30 qu’aucune prise en charge n’aurait lieu jusqu’à nouvel ordre. La mesure concerne également les ambulances privées. Les urgences vitales sont toutefois assurées.

Reste que cette décision est inédite. Sollicité par Métropolitain, Gautier Neolas, président du Syndicat autonome -SA- des sapeurs-pompiers de l’Hérault confirme cette information et révèle que, « ce n’est hélas pas la première fois depuis le début du mois de juillet que  nous sommes confrontés à cette situation. Ainsi, le 9 juillet, l’attente pour déposer un blessé ou un malade avait atteint trois heures, c’est inadmissible. Il y avait de nombreuses ambulances de pompiers et privées qui stationnaient l’après-midi les unes derrière les autres, alors qu’il faisait chaud ». 

L’hôpital de Béziers où des tensions existent entre les pompiers, les ambulanciers privés et les urgences (©Hôpital de Béziers)

Une lettre au directeur du Sdis

Un autre syndicat, le SNSPP-PATS 34 s’est fendu une lettre adressée le 19 juillet au contrôleur général Éric Florès, directeur du Sdis 34 pour réclamer d’urgence un règlement spécifiques entre le Sdis et les établissements hospitaliers du département, dénonçant « une inquiétude croissante sur les conditions d’accueil et de prises en charge des victimes transportées par les sapeurs-pompiers dans les services d’urgence du CHU de Montpellier et de l’hôpital de Béziers, ainsi que dans des cliniques privées ». Selon Gautier Neolas, des cliniques privées du Biterrois refusent également de recevoir des victimes amenées par les pompiers…

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Dans ce courrier, le syndicat pointe « des efforts notables du Sdis de l’Hérault avec l’utilisation de tablettes SUAP qui dotent les ambulances et les véhicules médicaux pour permettre d’établir le bilan complet de l’état de santé d’une victime, avec une transmission en temps réel sur le service des urgences, ce qui permet de gagner un temps précieux. C’est l’IAO -Infirmier d’accueil et d’orientation- qui est chargé de traiter ces cas et ainsi diriger le blessé ou le malade vers des structures adaptées ».

Selon le SNSPP-PATS 34, « cette réalité opérationnelle ne fonctionne pas, hélas, ces objectifs ne sont pas atteints. Les interventions restent chronophages et l’apport de ces outils numériques ne compense pas les dysfonctionnement persistants dans la chaîne hospitalière et n’améliorent pas des prises en charge efficaces ». Il déplore que « le responsable des urgences de l’hôpital de Béziers n’utilisent pas l’IAO, avec une immobilisation prolongée des véhicules de secours, mettant en tension notre capacité de réponse opérationnelle », assurant que, « une confusion persiste entre les victimes civiles et celles transportées par les pompiers, sans tri adapté et sans priorisation ». Ce que conforte le président du Syndicat autonome, ce samedi.

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Le SNSPP-PATS 34 évoque également « des tensions grandissantes entre les personnels hospitaliers, les sapeurs-pompiers et les usagers civils. Ces conflits ponctuels liés à la gestion des priorités, au temps d’attente et à l’organisation du flux d’accueil détériorent la qualité des relations sur le terrain et nuisent au climat de coopération nécessaire au bon déroulement des missions de secours et d’accueil des victimes ». Il semble que le nombre de personnel soignant ne soit pas compatible avec l’effectif normal pour assurer le fonctionnement des urgences 24h sur 24 en période d’afflux.

Métropolitain a tenté de joindre la direction de l’hôpital de Béziers, ce jeudi 31 juillet pour obtenir sa position sur le délai d’attente de trois heures survenu le 9 juillet, sans aucun retour.

Afflux estival 

Dans la lettre du 19 juillet envoyée au directeur du Sdis, le syndicat demande de définir rapidement « un espace et un flux uniquement réservés aux services d’urgence et de secours, une limitation stricte des temps d’attente, une prise en charge par un personnel hospitalier identifié et dédié, une application de la note ministérielle et des notes de service du Sdis et une réaffirmation claire du rôle des pompiers dans la chaîne du secours à personne ».

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Un sacré pavé dans la mare en cette période estivale, où l’afflux des vacanciers fait gonfler les sorties quotidiennes des sapeurs-pompiers, surtout des ambulances et donc entraîne un engorgement et une explosion des admissions difficilement érables dans le service des urgences du CHU de Montpellier et des hôpitaux de Sète et de Béziers.

On apprend que, alerté de cette situation à Béziers, le Centre 15 a demandé dès ce samedi à l’Agence régionale de santé -ARS- d’Occitanie de trouver rapidement une solution. Effectivement, il y a urgence à régler ce problème.

02/08/2025 à 17:44 par Jean-Marc Aubert