Béziers : combien de narcotrafiquants ont-ils été transférés dans la prison de haute sécurité ?


Une équipe d’ERIS, une unité spécialisée d’intervention dans les prisons (©Ufap-Justice)

Du Sud au Nord en quelques heures : quatre détenus impliqués dans des affaires de narcotrafic et qualifiés de dangereux par l’administration pénitentiaire ont été transférés, dans le plus grand secret en cette nuit de mardi 29 à ce mercredi 30 juillet 2025 du centre pénitentiaire du Gasquinoy de Béziers, vers la première prison de haute sécurité futuriste à Vendin-le-Vieil, dans le département du Pas-de-Calais, dans la région des Hauts-de-France.

L’un d’eux, âgé de 29 ans, a été condamné en 2023 à une peine de 25 ans, et est libérable en 2041. Les trois autres, âgés de 23 à 27 ans, sont en détention provisoire, deux d’entre eux purgeant également une précédente peine. Au total, huit autres narcotrafiquants présumés ont quitté d’autres prisons de la région Occitanie à destination des Hauts-de-France.

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Depuis ces dernières semaines, en raison d’une surpopulation récurrente, d’incidents plus ou moins graves et de violentes agressions sur les surveillants, le syndicat Ufap-Justice du Gasquinoy avait réclamé des transferts urgents, histoire d’éviter une « explosion » estivale dans des cellules surchauffées abritant jusqu’à cinq détenus, dont deux, voire trois sur des matelas posés à même le sol.

Trois brouilleurs installés dans la nuit

De plus, de régulières livraisons nocturnes de colis par drone étaient dénoncées par les gardiens du centre pénitentiaire. D’ailleurs, un arrêté signé par le préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch, a autorisé l’installation de trois brouilleurs sophistiqués – un Sniper Vader, un pistolet brouilleur Wilson et un fusil brouilleur Watson –un dispositif éphémère qui était opérationnel de mardi 22h jusqu’à 4h, ce mercredi, un créneau durant lequel les quatre prisonniers ont été extraits par des équipes spécialisées de l’administration pénitentiaire, dont l’Équipe régionale d’intervention et de sécurité -ERIS – de Toulouse, les unités d’élite de l’administration pénitentiaire, en collaboration avec les forces de sécurité intérieure, avec le concours des policiers de la direction interdépartementale de la police nationale de l’Hérault, la DIPN 34.

L’ERIS de Toulouse est déjà intervenue ces derniers mois pour procéder à des fouilles générales dans la prison biterroise, avec à la clé des saisies de drogue, de téléphones portables, de cartes SIM et d’autres objets illégalement détenus.

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Aucune information n’a filtré sur les modalités de ces transferts : convoi par la route ou par avion ? La nouvelle directrice du centre pénitentiaire de Béziers avait été informée dès lundi de cette opération, qui survient après les premiers transferts dans la prison ultra-sécurisée de Vendin-le-Viel, dont celui de Mohamed Amra, qui, le 14 mai 2024 a tué deux agents de la pénitentiaire, lors d’une spectaculaire évasion à un péage dans l’Eure, avant d’être repris avec une brève cavale.

Loi de juin 2025

C’est l’attaque de ce convoi pénitentiaire à Incarville, près d’Evreux ayant coûté la vie au directeur des services pénitentiaires Fabrice Moello et au capitaine pénitentiaire Arnaud Garcia -trois autres agents pénitentiaires ont été gravement blessés- qui a conduit le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Gérald Darmanin à la création de prisons de haute sécurité pour les narcotrafiquants les plus dangereux, conformément aux dispositions prévues par la loi sur le narcotrafic promulguée le 13 juin dernier.

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Prison de haute sécurité : quel objectif ?

« Totalement hermétiques, ces prisons de haute sécurité ont pour objectif de couper les narcotrafiquants de leurs réseaux. Ce régime carcéral très strict les empêche de poursuivre leur trafic, de blanchir de l’argent et de commanditer des assassinats depuis la détention », explique le ministère de la Justice. Environ 50 détenus considérés comme très dangereux ont déjà été transférés à Vendin-le-Vieil, sous haute sécurité, ils seront cent fin août.

Le 25 juillet dernier, Gérald Darmanin s’est rendu au centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil, où il a déclaré : « Nous avons décidé de mettre tous les moyens pour qu’aucun drone ne puisse survoler le site, pour qu’aucun téléphone portable ne puisse rentrer, pour qu’aucune corruption ne soit possible, et pour que lors des contacts avec l’extérieur, notamment aux parloirs, il y ait des hygiaphones, des fouilles systématiques… ».

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Inspiré du modèle anti-mafia italien

Le régime carcéral exceptionnel s’inspire du modèle anti-mafia italien et de ses lois anti mafia qui est soumis au contrôle du juge administratif. L’évaluation de la dangerosité d’un détenu est réalisée par les services enquêteurs, les magistrats et les personnels de l’administration pénitentiaire selon ces critères : la capacité à commanditer des assassinats ; la capacité à corrompre ; la capacité à menacer ; la capacité à diriger son trafic en détention. Une deuxième prison de haute sécurité ouvrira à Condé-sur-Sarthe, dans l’Orne, à l’automne 2025.

30/07/2025 à 17:52 par Jean-Marc Aubert